Savoir-faire

Sandra Das Neves, future tapissière à Hargicourt

Il y encore deux ans, Sandra Das Neves habitait Reims et travaillait dans une enseigne de discount. Aujourd’hui, elle s’apprête à s’installer en tant que tapissière à Hargicourt. Histoire d’une reconversion professionnelle.

Un an après son changement de vie, Sandra Das Neves n’envisagerait pour rien au monde de revenir en arrière. ©Sandra Das Neves
Un an après son changement de vie, Sandra Das Neves n’envisagerait pour rien au monde de revenir en arrière. ©Sandra Das Neves

« Être tapissier, c’est exercer un métier très ancien qui nécessite des techniques ancestrales, c’est aussi être un passeur d’histoires. Un meuble ancien qui nous est confié a toujours un passé que le propriétaire nous raconte », explique Sandra Das Neves. La quarantenaire, installée depuis 2021 à Hargicourt passe, en ce début du mois de juin, les dernières épreuves de son CAP Tapissier. Une reconversion professionnelle, mais bien au-delà, un véritable changement de vie.

Le confinement, un électrochoc

Sandra Das Neves qui habitait au cœur de Reims il y a encore un an, a eu plusieurs vies professionnelles. « J’ai été assistante de direction au sein de Marne hebdo, puis j’ai ensuite eu plusieurs postes dans le secteur de la vente pendant 15 ans. » En 2020, elle travaille dans une enseigne discount. Elle est en première ligne pendant le confinement qui est un véritable électrochoc pour elle. Sandra Das Neves lâche alors son emploi, et propose à son mari et leur fils de déménager à la campagne. Des opportunités les conduisent, par hasard, dans l’Aisne.

Travail réalisé dans le cadre de son CAP. ©Sandra Das Neves

La rencontre, encore par hasard, avec une jeune fille en bac pro Tapisserie, est le déclic. « La tapisserie faisait partie d’un rêve que j’avais dans ma jeunesse, mais que je n’avais jamais pu concrétiser. Je me suis dit que c’était le moment », se souvient Sandra Das Neves. Elle trouve alors des cours loisirs au lycée d’ameublement de Saint-Quentin. Mais j’étais tellement enthousiaste que la directrice de la section Greta m’a proposé de suivre un CAP en un an », poursuit-elle en riant. Il faut dire que donner une seconde vie à des meubles est en adéquation avec les valeurs de la quarantenaire, attentive à tous les gestes qui préservent l’environnement. 

Dépoussiérer l’image du métier

« J’ai pu mesurer l’écart entre la réalité et ce que l’on peut fantasmer sur ce métier, s’amuse la future artisane. Tout d’abord c’est extrêmement physique. Il faut, par exemple, modeler les matières comme le crin végétal à la main. Cela demande de la force dans les doigts ! » Pas de quoi décourager Sandra Das Neves qui ne perd pas une occasion de se perfectionner, notamment au cours des semaines passées auprès de Jean-Pierre Daussy, tapisser à Amiens. « Il m’a appris la technique du capitonnage, que je suis la seule à connaître dans mon groupe de formation », complète-t-elle.

La tapissière se réjouit d’ouvrir un atelier à Hargicourt, dès l’obtention de son diplôme, « il est temps, j’ai stocké beaucoup de sièges récupérés, glisse-t-elle avec malice. Dans un an, j’étudierai la possibilité d’ouvrir une boutique à Saint-Quentin, pourquoi pas »

Dans ses objectifs : dépoussiérer l’image d’un métier méconnu, un travail déjà entamé sur les réseaux sociaux. « Je travaille sur les sièges anciens, bien-sûr. Mais je peux également réparer les accoudoirs d’un canapé abîmés par des chats, relooker des sièges en formica ou en paille, réaliser des têtes de lit, des rideaux ou mêmes des coussins… Tout est possible », énumère-t-elle. Siège démodé, et même cassé… Sandra Das Neves n’a peur d’aucune mission et sa créativité devrait dissuader plus d’une personne de jeter ses meubles.