Conjoncture

Guerre en Ukraine, pouvoir d’achat : le moral en berne des patrons et des ménages


Les récentes données de l’Insee confirment la baisse de moral des Français et la nette détérioration du climat des affaires en mars, en particulier dans le commerce et l’industrie.

Levée des restrictions sanitaires oblige, le climat des affaires rebondit, nettement dans l'hébergement-restauration. (c)AdobeStock
Levée des restrictions sanitaires oblige, le climat des affaires rebondit, nettement dans l'hébergement-restauration. (c)AdobeStock

On s’y attendait... Les conséquences de l’offensive russe en Ukraine, et son lot d’incertitudes, entament le moral des dirigeants d’entreprises et des ménages. Tensions sur les approvisionnements, hausse des prix des matières premières, difficultés de recrutement... Côté entreprises, le climat des affaires s’assombrit.

Mesuré par l’Insee à partir des réponses des dirigeants des principaux secteurs d’activité, collectées du 25 février au 21 mars dernier, l’indicateur qui le synthétise perd six points : il est passé de 113 en février à 107 en mars, mais reste, toutefois, bien au-dessus de sa moyenne de long terme (100). À un niveau élevé (113), le climat de l’emploi demeure par ailleurs stable.

Baisse prononcée dans l’industrie et le commerce

Le commerce affiche aussi une chute de moral particulièrement marquée. En un seul mois, l’indicateur du commerce de détail perd huit points et passe à 99, légèrement au-dessous de sa moyenne de longue période (100). Les perspectives d’activité son jugées nettement moins favorables par rapport au mois précédent. Le pessimisme se ressent sur l’évolution probable des ventes pour les trois prochains mois (-18 points).

Le commerce affiche aussi une chute de moral particulièrement marquée. (c)AdobeStock

Les services moins affectés

Si globalement, le climat des affaires s’est donc nettement dégradé comparativement avec le mois de février, le secteur des services fait preuve d’une certaine résistance. À 109, l’indicateur ne perd "que" trois points et reste au-dessus de sa moyenne. Les anticipations des chefs d’entreprise quant à leurs perspectives d’activité s’altèrent, mais leur ressenti sur l’incertitude économique s’améliore légèrement, après avoir nettement fléchi en février.

À l’inverse, à la faveur de la levée des restrictions sanitaires, le climat des affaires rebondit, nettement dans l'hébergement-restauration. Enfin, en dépit des tensions sur les approvisionnements et recrutements de personnel, le secteur du bâtiment est lui, pour l’instant, peu affecté.

Le moral des ménages à l’épreuve

Même pessimisme affiché du côté des ménages, alimenté par les craintes de perte de pouvoir d’achat, en lien avec la reprise de l’inflation (4,5% sur un an en mars, selon la dernière estimation de l’Insee). L'indicateur qui mesure leur niveau de confiance a reculé de six points sur un mois pour s’établir à 91 en mars, soit près de dix points en dessous de sa moyenne de long terme.

La part des Français qui prévoient une augmentation des prix au cours des douze prochains mois a grimpé de 50 points, atteignant « son plus haut niveau depuis 1972 », précise l’Institut. Les ménages redoutent une dégradation de leur situation financière : « Le solde d'opinion relatif à leur situation financière future perd 16 points » en mars et « s'éloigne nettement » de sa moyenne de longue période. Dans ce contexte, inquiets quant à leur niveau de vie futur, ils sont moins nombreux à envisager des dépenses importantes. Leurs craintes liées à l’emploi progressent également.

AÏcha Baghdad et B.L.