Cosmétique
La Savonnière du Moulin : des ânesses à la cosmétique
Spécialisée dans la fabrication et la vente de savons et de cosmétiques au lait d’ânesse, la Savonnière du Moulin est née en 2012 à Saint-Germain-sur-Meuse de l’exigence et de la passion de sa créatrice, Laurence Giacomazzi, rejointe par son fils, Mathieu.
À cinquante ans, alors employée dans une entreprise de mécanique hydraulique à proximité de Nancy, Laurence Giacomazzi s’est réveillée un matin de juillet 2010 avec une idée en tête : créer des savons à base de lait d’ânesse. Une idée qui n’est pas tombée du ciel mais est venue de son cadre de vie, au cœur d’un moulin entouré d’un parc de cinq hectares avec des chevaux et des ânes. Après ses premières fabrications, c’est sur une brocante en 2010 qu’elle expose ses savons. La toute première cliente lui en achète pour cinquante euros. C’est le début de l’aventure. Le bouche-à-oreille fera le reste. En 2012, elle crée officiellement la Savonnière du Moulin. À cette époque, l’ânière tâtonne, ne sachant pas quelle concentration privilégier. Elle débute avec 13 % de lait d’ânesse en référence au 13, jour d’anniversaire de son fils. Puis passe à 20 %, 30, 40 et 50 %. Le must. «Le lait d’ânesse a des propriétés de régénération cellulaire qui agit sur la fragilité de la peau. Plus le taux de concentration est élevé, plus l’efficacité est assurée», confie-t-elle. Et elle sait de quoi elle parle avec une peau particulièrement fragile, elle teste tout sur elle. Pour faire un savon à base de 50 % de lait d’ânesse, il faut du temps, près de trois mois. C’est aussi pour cette raison qu’on n’en trouve pas sur le marché avec de telle concentration. Peu importe. Elle opte pour ces formules inédites. Aujourd’hui, dans sa gamme, cinq savons fabriqués à base de 50 % de lait d’ânesse sont commercialisés.
L’éthique et l’exigence comme moteurs
Dès le début de l’aventure, la dirigeante mise sur les produits issus de l’agriculture biologique. Après avoir validé ses formules en laboratoire, elle appelle l’organisme certificateur pour connaître les exigences et tombe des nues : «On m’a appris qu’il fallait payer et que les minima étaient entre 20 et 25 %. J’en ai pleuré, moi, mes ingrédients bio représentent 80 % des produits», se rappelle cette passionnée. Dans son processus de création, elle a tout testé sur elle. Quant à la seconde phase en laboratoire, elle pourrait parler d’une simple formalité. Aucun ingrédient ni aucune association n’ont jamais été retoqués en plus de dix ans. La recherche et le développement représentent un investissement conséquent en France où les normes et réglementations sont nombreuses.
La formulation d’un produit équivaut à 5 000 à 8 000 euros contre près de 50 000 euros pour la gamme bébé. Ces chiffres ne la rebutent pas et elle continue à diversifier son offre.
Des nouveautés pour une gamme étoffée
Dès 2013, elle mise sur la cosmétique avec des crèmes pour peaux atypiques, des produits anti-rides avec une concentration de 70 % de lait d’ânesse à manier avec délicatesse : «une seule gouttelette suffit pour un pot qui a une durée de vie de six à huit mois», aime-t-elle à rappeler. Depuis deux ans, la proposition de shampoing solide rencontre un vrai succès. Le savon à barbe est aussi une autre bonne surprise. «Un jour, un distributeur nous a contactés en nous expliquant sa volonté de distribuer notre produit aux États-Unis», ajoute-t-elle.
Quant au début de la reconnaissance, il remonte à 2014. À l’heure où son premier site de vente en ligne vivotait, elle embarque son fils et casse sa tirelire pour aménager un stand au salon de l’agriculture. Dès le mois suivant, les ventes explosent, venant de toute la France. L’année 2019 marque un record de vente. Mais la Covid va casser la dynamique. Dans les périodes plus difficiles, l’ânière engagée n’a rien voulu lâcher, ni le label bio, ni ses exigences de concentration qui ont fait son succès. Le nouveau site internet lancé cet été a permis de relancer les ventes à la hausse. En 2025, des nouveautés sortiront avec une eau lactée apaisante et un soin intime. «Les investissements sont le secret de la réussite», analyse celle qui s’apprête à passer la main à son fils. Tous deux sont actuellement à la recherche à Nancy d’un local permettant d’abriter le laboratoire et la future boutique. Mathieu continuera seul. Laurence, elle, restera avec ses ânes dans sa campagne meusienne.