Economie sociale et solidaire
À Lille, la «Loco» attend ses futurs locataires
Rénovant et exploitant des espaces associatifs, de bureaux et de commerces responsables, la foncière Etic finalise la réhabilitation de l’ancienne cité industrielle Fives Cail, à Lille. À compter du printemps 2024, le bâtiment de 2 600 m2 accueillera plus de 200 acteurs de l’économie sociale et solidaire, qui peuvent candidater dès à présent.
Etic investit les Hauts-de-France. Créée en 2010, cette foncière d’origine rhodanienne finalise en ce moment l’aménagement de son premier bâtiment situé dans la région, à Lille en l’occurrence. Déjà présente à Lyon, Grenoble, Castres, Toulouse et en Ile-de-France, cet acteur de l’économie sociale et solidaire (ESS) spécialisé dans l’implantation de «tiers-lieux» - il s’agit de lieux qui proposent des services techniques, du matériel, des conseils, voire de l’animation, et qui visent à réunir leurs usagers et la population locale – responsables a jeté son dévolu sur l’ancienne cité industrielle Fives Cail.
«Chez Etic, nous construisons, rénovons et exploitons des bâtiments accueillant des espaces de bureaux, de coworking et/ou dédiés à l’évènementiel, ainsi que des commerces, avec la particularité qu’ils s’adressent à des associations et entreprises du secteur de l’ESS, prévient Julie Daluzeau, cheffe de projets immobiliers au sein de la société. Ce sera le cas de ce nouveau tiers-lieu, baptisé la Loco.»
Sur quatre niveaux
La genèse de ce projet, dont la maîtrise d'oeuvre a été confiée à l'Atelier 204 et Ophélie Chassin, remonte au milieu 2010. «Proche des réseaux entrepreneuriaux lillois et figure de proue de l’ESS dans la région, Laurent Courouble nous avait approchés à l’époque, jugeant qu’il manquait un lieu dédié à cet écosystème au sein de la métropole», poursuit Julie Daluzeau. Tandis que la société d’économie mixte Soreli s’attelle depuis fin 2011 à la réhabilitation du site ayant hébergé entre 1861 et 1997 l’usine de Fives Cail Babcock, aux fins de donner naissance à un éco-quartier, Etic saute sur l’occasion. «Nous leur avons racheté un hall dont la superficie a été portée à 2 600 m2», ajoute Julie Daluzeau.
Selon Etic, la qualité des matériaux utilisés (béton à granulats recyclés, isolant biosourcé…) et la performance énergétique (centrale photovoltaïque, réseau de chaleur partagé avec les logements du quartier…) ont été les lignes directrices des travaux. Qualifié de «socle actif», le rez-de-chaussée de la Loco comprendra notamment un café solidaire et un magasin de produits locaux biologiques, ouverts au public. Les trois étages seront quant à eux occupés par des bureaux privatifs et partagés, offrant 200 postes de travail, ainsi que des salles de réunion.
Des critères d’éligibilité exigeants sur un plan RSE
Pour financer le coût global du chantier, qui excède 5 millions d’euros, Etic a bénéficié du Programme d’investissements d’Avenir mis en œuvre par l’Etat, du soutien de la Banque des Territoires et de subventions publiques de la part de la Métropole européenne de Lille (MEL) et de la Région des Hauts-de-France. «Ces aides nous ont permis d’aller au bout des ambitions environnementale du projet de réhabilitation, tout en maîtrisant les tarifs pour les futurs usagers du tiers-lieu», plaide Julie Daluzeau. Tout compris et variant selon les activités, ces derniers intégreront le loyer, l’accès à l’Internet et l’électricité, notamment.
Conformément aux statuts et à la raison d’être de la foncière, les critères de sélection des locataires seront stricts. «Les espaces de la Loco s’adresseront à des structures, associations ou entreprises, évoluant dans le champ de l’ESS. Elles devront par ailleurs disposer d’une gouvernance solide, et feront l’objet, par nos soins, d’un mini audit portant sur la finalité de leur(s) activité(s)», explique Julie Daluzeau. Le lancement de la phase de commercialisation des bureaux et espaces va s’ouvrir dans les prochains jours. Quant à l'ouverture officielle de la Loco, elle est prévue pour le printemps 2024.
Pas (encore) d'autre projet dans les Hauts-de-France
Courant octobre, Etic doit livrer un nouveau tiers-lieu, à Paris. Situé dans le 20ème arrondissement et baptisé Wikivillage, il s'étendra sur 7 500 m² et recèlera d’innovations dans le domaine écologique (toilettes à séparation d’urine, murs en terre crue, système de refroidissement mis en place la nuit grâce à des matériaux adaptés...). Dans les Hauts-de-France, la foncière reste en veille d'opportunités, mais n'a pas, à ce jour, arrêté de nouveau projet d'implantation de tiers-lieu.