Transition énergétique
Les ENR : la force de nos campagnes...
La transition énergétique au secours de l’exode rural et du développement économique ! Dans une quête au passage aux énergies renouvelables, la démarche du village d’Amenoncourt, dans le canton de Blâmont dans l’Est meurthe-et-mosellan, s’affiche comme un cas d’école à suivre. Son unité de méthanisation et son réseau de chaleur semblent être une des voies à emprunter pour faire de la transition énergétique un véritable moteur d’attractivité des territoires ruraux.
Elle tourne à quasi plein régime depuis août 2018, date de sa mise en fonction ! Depuis cinq ans, l’unité de méthanisation d’Amenoncourt, village dans l’Est meurthe-et-mosellan dans le canton de Blâmont au sein de la communauté de communes de Vezouze en Piémont, alimente le réseau de chaleur du village soit une trentaine de maisons individuelle. L’électricité produite est vendue et injectée dans le réseau basse tension d’EDF. La chaleur issue du moteur qui brûle le biogaz faisant tourner la génératrice d’électricité est ici valorisée en alimentant le réseau de chaleur. «Tout est parti dès 2011 d’une réflexion de la commune de savoir comment l’on pouvait maintenir l’agriculture sur notre territoire. Les objectifs pour les agriculteurs étaient de traiter eux-mêmes leurs déchets, de les valoriser en énergie électrique en plus de leur utilisation actuelle comme engrais, et ainsi avoir une nouvelle source de revenus. La revente de l’électricité est par exemple beaucoup plus intéressante que l’agriculture biologique», assure Martial Martin, président de l’Association Lorraine Énergies renouvelables et conseiller municipal à Amenoncourt. «Du point de vue de la municipalité, c’est l’occasion de pouvoir produire et fournir une énergie localement valorisée, sûre, renouvelable et bon marché afin de dynamiser le village pour accueillir de nouveau habitant et de faire augmenter les revenus des entreprises du village.»
Vocation économique et sociale
Fin février, François Werner, vice-président de la Région Grand Est délégué à la transition écologique et énergétique, accompagné par Thiebaut Bazin, député de la 4e circonscription de Meurthe-et-Moselle s’est rendu sur le site géré par la SAS Methanergie (regroupant des agriculteurs de six fermes du territoire) sur l’invitation de Jérémy Mennesson, le président de la Fédération départementale des syndicats d’exploitation agricoles (FDSEA) de Meurthe-et-Moselle. «C’est l’exemple typique de l’adaptation d’un écosystème local pour trouver des solutions adaptées mêlant développement économique et transition énergétique», constate François Werner. Cette partie de la Meurthe-et-Moselle n’est pas à son coup d’essai en matière de concept alliant transition énergétique et développement économique. La communauté de communes de Vezouze en Piémont a accueilli le parc éolien du Haut des Ailes (en 2005), premier parc éolien à participation citoyenne (une centaine d’actionnaire de quatre villages détenant 10 % du capital du parc). Elle possède aujourd’hui six méthanisateurs dont quatre alimentent un réseau de chaleur à Vého, Mignéville, Barbas et Amenoncourt. Celui d’Amenoncourt est le plus complet. «Les habitants ont une garantie de fourniture et peuvent donc en théorie supprimer les autres modes de production de chauffage et d’eau chaude. Si la méthanisation est défaillante, une chaudière collective bois peut prendre le relais», explique Charli Keriel, directeur technique chez Lorraine Energies renouvelables. Dans un contexte où la flambée des prix de l’énergie apporte son lot d’inquiétudes certaine, la possibilité d’obtenir une énergie à coût moindre via ses installations ENR se veut un atout en matière d’attractivité et un moyen de lutter contre l’exode rural. «Le réseau de chaleur a une vocation économique et sociale évidente.» À Amenoncourt, transition énergétique et développement social et économique ne font qu’un !
Rien ne se perd...
Un tiers d’électricité et deux tiers d’énergie pour le réseau de chaleur ! C’est la répartition de la production opérée sur le site de méthanisation de la SAS Methaenergie à Amenoncourt. 70 tonnes de déchets agricoles quotidiennes (60 tonnes de fumier, 2 tonnes de maïs et le reste d’herbe) sont nécessaires pour apporter le «carburant» nécessaire au méthaniseur. Le méthane issu de la décomposition accélérée des déchets agricoles permet la production d’électricité via un digesteur brûlant le biogaz obtenu dans un moteur thermique entraînant une génératrice électricité. La chaleur dégagée par le moteur est ici revalorisée pour alimenter le réseau de chaleur.