Sommet de Rio : le Nord-Pas-de-Calais au coeur des discussions

Négociation avec le gouvernement, rencontre avec des Indiens d’Amazonie, signature de coopération avec un Etat brésilien : la délégation régionale était sur tous les fronts.

Téléphérique dans la favela Alemao.
Téléphérique dans la favela Alemao.

 

Téléphérique dans la favela Alemao.

Téléphérique dans la favela Alemao.

Ce Sommet de la Terre était unique en son genre. Vingt ans après le premier (d’où son nom Rio+20), 130 chefs d’Etat se retrouvaient autour de la table des négociations pour renforcer la protection sociale des travailleurs, la biodiversité, les océans, développer les financements innovants pour le développement… Le thème central était : “Comment une économie verte peutelle contribuer au développement durable et à l’élimination de la pauvreté ? comment améliorer le cadre institutionnel du développement durable ?”. La particularité de cette année était l’organisation, en plus du Sommet officiel, d’un Sommet des peuples qui réunissait la société civile – associations, entreprises, collectivités… – du monde entier. Avec une ambiance digne de la Fête de l’Humanité, on pouvait même y croiser des Indiens du Brésil en tenue traditionnelle venus revendiquer l’arrêt de la déforestation.

Nouveaux objectifs. Le Brésil, pays hôte, aura monopolisé toutes les négociations, représentant clairement la tendance des grandes puissances émergentes, face à une Europe atone. Echec de l’Europe ? Très certainement. Mais au final, certaines avancées sont enregistrées comme l’explique Pierre Radanne, ancien président de l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) : “Une des principales avancées de Rio est la fixation d’objectifs de développement durable, avant 2015, adaptés à chaque pays de la planète. La réussite de cet objectif dépendra notamment en France à la capacité de notre pays à préparer ces objectifs, notamment via les Agenda 21. Mais ces Agendas ne doivent pas être seulement qualitatifs mais aussi quantitatifs comme les plans climats. Egalement, félicitons-nous d’un renforcement du PNUE (Programme des Nations unies pour l’environnement) à Nairobi, à défaut d’avoir une Organisation mondiale de l’environnement. Cela permettra demain d’associer la société civile et les collectivités locales au management de l’ONU.”

Succès des régions au Sommet. Même si le résultat peut paraître a minima (a été écartée notamment la notion d’économie verte), soulignons la présence de François Hollande le 20 juin, un des seuls chefs d’Etat européens à avoir fait le déplacement avec quatre ministres. Juste le temps de faire son discours officiel, de prendre conscience de l’importance des enjeux du développement durable et d’annoncer entre autres “que nous allons continuer à associer la société civile à nos décisions, notamment lors de prochaines conférences sociales et sur l’environnement”. Mais ce sentiment général de déception n’a pas empêché les régions de se mobiliser fortement durant tout ce Sommet. Pour certains, comme François Loos, président actuel de l’Ademe, qui avait fait le déplacement, “c’est formidable qu’il y ait eu ce Sommet pour enregistrer les politiques et les engagements de chaque pays. Et cet événement a montré que les vraies politiques de développement durable ne se faisaient pas au niveau des Etats mais au niveau des villes et des régions”.

Coopération avec la région minière du Minas Gerais. La délégation Nord-Pas-de-Calais – 26 personnes menées par Myriam Cau, présidente du Cerdd (Centre ressource du développement durable) et vice-présidente du Conseil régional – a su trouver sa place. Dès son arrivée le 18 juin, la délégation rencontrait la ministre de l’Environnement Nicole Bricq avec Sandrine Bélier, députée européenne, des représentants d’associations comme le CCFDTerre solidaire ou du parc régional de Guyane. Il s’agissait de nourrir la ministre de propositions, afin de l’aider dans sa négociation avec le Brésil, le Canada, les Etats- Unis, la Chine, soit les grands pays négociateurs. Trois tables rondes ont été ensuite organisées au Sommet officiel et au Sommet des peuples sur différentes thématiques comme “Villes durables : vers de nouveaux modèles économiques d’entreprises et de territoires ?” ou “Territoires en transition écologique et sociale vers un autre mode de développement”. Egalement, à l’occasion d’une signature de partenariat entre l’Agence française de développement et le Minas Gerais, cofinancé par le Conseil régional, Myriam Cau en a profité pour renforcer les liens avec cet Etat brésilien. Le Minas Gerais vit en effet ce que ce que notre région a traversé il y a des dizaines d’années, à savoir la reconversion d’anciennes mines d’or. La coopération entre nos deux régions a commencé l’année dernière. “Nous souhaitons notamment partager notre expérience de valorisation des déchets urbains, transformés en gaz pour le transport collectif”, précise Myriam Cau qui, par la suite, a rencontré avec la délégation le président Hollande, l’Indien Raoni. Et, bien sûr, les Nordistes ont participé à la signature d’une déclaration d’engagement commune au Sommet mondial des Etats fédérés et régions. Une manière de renforcer les liens entre les différentes régions du monde sur le sujet du développement durable. Un premier bilan de ce Sommet est prévu dès le retour de la délégation, le 29 juin, au siège de la Région.