Brasserie Saint-Germain à Aix-Noulette, près de Lens

«Page 24» passe à la capsule

On ne verra plus de bouchons mécaniques au sommet des bouteilles de bière «Page 24». 21 ans après son premier brassin, la brasserie Saint-Germain, à Aix-Noulette, est passée à la capsule. Explications.

Vincent Bogaert, gérant de la brasserie Saint-Germain depuis 2003.  © Aletheia Press/Valentin De Poorter
Vincent Bogaert, gérant de la brasserie Saint-Germain depuis 2003. © Aletheia Press/Valentin De Poorter

Quand Vincent Bogaert et ses associés installent leur brasserie à Aix-Noulette en 2003, ils se retrouvent devant un problème inattendu. «Il y avait une grosse pénurie et des problèmes concernant la qualité des bouchons en liège» se souvient le brasseur qui doit alors trouver une alternative pour refermer ses bouteilles. Le choix se porte sur le bouchon mécanique qui devient rapidement un marqueur important de l’identité de la brasserie. «Ce n’était pas notre intention, mais c’est un peu ce qui nous a fait connaître» commente Vincent Bogaert.

20 ans plus tard, de nouvelles contraintes obligent le brasseur à opter pour la capsule pour sa bière «Page 24»*. En premier lieu, des difficultés avec l’approvisionnement des bouchons mécaniques, produits en Alsace et montés sur les bouteilles dans une verrerie allemande.

Aller vers le réemploi des bouteilles

Surtout, le bouchon mécanique n’était plus compatible avec le projet d’avenir de la brasserie qui, comme de plus en plus d’établissements du secteur, travaille au réemploi de ses bouteilles. Techniquement, l’évolution était possible. «Mais pour maintenir notre cadence de 3 500 bouteilles par heure, il aurait fallu investir 500 000 ou 600 000 euros de machines pour pouvoir tester le bouchon mécanique et l'enlever au cas où il faudrait le changer», indique Vincent Bogaert. Pour passer à la capsule, la brasserie a fait évoluer sa bouteille et a investi 50 000 euros. Une somme à la portée de l’entreprise qui emploie 13 personnes et dégage un chiffre d’affaires de 3 millions d’euros.

À terme, le brasseur espère mettre en place une économie circulaire de la bouteille de bière. «Les bouteilles seront récupérées par les particuliers qui iront les remettre dans leur lieu d’achat», explique-t-il. «Ensuite, elles partiront dans un centre de lavage à Neuville-en-Ferrain qui s'appelle Haut la Consigne avant de revenir à la brasserie pour être remplies». L’objectif pour la brasserie Saint-Germain : récupérer trois quarts des bouteilles vendues. Aujourd’hui, 300 000 bouteilles de 75cl et 200 000 bouteilles de 33cl sortent chaque année de la brasserie. Un conditionnement qui concerne 45% des 13 000 hectolitres produits à Aix-Noulette.

Une mutualisation avec d’autres brasseries

Le passage à la capsule a nécessité l’évolution de la bouteille. © Aletheia Press/Valentin De Poorter

Bientôt, ces bouteilles pourraient être expédiées depuis un nouvel entrepôt logistique, partagé avec d’autres brasseries artisanales. En effet, depuis 2020, la brasserie Saint-Germain fait partie du groupe Newbeers aux côtés des brasseries Mélusine (Vendée) et Parisis (Seine-et-Marne). «On s'est associé pour avoir une force commerciale commune», relate Vincent Bogaert. «On sait qu'on est observés par le métier qui se pose la question du regroupement des brasseries». La France compte aujourd’hui environ 2 500 brasseries pour un chiffre d’affaires de 4,4 milliards d’euros (2022).

*L'abus d'alcool est dangereux pour la santé. À consommer avec modération.