Friche industrielle Fives Cail à Lille

«Tast'in Fives» : la cuisine comme source de rénovation urbaine

Incubateur culinaire, cuisine partagée, food court... Fives se réinvente au cœur de l'ex-site sidérurgique Cail-Babcock. Valérie Drezet-Humez, cheffe de la représentation de la Commission européenne en France, a visité les lieux, l'institution européenne ayant financé le projet. 

La halle principale de Fives Cail et son «Passage de l'Internationale».
La halle principale de Fives Cail et son «Passage de l'Internationale».

De la construction de l'ascenseur de la Tour Eiffel à la confection culinaire, il n'y a qu'un pas. Au coeur de la halle monumentale de l'ex-site sidérurgique Fives-Cail-Babcock - fleuron français de la mécanique lourde ayant fermé ses portes en 1997 -, se trouve désormais «Tast'in Fives». Un programme financé à hauteur de cinq millions d'euros par le Fonds européen d'aide régionale (FEDER) de la Commission européenne, et qui s'inscrit dans une réhabilitation globale, par la société d'économie mixte Soreli, d'une friche industrielle de 25 hectares au coeur du quartier prioritaire de Lille-Fives. 

Le 15 janvier dernier, Valérie Drezet-Humez, cheffe de la représentation de la Commission européenne en France, a visité cette «Halle gourmande». Pensée comme un tiers-lieu, rebaptisée «Chaud Bouillon», elle comprend un incubateur culinaire, un futur food court, une cuisine partagée et une ferme urbaine. «Cet ensemble est pensé sans juxtapositions. Ce qui est intéressant, c'est le côté très intégré, qui va contribuer à revivifier un quartier qui a besoin de se réinventer», a-t-elle estimé. Dans la halle se trouvent également le lycée hôtelier international de Lille, qui a ouvert ses portes en 2016 et «La Loco», 2600 m2 de bureaux consacrés à l'économie sociale et solidaire, en cours de construction pour une livraison au printemps. 

Douze entrepreneurs incubés

Du côté de l'incubateur culinaire, intitulé Baluchon et animé par des professionnels de la restauration pilotés par l'association À table citoyens, il permet aux entrepreneurs, personnes en transition, jeunes diplômés, demandeurs d'emploi, «d'obtenir un apprentissage de A à Z, dans un objectif de durabilité économique», plaide Valérie Drezet-Humez. Cette cuisine professionnelle ouverte il y a deux ans comptait douze incubés en 2023, parmi lesquels Conserverie Ripaille, qui propose des bocaux composés de produits artisanaux locaux, La Tsarine, qui confectionne des viennoiseries et de la pâtisserie fine ou encore Ebène délices, traiteur gastronomique éco-responsable spécialisé dans les produits d'Afrique de l'Ouest. 

Valérie Drezet-Humez, cheffe de la représentation de la Commission européenne en France, a visité l'écoquartier Fives Cail, le 15 janvier dernier, accompagnée d'Arnaud Deslandes, 1er adjoint à la mairie de Lille.


La cuisine commune, co-gérée par le Centre communal d'action sociale (CCAS) de Lille et l’association Les Sens Du Goût, consiste quant à elle en un lieu ouvert à tous, où l'on peut concevoir des plats en laissant libre cours à son imagination, se retrouver et échanger dans un cadre convivial. Elle propose une douzaine d'ateliers par semaine et a reçu 3 400 personnes depuis son ouverture en octobre 2021.  

«On ne construit pas de murs»

Le food court, géré par l'Agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT), doit pour sa part ouvrir ses portes le 21 mars prochain, après une durée de travaux prolongée pour cause de crise sanitaire. Exploité par la société parisienne Petite Lune, composé d'un vaste espace central, d'une quinzaine de corners de restauration et d'une terrasse, il aura une capacité d'accueil de 450 personnes. L'idée est d'offrir des animations culturelles, de la cuisine locale et des cartes abordables. «On ne construit pas de murs. Les tarifs ont été pensés pour être accessibles, avec une offre très variée», précise Valérie Drezet-Humez.

Enfin, derrière la halle, à la ferme urbaine sont déployées une serre en aquaponie (système associant culture de plantes et élevage de poissons) et une champignonnière, gérées par l'école d'ingénieurs JUNIA (qui regroupe HEI, l'ISEN et l'ISA) ainsi qu’une salle de formation, des potagers et un poulailler, exploités par l’association Lilotopia. Des produits de saison sont cultivés sur place, pour être consommés ou vendus à Chaud Bouillon et dans le quartier, en circuit ultra-court. Avec le retour des beaux jours, les familles y seront attendues avec gourmandise.