Conjoncture
Bâtiment : une reprise possible pour les artisans
Impacté par le premier confinement, l’activité de l’artisanat du bâtiment a plongé en 2020. La Capeb, dans sa note de conjoncture publiée le 20 janvier, table sur une croissance de 5 % cette année, avec 5 000 emplois potentiels à la clé.
Sans surprise, l’année 2020 s’est révélée «chaotique» pour les artisans de bâtiment, avant de s’achever sur une note plus favorable. Le premier confinement, avec l’arrêt des chantiers pendant près de deux mois,a fortement impacté l’activité lors du premier semestre de 2020 (- 12% au premier trimestre, -24% au deuxième). La tendance s’est toutefois légèrement améliorée lors du troisième trimestre, avec une progression de+0,5%, avant de rebondir de 1,5%, sur les trois derniers mois. Lafin d’année a bénéficié d’un effet de rattrapage par rapport au premier confinement, explique laConfédération de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment. Au global, sur l’année, l’activité a régressé de 9% par rapport à 2019. Soit un chiffre meilleur qu’attendu. Comme sur le front de l’emploi, avec la création nette de 15 000 postes en 2020, selon les estimations de l’organisation professionnelle.Dans le détail, l’activité s’est nettement repliée, l’an passé, dans tous les segments de marché aussi bien dans l'entretien-rénovation (-9%), qui représente plus de la moitié du chiffre d’affaires du secteur, le neuf (-8,5%) et les travaux de performance énergétique des logements (-8,5%), précise la Capeb. Malgré cet affaissement, les TPE du BTP se sont organisées pour s’adapter aux différentes contraintes engendrées par la crise sanitaire, souligne Jean-Christophe Repon, président de la Capeb. Et «le confinement a permis aux clients particuliers confinés de réfléchir au mieux vivre de leur confort et de leur habitat.»
Les constructions chutent
Sur le segment du neuf, après une remontée de 2,5 % au dernier trimestre 2020, l’activité devrait fléchir : de décembre 2019 à novembre 2020, 389 000 logements ont été autorisésà la construction, soit une baisse de 11,7%par rapport aux douze mois précédents (51 500 de moins). Et les logements mis en chantier ont régressé de 6%. Les logements collectifs et les logements individuels groupés autorisés à la construction ont été les plus pénalisés. Sur la même période, ils enregistraient, respectivement, une chute de -16,7% et -10,3% par rapport aux douze mois précédents, détaille la Capeb.
L’activité pourrait rebondir en 2021
Selon l’organisation professionnelle, l’activité pourrait repartir cette année et connaître une hausse oscillant entre 5 et 6%. Seloncette hypothèse, elle retrouverait son niveau de 2017. Notamment, les travaux d’amélioration de la performance énergétique des logements devraient bénéficier de la montée en puissance du dispositif Ma Prim’ Rénov.
Des créations d’emplois
Ce premier semestre, 6% des entreprises du bâtiment (contre 7% en 2020) envisagent d’embaucher. Leurs intentions de recrutement dépendent certes principalement des remplacements (départs en retraite ou CDD), mais également des perspectives d’activité. 91% des entreprises de la filière espèrent maintenir leur niveau d’emploi actuel au cours des six premiers mois de 2021 (+ 3% par rapport à 2020). 6% des entreprises de 10 à 19 salariés des entreprises artisanales du bâtiment prévoient toutefois de licencier ou de ne pas renouveler des contrats. Au total, l’année 2021 pourrait enregistrer 5 000 créations d’emplois. Prudence toutefois, ce chiffre peut se concrétiser seulement si «la pandémie est maîtrisée et si l’économie repart normalement, sans confinement partiel», espère Jean-Christophe Repon.Avec la crise sanitaire, l’avenir économique du secteur reste toutefois encore «incertain». L’évolution de son activité dans les mois à venir demeure tributaire aussi de plusieurs mesures gouvernementales telle la contribution du plan de relance, la qualification RGE-chantiers, la simplification des démarches des CEE (certificats d’économie d’énergie) et l’accompagnement des entreprises.
Jihane MANDLI et B.L