Quels services bancaires pour demain ?

Quels services bancaires pour demain ?

Quelles tendances de fond sont à l’œuvre sur le secteur de la banque de détail et quelles stratégies les acteurs de ce marché peuvent-ils envisager pour l’avenir ? Zoom sur une récente étude consacrée aux services et modèles de la banque de demain. 

Le secteur bancaire connaît des évolutions très rapides, dont certaines tendent à remettre en cause le modèle traditionnel de la banque de détail. Une étude réalisée par Columbus Consulting, en partenariat avec l’institut de sondage OpinionWay et le cabinet de conseil La Mètis, et intitulée : «Quels seront les services et modèles de la banque de détail de demain ?» identifie plusieurs tendances de fond qui viennent bousculer les banques traditionnelles.

 Forte concurrence, pression des régulateurs…

À commencer par la forte concurrence qui règne sur ce marché, alimentée par les banques en ligne (rattachées à un réseau bancaire traditionnel), les néo-banques (dont une trentaine opèrent en Europe et six nouvelles vont arriver sur le marché français, cette année) et les Fintechs, et qui entraîne une baisse de valeur de certains produits bancaires basiques. Mais aussi, la pression des régulateurs qui imposent de nouvelles exigences réglementaires, parfois très contraignantes, sur des offres autrefois très rentables, le changement des habitudes de consommation (vers davantage de personnalisation et de digitalisation des services), et la remise en cause du modèle «un client, une agence, un conseiller» (même si les agences bancaires restent bien placées, lorsque le client a besoin de conseils).

 La part de marché des néo-banques reste très faible

Cette analyse des tendances s’appuie notamment sur les enseignements d’une étude OpinionWay, menée fin 2019. Il en ressort que si les banques en ligne et les néo-banques s’installent peu à peu sur le marché, les banques traditionnelles restent l’établissement principal de neuf Français sur dix. Seule une personne interrogée sur dix est cliente d’une banque en ligne, et 4 % possèdent un compte dans une néo-banque. Ainsi, même si Revolut et N26 affirment avoir dépassé le million de clients en France, la part de marché des néo- banques reste très faible.

D’une banque traditionnelle… à une autre

En 2019, 7 % des Français ont changé de banque principale, contre 4 % en 2016 (avant le service d’aide à la mobilité bancaire, issu de la loi Macron). Or, 73 % d’entre eux ont opté pour une autre banque traditionnelle, 18 % pour une banque en ligne, 7 % pour une néo-banque et 2 % pour d’autres banques. Les principales raisons de ce changement sont liées à la souscription d’un crédit immobilier (28 %), aux tarifs pratiqués (25 %), à un conflit avec la banque précédente (20 %) ou à une promotion attractive de la nouvelle banque (20 %). Ainsi, bien que le niveau de confiance des clients dans les banques en ligne et les néo-banques ait beaucoup évolué (notamment, en ce qui concerne la sécurité des données bancaires), il reste en-deçà de celui accordé aux banques traditionnelles, et la grande majorité des Français continuent de leur confier leur compte principal. Les résultats de l’enquête OpinionWay montrent également que les banques traditionnelles sont perçues, par une large majorité des personnes interrogées, comme légitimes pour proposer de nouveaux services bancaires digitaux (tels que la simulation réelle de prêts immobiliers basée sur les données bancaires du client, l’activation d’un contrat d’assurance habitation ou d’assurance de courte durée, en cas de location d’un bien…) ainsi que des services de conseil, notamment en matière de protection des données personnelles, de fiscalité ou d’investissement.

Quelle stratégie adopter pour l’avenir ?

Face à ces évolutions rapides de l’écosystème bancaire, le cabinet de conseil Columbus Consulting identifie deux grandes stratégies, non exclusives l’une de l’autre, que les banques peuvent adopter pour assurer leur avenir. La première, dite «Bank as a Platform», consiste à compléter son offre en intégrant des services financiers complémentaires et innovants (comme le fait, par exemple, Starling Bank, en offrant sur sa plateforme des services délivrés par des tiers) ou des services non bancaires (à l’instar de Jaimy.be, qui propose à ses clients de les aider à trouver le bon entrepreneur pour effectuer leurs travaux). La seconde, dite «Bank as a Service», vise à fournir des services bancaires à des acteurs non bancaires (c’est l’objet du partenariat annoncé entre Google et Citigroup) ou à intégrer complètement le service bancaire dans une opération jusqu’à le rendre invisible (comme le système de paiement «1-click» d’Amazon).

Miren LARTIGUE