Avec la fraise du Muret, tout roule pour les Volant
À la ferme du Muret, il a fallu penser à une diversification suite à l’arrivée de Damien, le fils de la famille Volant. Une fraiseraie a été installée au cœur de l’exploitation. Un lourd investissement qui a permis de créer 6 500 m2 de serre où sont cultivés quelque 40 000 pieds de fraisiers.
À quelques encablures de la baie d’Authie et à la frontière entre le Pas-de-Calais et la Somme, se trouve la ferme du Muret, une exploitation familiale depuis quatre générations. «Nous exploitons 85 hectares, dont 20 avec des pommes de terre. Nous cultivons aussi des céréales, des betteraves», présente Marc Volant, exploitant agricole.
Une exploitation somme toute assez classique à l’échelle de notre région, mais qui a eu besoin de se trouver une activité complémentaire voilà quelques années. Damien, un des fils Volant, a en effet suivi la voie tracée par ses parents. À l’issue de son BTS technicien agricole, il souhaitait s’installer. «Deux solutions s’offraient à lui : soit reprendre une exploitation, soit rejoindre l’exploitation familiale», poursuit son père.
Le jeune homme, après une déconvenue dans le cadre d’une reprise, a souhaité rejoindre la ferme familiale. Seulement, cette dernière était trop petite pour faire vivre trois, voire quatre personnes. Face à l’impossibilité d’agrandir la surface d’exploitation, il fallait trouver une activité complémentaire.
Après avoir exploré plusieurs pistes, les Volant ont décidé de créer une fraiseraie. «Il n’y en avait pas sur le secteur, il y avait un important potentiel sur la Côte d’Opale et sur le Marquenterre», précisent-ils, tout en indiquant que les premières réflexions datent de fin 2011/début 2012.
35 tonnes de fraises. Presque spontanément, Marc et Damien Volant décident de faire de la culture hors sol : «La pleine terre ne se fait plus, elle n’offre pas de bons rendements et est très consommatrice d’espace.» Mais hors-sol ne veut pas dire artificiel. Les ingrédients pour faire pousser les fraises restent la terre, l’eau et le soleil. Simplement, les fraisiers sont plantés dans des jardinières suspendues, avec des gouttières équipées d’un système d’arrosage en goutte-à-goutte.
Courant 2012, les Volant investissent 250 000 euros et font construire une serre de 6 500 m2 dans laquelle sont plantés 40 000 pieds (charlotte, amandine, annabelle, mariguette et mara des bois).
Chaque année, environ 35 tonnes de fraises sont produites à la ferme du Muret. «Notre objectif est d’atteindre les 40 tonnes, soit 1 kilo de fraises par pied», souligne Damien, tout en précisant qu’il est encore en phase de réglage.
Les fraisiers étant plantés de manière échelonnée sur plusieurs mois, la fraiseraie produit donc en continu de fin avril à fin septembre. Tous les jours, une cueillette est assurée tôt le matin afin de garantir la fraîcheur des produits. «Nous employons 12 personnes, dont 10 saisonniers, pour assurer la cueillette tous les jours, sauf le dimanche», détaille-t-il.
Les fraises sont ensuite distribuées via des grossistes et dans plusieurs supermarchés et commerces du secteur. «Nous revendons également en direct à des boulangers, des restaurateurs.» Un grossiste boulonnais assure, quant à lui, la diffusion des produits vers des cantines et d’autres professionnels des métiers de bouche.
Des framboises. Après quatre saisons, Damien et son père sont contents de l’évolution, ils auront réussi à se diversifier et assurer un volume d’activité suffisant pour permettre à Damien de rejoindre l’exploitation familiale. «Certes, c’est plus compliqué que du blé, notamment en termes de gestion du personnel, techniquement et commercialement parlant», évoquent-ils.
La ferme du Muret teste actuellement d’autres cultures, notamment celle de la framboise, calquée sur le même modèle que celui des fraises : «C’est totalement différent et, pour être probant, le test demande une plus grande surface.»
En parallèle, Damien et Marc Volant proposent également des produits dérivés, tels du pétillant de fraise, du sirop naturel et des confitures. «À l’avenir, nous pourrions utiliser les fraises de second choix et assurer la transformation sur place de manière autonome et sans avoir recours à des intermédiaires», précisent-ils.
Les idées et les produits ne manquent pas. En attendant de pouvoir les mettre en place, ils veulent d’abord rentabiliser leur investissement. «Il sera largement temps de penser à ces autres projets de diversification si notre deuxième fils se décide un jour à venir également travailler dans l’exploitation familiale», conclut Marc Volant, confiant en l’avenir.
En effet, il y a encore de la place sur le secteur pour du maraîchage et la culture de légumes locaux. Autant de pistes que la ferme pourrait bien explorer.