Nyrstar : la métallurgie du futur, du zinc à l’indium

L’usine Nyrstar France d’Auby (Nord) est un parfait exemple de la transformation de la métallurgie au XXIe siècle. En choisissant de produire de l’indium recyclé, en plus du zinc, elle se positionne sur un marché mondial et stratégique : celui des terres rares. Avec des ambitions européennes.

“Le process de fabrication de l’indium est unique et novateur”, indique Xavier Constant.
“Le process de fabrication de l’indium est unique et novateur”, indique Xavier Constant.
“Le process de fabrication de l’indium est unique et novateur”, indique Xavier Constant.

“Le process de fabrication de l’indium est unique et novateur”, indique Xavier Constant.

Si le site industriel d’Auby, spécialisé dans la production de zinc, existe depuis 1896, il a bien failli ne plus exister à l’aube du XXIe siècle. En 2007, son rachat et son intégration dans le groupe belge Nyrstar (créé par fusion des activités de raffinage de zinc de Zinifex et Umicore ; l’action est cotée sur Euronext Bruxelles) ont sauvé le site, fragilisé par la fermeture d’autres usines prestataires dans la région, à Calais notamment. Mais avec déjà deux usines productrices de zinc en Belgique, celle d’Auby, plus petite, se devait de se différencier.

L’indium, métal stratégique de l’usine d’Auby. Ce sera fait en devenant un site de production polymétallique. «Ce changement de modèle vers des minéraux plus complexes est intéressant, car il produit plus de marges», indique Xavier Constant, directeur du développement Nyrstar pour l’Europe et les Etats-Unis. Parmi eux, une star : l’indium.

Dès 2007, l’usine nordiste sort une première production de concentré d’indium. Un premier pas, mais très insuffisant. Entre-temps, la production de zinc, au plus bas, reprend et passe de 135 000 t/an à 160 000 t/an en 2009, pour arriver à 172 000 t/an en 2013. Pourquoi ? Parce que l’indium est issu du recyclage du zinc. Considéré avant l’explosion des objets connectés et des nouvelles technologies comme une impureté dans le zinc, l’indium fait aujourd’hui partie des terres rares. Mais il est moins facile à produire et il faut mettre en place un process particulier , «unique et novateur» précise Xavier Constant − pour son extraction du zinc et sa transformation en barre métal. D’importants investissements sont nécessaires : en sept ans, Nyrstar investit plus de 50M€ sur des projets de croissance (en plus des nécessaires investissements de remplacement). La première production d’indium métal, «pur à 99,998%» souligne le directeur du développement de Nyrstar, est effective en 2012 et atteint les 45 tonnes par an. Une production vouée à grandir encore pour confirmer et affirmer la position de leader européen de l’usine d’Auby en la matière.

L’indium, un métal stratégique. Ses applications industrielles sont multiples : barres de contrôle des centrales nucléaires, alliages dentaires, piles, soudures, alliages spéciaux à très bas point de fusion pour fixer mécaniquement le verre. L’indium est surtout utilisé dans la fabrication d’un produit très connu du grand public : les écrans plats, pour lesquels il sert d’électrode transparente.

Pourquoi  ce métal est-il «stratégique» ? «Parce qu’il y a une limite dans les capacités d’extraction minières – les mines se trouvent surtout dans le Sud-Est asiatique –, en parallèle à une croissance exponentielle de la demande. L’Europe se doit d’être la plus autonome en la matière, en développant sa propre capacité de production», explique Christian Thomas, président de Team2 et de TerraNova à Isbergues. Coté à 700 dollars le kilo, soit dix fois sa valeur de 2001, l’indium est considéré comme la huitième ressource mondiale non renouvelable, dont l’épuisement est annoncé à l’horizon 2025.