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Pépinières Amiens-Picardie : un atelier sur la raison d'être pour définir sa culture d'entreprise

La crise sanitaire a mis en évidence l’importance de ne pas envisager l’entreprise sous le seul prisme économique. Les soft kills, les nouveaux modes de management davantage portés sur l’écoute et l’accompagnement… sont venus se placer au centre du jeu de l’entreprise. Avec un objectif : assurer une croissance pérenne de l’entreprise en plaçant l’humain au cœur d’une stratégie dont le noyau repose sur la raison d’être.

La raison d'être de l'entreprise doit se construire collectivement. (c)AdobeStock
La raison d'être de l'entreprise doit se construire collectivement. (c)AdobeStock

« Nous avons voulu organiser ce premier atelier-découverte de l’année sur la culture d’entreprise parce que nous nous sommes rendus compte que nos jeunes entreprises avaient parfois des difficultés à recruter ou se faire connaître, et cela commence finalement par là », Delphine Lemaire-Javorovic, responsable Pôle pépinières de la CCI Amiens-Picardie.

Une thématique visiblement porteuse et qui parle en tout cas aux entreprises. Près de 100 personnes ont suivi le webinaire de mars animé par Anne-Claire Chanut, cofondatrice de Fly the Nest, cabinet créé il y a cinq ans à Paris et Nantes, et dont les 20 collaborateurs ont déjà accompagné 200 projets d’entreprises.

« Nous avons développé avec mes collaborateurs une méthodologie pour que les entreprises soient meilleures dans la croissance, et qui fonctionne quelque soit le collectif. L’objectif, c’est de déceler les grands fondamentaux pour être bons dans le développement des projets », a-t-elle exposé.

Des fondamentaux au nombre de trois : la vision (dans quelle direction l’équipe va-t-elle aller), le projet qui permet de passer de la stratégie au réel et la culture, qui passe par la raison d’être et les valeurs de l’entreprise au service de la marque employeur.

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Anne-Claire Chanut de Fly the Nest aide les entreprises à se poser les bonnes questions pour qu'elles formalisent leur valeur et raison d'être.

La raison d’être répond à une grande question : pourquoi

C’est sur ce dernier point en particulier que portait l’atelier. Qui dit culture d’entreprise dit raison d’être de l’entreprise. Conférencier américain grand théoricien de la raison d’être, Simon Sinek l’a théorisée avec le Cercle d’or qui répond à trois questions : pourquoi, comment et quoi. Trois interrogations qui expliquent pourquoi certaines personnes et organisations parviennent à inspirer les autres et à se différencier. Le plus important étant de savoir pourquoi on fait les choses, ce qui induit de se demander quelle est la place de son entreprise dans la société, et quel est le sens de sa création.

Une notion assez personnelle selon les entreprises. Pour Delphine Lemaire-Javorovic par exemple, « c’est de faire grandir nos jeunes pousses, les accompagner au quotidien et notre mission est accomplie lorsqu’elles sortent de chez nous pérennes et matures ».

Pour Emmanuel Bilbaut, CEO de la start-up Posos (développement d’un outil d’Intelligence artificielle améliorant l'information des professionnels de santé et des patients pour éviter les erreurs médicamenteuses), hébergée à la pépinière Amiens Le L@b’, plancher sur cette raison d’être était motivé par un objectif clair : « Nous avions besoin de nous recentrer sur les projets essentiels et sur la direction à donner à Posos. Quand on est une start-up, les opportunités sont nombreuses et on a la tentation de toutes vouloir les saisir. C’est sûrement la pire erreur à faire, qui amène tout droit au cimetière des start-up. »

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Réfléchir sur la raison d'être de Posos a permis l'équipe de se recentrer sur les projets essentiels.


Formaliser : la base pour avancer ensemble dans la bonne direction

Réfléchir à la raison d’être de Posos a permis à Emmanuel Bilbault et son équipe de mieux définir les cibles clients et de formaliser noir sur blanc les actions à mener. « C’est assez basique, sourit-il, mais cela a permis de clarifier les choses, de savoir ce qu’on voulait accomplir ensemble et de définir précisément nos choix et orientations. Réaliser qu’on allait tous dans le même sens avec les mêmes envies, c’était très enthousiasmant. »

« Travailler sa culture d’entreprise, c’est effectivement venir formaliser l’existant et mettre le doigt sur ce qui était peut-être jusque-là intangible. La co-construction de cette raison d’être est essentielle pour engager les équipes, pour qu’elles soient alignées derrière ce projet et que tous parlent d’une même voix », rebondit Anne-Claire Chanut, qui a accompagné Posos dans cette démarche.

La raison d’être d’une entreprise s’inscrit dans la grande mouvance actuelle, celle du sens donné à l’entreprise, à ses métiers, et l’impact qu’elle peut avoir sur ses salariés et la société. D’où l’importance d’emmener dans cette démarche l’équipe entière, pour une vision globale et partagée par tous.

« Imposer la raison d’être sans la partager avec ses collaborateurs, c’est les empêcher de se projeter, parce qu’ils ne se sentiront pas intégrés dans ce projet », assure Anne-Claire Chanut.

« Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise culture d’entreprise »

Une fois la raison d’être définie, elle infuse la vie de l’entreprise, ce que corrobore Emmanuel Bilbault : « Toute notre organisation tourne aujourd’hui autour de ça, on a par exemple pour la partie opérationnelle mis en place une vision court terme à six mois, découpée en étapes avec des projets clairs, qui permet de piloter la start-up. Ces six mois sont eux-mêmes enchâssés dans une vision à plus long terme, à deux ans. Ce qui permet de prendre un chemin sans trop de virages… »

Pour Anne-Claire Chanut, définir sa raison d’être permet d’être plus clivant, d’attirer les talents qui partagent les mêmes valeurs lors des phases de recrutement : « Ces leviers culturels doivent être absolument être actionnés. »

Y-a-t-il un moment clé pour se lancer dans cette démarche ? Pour la co-fondatrice de Fly the Nest, « il n’est jamais trop tôt », d’autant que cette fameuse raison d’être est, sera, et doit être le fil rouge de l’entreprise.

« Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise culture d’entreprise, mais il en existe des faibles et des fortes, assumées et incarnées… », observe Anne-Claire Chanut qui s’est aussi attachée à parler valeur de l’entreprise, corollaire de la raison d’être. « Une valeur, c’est juste un comportement qui nous caractérise, un moteur d’action que l’on fait naturellement sans contraintes », note-t-elle.

Définir ses valeurs permet d’incarner sa culture d’entreprise dans les différents process, qu’il s’agisse de l’expérience collaborateur (recrutement, management, feeedback, communication interne, conditions de travail…) ou de l’expérience client. Un autre fil rouge à tirer donc pour que l’entreprise prenne la direction définie et souhaitée par les collaborateurs.