L'agriculture doit opérer sa mutation

La FNSEA mise sur le « patriotisme économique »

Après une année 2020 difficile, mais qui a modifié le regard des Français sur les professionnels de l'agriculture, la FNSEA présente sa vision de la transformation du secteur.

Malgré la crise, les producteurs ont continué à faire tourner fermes et élevages. (c)AdobeStock
Malgré la crise, les producteurs ont continué à faire tourner fermes et élevages. (c)AdobeStock

L'exercice des vœux s'avère particulièrement délicat pour chacun, après cette année 2020 hors normes. Le 5 janvier, Christiane Lambert, présidente de la FNSEA, syndicat majoritaire des professions agricoles, a livré les siens, lors d'une conférence de presse en ligne. « Nous avons eu une année 2020 compliquée, très compliquée », a-t-elle rappelé, dressant un bilan de la période passée, dont l'économie ne constitue que l'une des facettes.

L'ensemble du monde agricole n'a pas été touché de manière uniforme : certaines professions, comme les producteurs de bières, de vin ou les horticulteurs, ont particulièrement souffert. Mais des pratiques se sont déployées de manière inédite, comme la vente directe des producteurs aux consommateurs, même si l'enthousiasme s'est aujourd'hui émoussé, une partie des Français ayant retrouvé le chemin des supermarchés au sortir des confinements.

             "Il y a une prise de conscience de l'importance de l'alimentation"

Au delà des difficultés, « il y a une satisfaction que la "deuxième ligne" ait tenu », a souligné Christiane Lambert, rappelant « l'effort » que cet exploit a nécessité pour les producteurs, qui ont dû continuer à faire tourner fermes et élevages, mais aussi pour les industriels, lesquels ont adapté leurs conditionnements aux modes de consommation, eux-mêmes bousculés.

Au total, la période a engendré – aussi - un effet « positif » pour le secteur : un changement de regard des consommateurs sur le monde agroalimentaire. « Il y a une prise de conscience de l'importance de l'alimentation (…), depuis la crise Covid, on parle de manger, tous les jours, y compris avec de faibles moyens », souligne Christiane Lambert. Pour le syndicat agricole, il s'agit d'un retour à des fondamentaux, depuis plusieurs années occultés dans le débat public, par les thèmes d'une nécessaire montée en gamme des productions et des impératifs écologiques.

Pour la FNSEA, « les Français ont répondu présent »

Partant, parmi les éléments « à retenir » de l'année 2020, la FNSEA signale l'adhésion des consommateurs au thème du « patriotisme alimentaire ». À Noël, « les Français ont répondu présent », se réjouit Christiane Lambert, qui avait lancé une campagne de communication pour les inciter à consommer des produits de fête, en dépit de tablées réduites.

Et d'après les premières estimations, les ventes des volailles de fêtes, se sont maintenues, alors que les professionnels redoutaient une chute catastrophique. Les chiffres de ventes du foie gras ne sont pas encore disponibles. Pour l'année à venir, la FNSEA entend faire du « patriotisme alimentaire » un objectif, avec une amélioration de l'autonomie, sur des filières comme les légumes. « Aujourd'hui, nous importons 45% de nos légumes. Il faut monter à 60% d'autonomie en 2022 », avance la présidente du syndicat. Derrière cet objectif, se profilent des chantiers et des enjeux auxquels était déjà confronté le monde agricole, comme celui des relations avec la grande distribution et la constitution de filières. Il faut des « États généraux qui fonctionnent », mentionne, par exemple, Christiane Lambert.

Autre enjeu de taille, que la FNSEA aborde dans une posture renforcée par l'évolution des mentalités des Français sur l'agriculture : celui de la transition écologique. « L'agriculture ne veut pas être l'accusée numéro un, nous voulons montrer que nous sommes dans la recherche de solutions », pointe Christiane Lambert. Au nom du réalisme, la présidente de la FNSEA s'est réjouie de la décision du Gouvernement qui, l'an dernier, a autorisé les producteurs de betteraves à sucre à utiliser temporairement des néonicotinoïdes, interdits depuis 2018, afin de sauver la filière confrontée à une maladie transmise par un puceron. Une attitude qu'elle espère voir perdurer à l'avenir.

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Christiane Lambert s'est réjouie de la décision du Gouvernement qui a autorisé les producteurs de betteraves à sucre à utiliser temporairement des néonicotinoïdes. (c)AdobeStock