Entreprises
Recrutement 2025 : quelles perspectives en Grand Est et en Moselle ?
Intentions d’embauche élevées, baisse du niveau de tension des recrutements - même si de nombreux métiers demeurent pénuriques - : le baromètre Besoins en main-d’œuvre Grand Est réalisé et présenté par France Travail dégage un fil rouge : il faut en 2025 recruter différemment. La Moselle ne dépare pas de cette tendance de fond.

C’est du siège de l’entreprise strasbourgeoise Service Plus, que Virginie Coppens Menager, directrice régionale France Travail Grand Est, a présenté les résultats de l’enquête BMO - Besoins en Main-d’œuvre - Grand Est 2025, qui prend en compte les recrutements envisagés par les entreprises - créations de poste et remplacements -.Tendances, secteurs qui recrutent, profils des entreprises embauchant, enjeux actuels : c’est là une vision à l’instant T de l’emploi régional et de ses réalités territoriales. Pour sa 24e édition, l’enquête a été réalisée en octobre et novembre dernier. 164 735 projets de recrutement ont été exprimés pour 2025 sur le périmètre régional. La dynamique de l’emploi reste soutenue malgré une baisse de 14,8 % par rapport à l’année précédente.
La clé de l'emploi local
Si on décrypte cette étude sous l’angle mosellan, plusieurs particularités apparaissent. Ce sont pour cette année 25 630 projets de recrutement qui ont été exprimés par les entreprises locales. Un nombre en retrait par rapport à l’exercice précédent qui affichait 30 400 : une tendance dans la lignée de l’observation faite au niveau du Grand Est. Le bassin d’emploi de Metz chiffre 13 166 projets de recrutement. Le bassin sidérurgique 4 357, le bassin houiller 6 113 et le bassin de Sarrebourg 1 996. Avec 23,3 % des entreprises exprimant leur intention de recruter, la Moselle fait partie des départements dynamiques en la matière. À noter que 80,1 % de ces intentions d’embauche sont des emplois non saisonniers (66,4 % pour le Grand Est). Trois départements concentrent plus de la moitié des embauches prévues : le Bas-Rhin, la Marne et la Moselle. Également, cinq bassins d’emploi - Strasbourg, Metz, Nancy, Troyes et Reims-, regroupent à eux seuls 40,8 % des intentions de recrutement. Plus de la moitié de ces derniers se situent dans les secteurs des services aux entreprises et aux particuliers. La Moselle suit une autre tendance régionale : la baisse du niveau de tension, c’est-à-dire du taux de postes difficiles à pourvoir. Quand il dépassait il y encore deux ans 60 %, il retombe pour 2025 à 57,4 % (51,4 % pour le Grand Est). 7 intentions d’embauche émanent d’établissements de moins de 50 salariés. 4 projets de recrutement sont issus d’entreprises de moins de 10 salariés. Ces TPE restent le cœur vivace de l’emploi local. C’est un constat encourageant : les difficultés de recrutement reculent dans la quasi-totalité des grands secteurs d’activité. Cependant, construction, santé et action sociale, métiers du transport et de l’entreposage restent fortement impactés. L’industrie est mieux orientée.
Freins et solutions pour recruter
Les
chefs d’entreprise évoquent plusieurs facteurs dans leurs
difficultés à recruter : nombre insuffisant de candidats, profils
inadéquats, conditions de travail, manque de moyens financiers,
accès au travail et mobilité, déficit d’image. Près de 8
employeurs sur 10 notent l’inadéquation du profil des candidats,
que ce soit en termes de diplôme, de motivation, de compétences.
Plus de 3 sur 10 s’attendent à ce que les conditions de travail
liés à la nature du poste proposé (pénibilité, horaires décalés)
puissent être un frein à l’embauche. Si l’on se penche sur les
métiers, en Moselle, recrutant le plus, un duo se dégage, avec 1
400 intentions d’embauche chacun : agent d’entretien de locaux et
employé libre-service. Dans le «top 10» des métiers les plus
recherchés : aide de cuisine et employé polyvalents de la
restauration, aide à domicile et auxiliaire de vie, serveur de café
restaurant, professionnel de l’animation socio-culturelle,
aide-soignant, conducteur routier. Les métiers les plus en tension
dans le département : la plupart de ceux liés aux BTP et aux
Travaux Publics, et également technico-commercial, carrossier,
mécanicien de véhicule, manutentionnaire et déménageur qualifié,
conducteur routier, aide-soignant, boucher, médecin,
coiffeur-esthéticien, professionnel de l’animation
socio-culturelle, conducteur de transport en commun sur route… Dans
ce panorama, quelles solutions pour recruter ? Les chefs d’entreprise
placent un trio en tête : France Travail, la formation des candidats
venant de l’extérieur, être plus actif dans les recherches.
«Rendre l’offre plus attractive», «chercher des profils
diversifiés de candidats», «former des salariés présents dans
l’entreprise», «recourir à l’intérim» sont aussi des
arguments avancés qui laissent à penser de cette volonté de bouger
les lignes. L’enjeu est là : recruter autrement, sortir du «tout
CV», miser sur la personnalité et les soft skills des candidats.
Nécessaire à l’heure où tant de codes sociétaux évoluent. La
sphère travail n’y échappe pas, le recrutement, a fortiori.