Salaires : pourquoi les inégalités hommes-femmes persistent ?

Salaires : pourquoi les inégalités hommes-femmes persistent ?

Les femmes travaillant dans le secteur privé perçoivent une rémunération en moyenne inférieure de 28,5 % à celle des hommes, selon une étude récente de l’Insee portant sur l’année 2017. Faibles au début de la vie active, les inégalités salariales s’amplifient tout au long de la carrière, les mères de famille étant les plus pénalisées.

Depuis une quarantaine d’années, les écarts de salaire entre hommes et femmes pour un même volume de travail se réduisent à un rythme régulier, même si la différence reste marquée. Ils étaient de 29,4 % en 1976, contre 16,3 % en 2017, soit une baisse moyenne de 0,3 point par an. L’écart de revenu salarial est en revanche plus irrégulier, avec une stagnation entre 1980 et 2000, après une baisse de 0,5 point par an jusqu’à la fin des années 70. Depuis vingt ans, l’écart se réduit à nouveau, de 0,4 point par an, en moyenne. De façon globale, les écarts entre les salaires pour un même volume de travail tendent à se réduire plus vite que les écarts de volume de travail, du fait que beaucoup de femmes occupent des postes à temps partiel. Plus de 40 % de l’écart de revenu salarial s’explique par les inégalités de temps de travail, note l’Insee.

La ségrégation professionnelle va de pair avec les inégalités hiérarchiques

Les écarts de salaire en équivalent temps plein sont dus en grande partie au type d’emploi occupé et au niveau hiérarchique, précise encore l’Insee. En 2017, 22,8 % des postes occupés par les hommes correspondent à des emplois de cadre, contre seulement 17,5 % pour les femmes. À cet effet s’ajoute celui de la «ségrégation professionnelle» : les hommes et les femmes n’occupent pas les mêmes métiers dans les mêmes secteurs. 40 % des salariées exercent des professions dites «féminines», tandis que seulement 29 % des hommes occupent des professions traditionnellement plus masculines (conducteurs, routiers, ingénieurs en informatique etc.). Au-delà du secteur, 68 % de l’écart de salaire provient du fait que les femmes et les hommes n’occupent pas les mêmes postes au sein d’un même établissement.

L’écart de salaire est important pour les plus diplômés

Toujours selon l’Insee, l’écart salarial est fortement corrélé à la durée des études. Plus elles sont longues, plus il est significatif. L’étude révèle qu’en 2017 l’écart salarial s’élevait à 29,4 % entre les titulaires d’un bac +3 ou plus, alors qu’il n’était que de 15,8 % pour celles n’ayant pas obtenu le baccalauréat. Et l’expérience professionnelle ne corrige en rien ces inégalités. À preuve, chez les femmes ayant plus de 30 ans de carrière, les écarts de rémunération atteignent 21,7 %, contre 6,4 % parmi les personnes ayant moins de cinq ans d’expérience professionnelle. À l’encontre de cela, l’inégalité liée au volume de travail est deux fois plus importante pour les salariés en début de carrière.

Les mères de familles les plus touchées

Les mères de familles ont un accès plus restreint aux postes hautement rémunérés, même à expérience professionnelle équivalente : ces dernières ont 60 % moins de chance que les pères d’occuper 1 % des emplois les mieux rémunérés. En revanche, la probabilité d’accès des femmes sans enfants à ces postes est, quant à elle, de 30 % inférieure à celle des hommes sans enfants. Et les écarts de salaire en équivalent temps plein augmentent encore plus avec le nombre d’enfants. Dans ce sens, le salaire des mères subit une baisse importante surtout à partir du deuxième enfant. Alors que la différence avec les hommes ne dépasse pas 7 % pour les personnes sans enfants, elle est de 12 % pour celles avec un seul enfant, puis grimpe à 21 % pour les parents avec deux enfants, et même à 31 % pour ceux ayant trois enfants ou plus. Malgré les progrès enregistrés, durant les dernières décennies, l’égalité professionnelle entre les sexes semble rencontrer des freins et nécessite des efforts plus importants de la part des employeurs du secteur privé.

Jihane MANDLI