Fruits et légumes : les grossistes se font mieux connaître

En pleine crise de confiance sur la traçabilité des produits alimentaires, deux grossistes en fruits et légumes du Nord veulent mieux faire connaître leur métier et mettre en avant leurs producteurs.

Jérôme Charlet veut légimiter le travail des grossistes en fruits et légumes.
Jérôme Charlet veut légimiter le travail des grossistes en fruits et légumes.

Communiquer, se faire connaître des clients mais aussi du grand public, expliquer leur métier : voilà une démarche que deux grossistes nordistes en fruits et légumes − Michèle et Marc Vayer-Leclaire et le groupe Charlet− ont entamé à quelques mois d’écarts. Une même démarche avec des moyens financiers différents puisqu’ils ne sont pas de même taille, mais dans un même but : légitimer leur présence sur ce marché.

 A la recherche de la qualité. Michèle et Marc Vayer-Leclaire ont repris en 2003 la société familiale créée en 1974 au MIN de Lomme (10 personnes, 2 millions de CA en 2011). En dix ans, ils ont fait évoluer les achats pour ne plus les faire qu’auprès de producteurs et non plus auprès d’autres fournisseurs, afin d’être le plus possible en direct, au plus près du produit. Un travail de longue haleine, mené avec passion par Marc Vayer qui explique avoir envie «de les défendre, de parler de leur travail, de leurs difficultés». Michèle et son mari consacrent donc leurs vacances à aller sur les lieux de productions français, des Pays de Loire jusque dans le Lot, pour «voir» et surtout «trouver le producteur qui travaille des produits de qualité et que les autres n’ont pas», confie Michèle Vayer-Leclaire. Ils dénichent des perles, comme ces pêches et abricots produits dans la Drôme, ou ces poivrons et aubergines chinoises cultivés dans le Lot, parfaitement calibrés et très goûteux.

C’est ce travail, au plus près du produit et de son producteur et dans le respect des saisons, que les deux chefs d’entreprise lommois ont choisi de mettre en valeur sur le site web qu’ils ont mis en ligne en avril 2012. www.fruitsdelaterre.com est ouvert aux professionnels de la distribution, aux chefs des restaurants (la société fournit L’Huîtrière depuis ses débuts et une trentaine de chefs de la région), mais aussi au grand public «afin de faire connaître les produits et écouler les stocks», explique Michèle Vayer-Leclaire qui propose des livraisons chez les cavistes.

D.R.

Marc Vayer-Leclaire ne se lasse pas d'expliquer que la qualité des produits est le fruit du travail de producteurs qu'il sélectionne rigoureusement.

Un rôle d’intermédiaire indispensable. Le groupe Charlet, avec ses 270 personnes et ses 55 millions de CA en 2012, basé à Bois-Grenier, est à une autre échelle. Leur communication, à travers la web télévision http://jardindici.tv, passe aussi par la mise en valeur de leurs producteurs, au nombre de 90, dont une cinquantaine essentiellement régionaux (qui représentent 33% de l’ensemble des producteurs référencés). Leur proximité est mise en avant, à la fois pour garantir des emplois en local, mais aussi pour avoir une empreinte écologique moindre comme l’explique Jérôme Charlet, directeur du groupe Charlet. Un plus évident dans le contexte actuel qui remet en cause le manque de traçabilité et l’éloignement des productions. «Nous sommes dans le Nord-Pas-de-Calais et c’est notre rôle de promouvoir la production de notre région. Pas seulement pour des raisons économiques et écologiques, mais aussi pour des raisons de santé puisqu’il est recommandé de manger des produits de terroir et de saison», ajoute le dirigeant. Pas question pour autant de se cantonner aux simples choux, pommes de terre et endives : «Les habitudes peuvent évoluer, et nous sommes force de proposition pour varier les productions. Le chou peut passer du vert au romanesco par exemple, et le fenouil peut aussi faire son apparition dans les champs de la région.»

D.R.

Jérôme Charlet veut légimiter le travail des grossistes en fruits et légumes.

Comme un cabinet de tendances le ferait pour la mode en anticipant les couleurs, les matières et les coupes des saisons prochaines, Jérôme Charlet se décrit volontiers comme un façonnier entre le producteur et le distributeur. «C’est à nous à rapporter au producteur ce que souhaite le client final, mais aussi à faire remonter en sens inverse, vers le distributeur, l’information sur les difficultés du métier d’agriculteur.», explique-t-il. Les reportages sur la web tv le montre bien. Pour ce faire, le groupe Charlet a utilisé la force de frappe de Creno, regroupement de grossistes français indépendants en fruits et légumes qu’il a rejoint en 1998, et dont la vocation est de mettre en avant le savoir-faire de ce métier d’intermédiaire, «en pleine évolution» insiste avec raison Jérôme Charlet. L’entreprise nordiste est ainsi la première du réseau à montrer ce qu’elle sait faire. Pas mal pour une région qui se place seulement au 13e rang de la production agricole française1.

 

 1. Source : L’agriculture en région Nord-Pas-de-Calais, SRISE – DRAAF Nord-Pas-de-Calais, 12 janvier 2012.