APESA, un dispositif de soutien psychologique pour les chefs d’entreprise en difficulté

Pour un chef d’entreprise, l’ouverture d’une procédure collective au tribunal de commerce est tout autant une épreuve professionnelle que personnelle, souvent empreinte de beaucoup de culpabilité, de stress, de désespoir et de solitude voire même d’idées noires à tendance suicidaire.
Pour un chef d’entreprise, l’ouverture d’une procédure collective au tribunal de commerce est tout autant une épreuve professionnelle que personnelle, souvent empreinte de beaucoup de culpabilité, de stress, de désespoir et de solitude voire même d’idées noires à tendance suicidaire.

Déployé au sein des tribunaux de commerce, le dispositif APESA permet aux chefs d’entreprise qui en éprouvent le besoin de bénéficier d’une prise en charge psychologique gratuite et confidentielle à proximité de leur domicile.

Pour un chef d’entreprise, l’ouverture d’une procédure collective au tribunal de commerce est tout autant une épreuve professionnelle que personnelle, souvent empreinte de beaucoup de culpabilité, de stress, de désespoir et de solitude – voire même d’idées noires à tendance suicidaire. Aux avant-postes face à ces situations de détresse psychologique plus ou moins exprimées, les professionnels du droit et du chiffre que sont les juges consulaires et les greffiers, les administrateurs et mandataires judiciaires, les avocats et les experts-comptables, se trouvent souvent démunis. D’autant plus que cette souffrance morale fait encore l’objet de tabous.

 En cours de déploiement dans les juridictions commerciales

Le dispositif APESA (Aide psychologique des entrepreneurs en souffrance aigüe) déployé au sein des tribunaux de commerce vise justement à apporter aux chefs d’entreprise qui le souhaitent (artisans, commerçants, dirigeants de personne morale…) un soutien psychologique pour les aider à surmonter cette situation vécue comme un échec. Il est né de la rencontre entre Marc Binnié, greffier au tribunal de commerce de Saintes (Charente-Maritime) et Jean-Luc Douillard, psychologue clinicien et coordinateur du programme régional de prévention du suicide en Charente-Maritime. Lancée au Tribunal de commerce de Saintes en 2013, le dispositif a depuis été déployé dans 56 tribunaux de commerce et sa mise en place est en cours dans une vingtaine d’autres. Et il a vocation à être déployé dans l’ensemble des juridictions commerciales françaises.

 Un réseau de lanceurs d’alerte, sentinelles bénévoles

Résolument pragmatique, le dispositif vise à donner aux acteurs de la justice commerciale des outils simples permettant d’aider les chefs d’entreprise et leurs proches (il n’est pas rare que les conjoints soient également en grande souffrance) dans ces situations extrêmes. Il s’appuie sur une charte qui impose plusieurs principes à respecter par les juridictions, notamment en termes de formation des professionnels, de gratuité des soins proposés (grâce à des financements apportés par les partenaires privés ou publics associés au dispositif) et de totale étanchéité des informations entre les acteurs du dispositif et les praticiens des procédures collectives. Les juges, les greffiers, les mandataires judiciaires, les experts-comptables et avocats, sont alors formés au repérage des signes de détresse psychologique chez les chefs d’entreprise, leur conjoint ou leurs salariés. En parallèle, des psychologues et psychothérapeutes affiliés à ce dispositif sont formés aux principes de base des procédures collectives. Un dispositif d’alerte et de prise en charge rapide est alors élaboré en commun dans le ressort de la juridiction. Il prévoit la transmission immédiate de l’alerte à une personne compétente chargée de réaliser un entretien d’évaluation psychologique par téléphone et d’assurer éventuellement le déclenchement du dispositif de soin dans les 24 heures. Ainsi, le professionnel, sentinelle bénévole, qui estime être en présence d’un chef d’entreprise qui aurait besoin d’une aide psychologique et envisage de déclencher une alerte va lui poser la «question-clé» : «est-ce que vous acceptez d’être aidé ?» Si la réponse est positive, le professionnel et le chef d’entreprise remplissent une fiche d’alerte pour déclencher le dispositif. Cinq séances gratuites avec un psychologue, un addictologue ou un thérapeute familial seront alors proposées au chef d’entreprise ou ses proches.

Pour en savoir plus sur le dispositif APESA et les tribunaux de commerce qui l’ont implémenté : https://www.apesa-france.com.

Miren LARTIGUE