Couvre-feu, et après ?
Couvre-feu pour vingt millions de Français. Le terme est violent, guerrier et un brin anxiogène mais la situation sanitaire semble l’imposer. La semaine dernière, Emmanuel Macron, le président de la République, en ouverture des journaux télévisés du 20 heures, assure «qu’il faut réagir car la situation est préoccupante (…) De 20 000 nouveaux cas par jour, il faut les ramener à 3 000 cas. Oui le couvre-feu est une mesure pertinente.» De 21 heures à 6 heures à Paris et dans huit autres métropoles de l’Hexagone (Grenoble, Lille, Lyon, Aix-Marseille, Montpellier, Rouen, Saint-Étienne et Toulouse), un genre de confinement nocturne est mis en place. Et demain ? À l’heure où nous écrivons ces lignes, aucune autre métropole n’est encore concernée. Jusqu’à quand ? L’épidémie évolue et le relâchement dans le comportement d’une minorité pourrait entraîner une douche froide générale sur le plan purement économique. L’armée des ombres des entrepreneurs ne sait plus réellement sur quel pied danser ? Les restaurateurs, les professionnels de l’événementiel sont tout simplement dans l’impasse. Qui des autres secteurs ? Pour le moment, les entreprises tiennent car elles demeurent encore sous perfusion mais quand la perfusion étatique sera enlevée, le choc risque d’être brutal. «Aujourd’hui, tout est à l’arrêt et les entrepreneurs qui avaient des projets d’investissements peuvent avoir tendance à se mettre en mode pause», assurait le 15 octobre dernier sur les ondes de France Info, François Asselin, le président de la CPME. «Il faut rééquilibrer les mesures de soutien et d’accompagnement qui ont été mises en place. Elles ne suffiront pas. C’est pour cela que nous militons pour un nouveau scénario de sortie du Prêt garanti par l’État (PGE). Aujourd’hui, les PGE doivent être remboursés à partir du mois d’avril. On se rend bien compte que ce ne sera pas possible pour bon nombre d’entreprises.» Le constat est lucide mais cet effet boomerang, il a été mis en avant dès la mise en œuvre du dispositif au plus fort de la crise sanitaire du printemps. La baisse de la pression fiscale, celle des impôts de production sont des mesures plus qu’appréciables mais leur effet n’est pas immédiat quoi que l’on dise. Reste que pour continuer à perdurer, les entreprises ont besoin de commandes (publiques notamment) et un retour réel de la consommation. Cela ne semble pas vraiment à l’ordre du jour. Difficile de faire boire un âne qui n’a pas soif en ces temps où incertitude se conjugue au pluriel. Reste à attendre des jours meilleurs, la patience est une vertu…