Jean-Pierre Blanc, administrateur de la FEEF «Ne pas détruire le modèle de l'entreprise patrimoniale par faute d'inatte…

Reconnaître le principe de différenciation des entreprises indépendantes, le message porté par Jean-Pierre Blanc, administrateur de la FEEF (Fédération des Entreprises et des Entrepreneurs de France), à l'attention du futur président de la République. Explications.

«Nous ne sommes pas des multinationales en petit format, mais effectivement des entreprises à valeur humaine, différentes, qui donc ont besoin d'un statut différent», assure Jean-Pierre Blanc, administrateur de la FEEF.
«Nous ne sommes pas des multinationales en petit format, mais effectivement des entreprises à valeur humaine, différentes, qui donc ont besoin d'un statut différent», assure Jean-Pierre Blanc, administrateur de la FEEF.

Vous prônez l'émergence «d'entreprises à valeur humaine» en lieu et place des PME ?

Nous représentons un tissu économique qui n'est malheureusement pas considéré, un tissu compliqué. TPE, PME, ETI, la confusion perdure, nous ne sommes ni des petites entreprises, ni des multinationales, certes, mais de ne pas être clairement identifiés nous cause préjudice, particulièrement vis-à-vis de l'Europe, avec notamment cette détermination de «seuils» qui ne sont plus du tout d'actualité. Ce que nous voulons faire passer comme message, c'est que nous ne sommes pas des multinationales en petit format, mais effectivement des entreprises à valeur humaine, différentes, qui donc ont besoin d'un statut différent.

Pourquoi ?

Tout a été fait pour faciliter le travail des multinationales, mais rien n'est acté pour appuyer les PME. Balance commerciale, réindustrialisation, que nous propose-t-on vraiment ? Ce statut, c'est une forme de reconnaissance, à l'instar de ce qui a été créé avec les Entreprises à Mission, qui ont connu un véritable succès. Il faut agir vite, si l'on veut conserver les belles structures indépendantes, patrimoniales, avant qu'elles ne soient rachetées par des grands groupes ou qu'elles ne disparaissent à la faveur des nombreuses transmissions qui se profilent dans les prochaines années. Il ne faudrait pas détruire un modèle par faute d'inattention, un modèle qui s'illustre sur une autre dimension, celles des hommes.

Quelles seraient les structures concernées par ce nouveau statut ?

Les entreprises patrimoniales, indépendantes, avec un chiffre d'affaires jusqu'à 350 M€. C'est-à-dire qu'il faut ouvrir le champ, par-delà les seuils. Si l'État nous écoute, ce champ élargi permettra une réelle prise en considération de ces «ex-PME/ETI» par rapport aux grands groupes. Car nous sommes malmenés, notamment au niveau de l'imposition, avec un taux de l'impôt sur les sociétés (IS) défavorable, aux alentours des 23 %, là où les multinationales, elles, ne dépassent pas les 15 %... Alors qu'elles ne créent pas d'emplois, hormis du travail délocalisable qui se fait souvent à l'étranger. Nos entreprises à valeur humaine sont en France, sur des sites de production français, elles dynamisent nos territoires, elles créent de la consommation, ce sont elles qu'il faudrait en toute logique privilégier. C'est tout le sens de notre démarche.

Dans la droite ligne du mouvement Fabriqué en France...

C'est assez proche en effet, je dirais plutôt que c'est complémentaire. Le Fabriqué en France/Origine France Garantie doit remplir un certain nombre de critères en direction du consommateur, l'entreprise à valeur humaine, elle, relève plus du pur statut et des avantages qui y sont liés. On parle là de taxes, d'impôts, mais aussi d'accès aux marchés publics, pour lui donner des armes (au moins) égales à celles déployées pour les grands groupes. Nous n'avons pas peur des multinationales, il en faut, mais nous avons l'impression pérenne d'être à la fois bafoués, malmenés, un peu méprisés parfois.

Ce changement de statut sera-t-il suffisant ?

Aujourd'hui, on s'aperçoit qu'il y a un réel besoin de revenir sur le local, de revenir sur l'industrie aussi. Bien sûr il y a des aides, mais on ne les voit pas arriver... Je pense que ce nouveau statut est un premier pas en avant, il permettra d'attirer l'attention des pouvoirs publics - et la période est propice. Il faut tout faire pour aider ces entreprises à se développer. Au regard de ce qui a été fait dans la mandature en cours, il y a eu de bonnes choses, mais sans doute pas assez pour les entreprises intermédiaires.

Par Isabelle Auzias (Tribune Côte d’Azur) pour Réso Hebdo Éco – www.reso-hebdo-eco.com

FEEF express

La Fédération des Entreprises et des Entrepreneurs de France, présidée par Dominique Amirault, a été créée pour aider les TPE, PME et ETI à fluidifier les relations de vente avec la grande distribution, à l'export... Dans ses missions aussi, un volet communication, «pour faire passer nos idées», souligne Jean-Pierre Blanc. Cette fédération représente 22 000 entreprises pour 250 000 emplois directs sur 33 000 sites de production. Objectif : parler d'une seule voix, hors instances patronales traditionnelles. Au-delà du statut revisité d'Entreprise à valeur humaine, la FEEF a présenté aux candidats une salve de 12 propositions construites autour de la réduction de la fiscalité, le renforcement du tissu industriel ou encore l'assouplissement de la législation sur les transmissions d'entreprises.