Kebab, bistrot ou boulangerie: le préfet du Val-d'Oise, légende du contrôle sanitaire
Pas un restaurant ne résiste à ses contrôles sanitaires et ses photos chocs sur les réseaux sociaux remportent un franc succès. Philippe Court, préfet du Val-d'Oise, est devenu malgré lui...
Pas un restaurant ne résiste à ses contrôles sanitaires et ses photos chocs sur les réseaux sociaux remportent un franc succès. Philippe Court, préfet du Val-d'Oise, est devenu malgré lui un "influenceur" de la sécurité alimentaire.
"Appelez-moi le @prefet95, j'ai un resto pour vous", "Envoyez-moi le @prefet95 qu'on en finisse", "@prefet95 merci pour vos efforts".
Ces messages postés sur X (ex-Twitter), le préfet en reçoit des centaines par jour des quatre coins de la France.
Dès son arrivée dans le département du nord de la couronne parisienne en 2021, Philippe Court a fait du contrôle sanitaire "un enjeu de santé publique" et une de ses priorités de représentant de l'Etat.
En 2023, les équipes de la direction départementale de la protection des populations (DDPP) ont visité 546 établissements et prononcé 83 fermetures administratives. Parmi les lieux réprimandés, on retrouve 53 restaurants, 11 boulangeries, 2 Ehpad et un abattoir.
Certains détracteurs ont reproché à la préfecture de cibler "les kebabs".
"Nous nous refusons aucun lieu", rétorque le préfet, qui précisé avoir contrôlé des crèches, des collèges mais aussi "les deux (restaurants) étoilés" du département.
Il reconnaît toutefois que la restauration rapide représente "80%" de l'offre dans les zones urbaines du Val-d'Oise où vit une population jeune.
Ces contrôles d'hygiène se font pour la plupart sur un signalement de l'Agence régionale de la santé ou d'une personne malade.
Une boulangerie a été fermée après l'hospitalisation d'un client qui a eu de "graves séquelles", indique la DDPP 95.
Plus de la moitié des inspections de la DDPP 95 ont abouti à des "non-conformités mineures", rassure sa directrice Vanessa Hummel-Fourrat.
Ces structures ont reçu un avertissement ou une mise en demeure avec un délai pour se mettre aux normes imposées par la loi ou effectuer des travaux.
Miel à base cannabis
Pour ceux qui sont coupables des infractions les plus graves et font l'objet d'une fermeture administrative, le préfet "pratique la politique du +name and shame+ (nommer et couvrir de honte)".
Le nom de l'enseigne visée est publié sur les réseaux sociaux (X, Instagram, Facebook), accompagné de photos guère appétissantes de cuisine truffées de déjections de rat et de denrées alimentaires périmées, ou l'intérieur de frigos à l'hygiène louche.
Les messages postés permettent d'informer un large éventail de consommateurs et remplacent l'affichage de l'arrêté administratif, obligatoire mais généralement peu respecté, sur la devanture d'un restaurant.
Les 15 agents de la DDPP dédiés à l'alimentaire ne sont jamais au bout de leur surprise lorsqu'ils sillonnent le territoire. Comme ce jour où ils sont tombés sur un étal de miel non homologué dans le marché d'Argenteuil.
Un apiculteur basé dans le Vexin y incorporait "des produits interdits" comme du cannabis et faisait peu de cas des règles élémentaires d'hygiène.
La sécurité alimentaire a désormais pris une "ampleur au niveau national", se réjouit pour sa part le préfet Court, qui va pouvoir s'appuyer sur "des bureaux de contrôle".
Surnommé le "Batman de la restauration" ou "l'influenceur" dans les couloirs de la préfecture, il ambitionne de tripler les inspections en 2024, soit 1.600 établissements.
Sa feuille de route va se concentrer sur l'Est du département "où il y a du passage" et cibler les chaines américaines de burgers et de poulet frit ou les restaurants indiens et italiens.
Ces opérations coup de poing qui font grand bruit ont pour objectif de créer "un cercle vertueux", selon Philippe Court, dans la restauration et réduire le nombre de fermeture.
Sa stratégie a déjà fait des émules: le préfet de Seine-Saint-Denis Jacques Witkowski s'est à son tour lancé dans une campagne contre les gargotes douteuses.
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