Les entreprises françaises ont-elles franchi le cap de la transition numérique écologique ?
L’Insee donne un aperçu de l’adoption des pratiques numériques écoresponsables dans les entreprises françaises, dans une étude parue fin 2023. Si l’accès à distance aux outils professionnels se généralise, les réunions virtuelles pour limiter les déplacements sont davantage organisées dans les grandes entreprises.
La pandémie de Covid-19 a propulsé le télétravail et amené les entreprises à adopter des solutions de communication et d’accès à distance. Cette tendance est aujourd’hui bien établie dans le milieu professionnel français. Néanmoins, les entreprises européennes s’emparent davantage des réunions à distance que les françaises : 44 % d’entre elles utilisaient Internet à cette fin en 2022, contre une moyenne de 50 % en Europe, d’après l’Insee. Les entreprises françaises équipent, en revanche, mieux leurs employés pour le télétravail.Haut du formulaire Les disparités sont importantes entre les différentes tailles d’entreprises et les secteurs d’activité, note l’Insee. En effet, en 2022, seulement 38 % des entreprises de moins de 50 salariés organisent des réunions à distance, contre 44 % au niveau européen. Cette pratique est, en revanche, largement répandue dans les entreprises de 250 employés et plus, avec 92 % d’entre elles l’ayant adoptée. Les secteurs de la construction et du transport/entreposage sont les plus en retard, par rapport à la moyenne européenne (respectivement, - 12 et - 9 points). Dans les entreprises qui les organisent, les réunions virtuelles sont perçues comme une initiative stratégique visant à réduire l’empreinte environnementale et limiter les dépenses liées aux déplacements professionnels. Les «entreprises françaises sont celles qui les encouragent le plus en Europe» : 64 % d’entre elles donnent des consignes à leurs collaborateurs en ce sens en 2022, comme alternative aux déplacements , contre seulement 44 % en Europe. Cette tendance atteint 79 % dans les plus grandes entreprises, en France. Ainsi, plus la structure est grande, plus la probabilité de trouver des directives favorisant les réunions à distance est élevée.Haut du formulaire L’accès à distance aux outils professionnels (messagerie, logiciels, documents) est bien répandu, quelle que soit l’activité de l’entreprise : en 2022, près des deux tiers des entreprises permettent à au moins une partie de leurs employés d’en bénéficier, contre 57 % au sein de l’Union européenne. Ce taux monte à 96 % pour les grandes entreprises françaises. En 2022, 89 % des entreprises françaises donnent un accès à distance à la messagerie professionnelle. La pratique est particulièrement courante dans le secteur de l’information et de la communication, mais moins dans celui de l’hébergement-restauration.
Les TIC : un défi environnemental à relever
Autre pratique vertueuse pour l’environnement, limiter l’usage du papier (impression, photocopie) : en 2022, celle-ci «plus simple à mettre en place», prévaut par rapport à la réduction de la consommation d’énergie des TIC (Technologies de l’information et de la communication). Ainsi, si les entreprises se sont emparées des outils TIC, elles sont relativement peu nombreuses à fournir des directives à leurs salariés pour réduire la consommation d’énergie associée. En 2022, six entreprises sur dix limitent leur consommation de papier, soit le double de celles qui agissent pour économiser l’énergie de leurs équipements numériques (32 %, contre 44 % en Europe).Haut du formulaire Que ce soit en France ou en Europe, plus l’entreprise est importante, plus elle est susceptible de mettre en place des politiques en faveur de l’environnement. Par exemple, 58 % des petites entreprises françaises ont pris des mesures pour réduire l’utilisation de papier, et 30 % pour la consommation d’énergie, tandis que ces chiffres atteignent respectivement 78 % et 54 % dans les grandes entreprises. Toutefois, plus de la moitié des entreprises (60 %) prennent en considération l’impact environnemental des services ou des équipements TIC, lors de leur acquisition ( consommation énergétique, durée de vie, réparabilité...). De plus, une entreprise sur cinq opte pour l’achat de matériel reconditionné. Lorsque les équipements ne sont pas conservés, le recyclage via la collecte des DEEE (Déchets d’équipements électriques et électroniques) est généralement privilégié (67 %), plutôt que la vente, le don ou le retour à une entreprise de leasing.
AÏcha BAGHDAD et B.L