Les priorités du prochain mandat au Conseil supérieur du notariat
Élu pour deux ans à la tête du Conseil supérieur du notariat, Bertrand Savouré a récemment présenté les grands axes de l’action du nouveau bureau de l’institution représentative de la profession.
«Nous
sortons d’une phase de transformation institutionnelle de la
profession»,
a rappelé Bertrand Savouré, notaire à Paris, lors de la
présentation à la presse des grandes orientations de son mandat à
la tête du Conseil supérieur du notariat (CSN). Réforme de la
discipline, adoption d’un code de déontologie (qui réunit
l’ensemble des règles préexistantes), réforme de la
représentativité du CSN (en incluant, notamment, des règles en
matière de parité)… Plusieurs des dispositions de la loi
Croissance, qui
a entraîné
une très forte augmentation du nombre de notaires et du nombre
d’offices sur le territoire français, sont désormais effectives.
Et, pour parachever la refonte de l’organisation de la profession,
qui compte aujourd’hui quelque
17 500 notaires
et
7 000 offices, «il
y a aujourd’hui sur le bureau de la Direction des Affaires
civiles et du Sceau un texte complètement rénové et refondu qui va
régir l’organisation de notre profession, c'est-à-dire la tenue
de nos assemblées, la représentativité au niveau des instances
locales, la façon de voter à distance, les fonctions des membres du
bureau…»
Des
outils « à la main de la profession »
pour les opérations essentielles
Un
des premiers axes d’action du nouveau bureau du CSN concerne le
développement des outils numériques au sein de la profession, qui a
déjà beaucoup investi dans ce domaine par l’intermédiaire de
l’Association pour le
développement du service notarial (groupe ADSN-ADNOV). La
nouvelle stratégique numérique de l’institution vise tout d’abord
à obtenir que l’État octroie aux notaires davantage de
souveraineté sur certains outils numériques dédiés à
l’identification, à la réception du consentement et la signature
des clients, ainsi qu’à la cybersécurité des offices, de sorte
qu’ils soient «à la main de la profession», a
expliqué Bertrand Savouré. «Nous avons une solution qui
est prête et elle sera déployée dès que nous serons sûrs de
pouvoir la déployer dans tous les offices. Nous sommes en discussion
avec la Chancellerie.»
Renforcer
les équipes et les compétences en matière numérique et exploiter
l’IA
Autres
axes de cette stratégique numérique : renforcer les effectifs
des équipes de l’ADSN, de la Direction des services d’information
du CSN et des équipes informatiques des instances locales, «tout
en continuant à travailler avec nos partenaires habituels,
prestataires de services informatiques» ; développer
des projets autour de l’IA (autour de la donnée immobilière et de
la détection des risques de blanchiment d’argent, notamment) et
une interface notaire-clients permettant à ces derniers d’avoir
accès à leurs actes notariés et une messagerie sécurisée en
ligne, et enfin, «faire monter en compétences sur les
questions numériques tous les notaires de France et tous leurs
collaborateurs», entre autres en matière de sécurité
informatique.
S’engager
davantage sur des questions sociétales et environnementales
L’autre
volet d’action que le nouveau bureau entend investir concerne la
«stratégie d’engagement» de la profession sur
certains sujets de société. Il s’agira, par exemple, de
poursuivre l’action déjà menée en matière de handicap et
d’accompagnement des familles qui comptent une personne en
situation de handicap, de «prendre notre part dans les
enjeux de la transformation énergétique des bâtiments, bien
au-delà des seuls DPE», ou d’œuvrer davantage en
faveur de l’accès au droit en faisant en sorte que «les
notaires aillent faire
de la pédagogie
auprès de tous».
« Nous
voulons plus de soutien de l’État »
En
contrepartie de «l’exemplarité» avec laquelle
le notariat remplit ses missions, la profession demande à l’État
«d’avoir plus d’égards, plus de confiance dans la
profession notariale», a poursuivi le nouveau président
du CSN. «Les relations que nous avons aujourd’hui avec la
Chancellerie et avec Bercy sont des relations apaisées par rapport à
une certaine époque. Mais nous voulons plus de soutien sur un certain nombre de sujets.»
En
ce qui concerne la loi Croissance, qui va fêter ces dix ans l’année
prochaine, «nous pensons qu’il y a des ajustements
nécessaires et il y en a trois que nous allons demander avec
beaucoup de force» : renouveler la carte des
créations d’offices et le nombre de nominations de nouveaux
notaires tous les cinq ans (au lieu de deux ans actuellement),
réviser les tarifs des notaires tous les cinq ans (au lieu de deux
ans actuellement) et revoir le principe de l’écrêtement (qui
prévoit que les frais ne peuvent excéder 10% de la valeur du bien
ou du droit faisant l’objet de la mutation) «qui pose de
graves difficultés dans un certain nombre d’offices en France,
notamment en milieu rural, où l’on travaille sur de petites
opérations».
Autre sujet sur lequel les notaires attendent un soutien : «Nous voulons que l’État nous appuie sur les questions liées à la souveraineté» face à l’Autorité de la concurrence, «qui peine parfois à comprendre ce qui fait l’essence même de notre mission de service public et pourquoi nous avons mis un certain nombre d’interdictions dans notre code de déontologie». C’est le cas, notamment, en matière de sous-traitance «dans les domaines dans lesquels nous estimons que l’enjeu vital de l’acte authentique, de la sécurité juridique, est engagé : l’identification du client, l’acceptation et la réception du consentement du client et la signature du client. Dans ces domaines, la sous-traitance n’est pas acceptable pour nous. Nous l’avons beaucoup expliqué, mais nous ne sommes pas certains d’avoir été entendus par l’Autorité de la concurrence.»
Les
membres du bureau du Conseil supérieur du notariat pour 2024-2026
Le 22 octobre 2024, l’assemblée générale du Conseil supérieur du notariat (composée de 70 délégués régionaux) a élu en qualité de président Bertrand Savouré, 60 ans, notaire à Paris, et un bureau de six membres : Pierre Jean Meyssan, 61 ans, notaire à Bordeaux, Premier vice-président ; Anne Girard, 59 ans, notaire à Metz (Moselle) ; Christel Grillet, 54 ans, notaire à Saint-Aygulf (Var) ; Céline Deschamps, 42 ans, notaire à Aix-les-Bains (Savoie) ; Olivier Piquet, 51 ans, notaire à Longjumeau (Essonne) ; Priscille Caignault, 53 ans, notaire à Tulle (Corrèze).