Yann Pitollet, directeur général de Nord France Invest : «nous partons vers une nouvelle année record»
En 2020 et malgré la crise, les Hauts-de-France ont continué d'accueillir bon nombre d'entreprises à capitaux étrangers ou dont le siège social est exogène à la région. Attirées par sa position géographique, ses infrastructures et son vivier de compétences, elles n'ont pas hésité à y installer leurs sites de production ou de logistique. Et selon Nord France Invest, l'agence de promotion économique de la région, 2021 a vu se profiler les mêmes tendances.
La Gazette : Quel bilan tirez-vous de ces années particulières, marquées par la crise Covid ?
Yann Pitollet : D'ores et déjà, 2019 avait été une année record au niveau des investissements étrangers avec 130 projets recensés par Nord France Invest et ses partenaires, qui avaient créé ou sauvegardé plus de 5 000 emplois. Pour 2020, une chute de 40% des investissements internationaux au niveau mondial avait été annoncée par les experts lors du premier confinement et, au final, nous avons compté 126 projets, pour plus de 4 000 emplois créés ou sauvegardés. En réalité, les projets que nous avions en réserve se sont pour la plupart bien réalisés ou ont simplement été décalés dans le temps. Il n'y a donc pas eu d'effondrement.
Est-ce aussi le signe que les
entreprises revoient leur business model, vers davantage de
proximité ?
Cette crise a montré la nécessité de revoir la chaîne d'approvisionnement. Les investissements se feront en Europe et les Hauts-de-France en bénéficient. On peut parler de réindustrialisation, mais j'évoquerai plutôt la non délocalisation. La question du bilan carbone se pose aussi pour beaucoup d'entreprises qui ne veulent plus s'approvisionner à l'autre bout du monde ou dans des pays au mix énergétique très carboné.
Pour 2021, s'agissant strictement du bilan des projets accompagnés par Nord France Invest et même si nous n'avons pas encore les chiffres consolidés, nous partons vers une nouvelle année record.
C'est-à-dire ?
Environ 35 projets accompagnés – dont 25% à capitaux français – pour plus de 4 000 emplois. Citons par exemple l'implantation de Clarins à Saint-Quentin avec plusieurs centaines d'emplois, de Patatam à Cambrai (400 emplois), l'usine de fabrication de matelas Usleep à Dourges, les produits d'hygiène pour enfants Naturopera avec une usine de couches-culottes écologiques à Bully-les-Mines (80 emplois), mais aussi l'important projet de l'usine de batteries EnVision avec 900 emplois en première phase. Au total, plus d'1,2 milliard d'euros seront investis, sans compter les projets pour lesquels le montant n'est pas communiqué.
On remarque aussi une pluralité
dans les secteurs d'activités et géographiques.
En effet, et cela fait partie de notre feuille de route : œuvrer au développement de tous les territoires de la région. Mais on voit également de nombreux projets industriels, et c'est positif pour la région car les emplois industriels sont structurants. Selon le baromètre EY qui comptabilise le nombre de projets industriels à l'échelle d'un territoire, les Hauts-de-France se situent à la première position des régions françaises en 2020. A l'échelle européenne, nous sommes numéro deux après le land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, en Allemagne. Si l'on agrège les années 2018, 2019 et 2020, nous sommes numéro un sur les investissements industriels en Europe !
Quels sont les critères
d'attractivité des Hauts-de-France ?
On entend souvent la localisation. C'est un élément important et indispensable, mais cela ne suffit pas. Il y a également le vivier de compétences et la capacité à former. La Région aide énormément à la reconversion professionnelle et nous mettons en place des cellules de formation et de recrutement pour adapter la main-d'œuvre aux besoins des entreprises, avant même qu'elles ne recrutent. Je pense aussi aux infrastructures de transport avec notre réseau ferroviaire, maritime, autoroutier...
Comment œuvrer pour que ces
entreprises restent dans la région ?
Nous sommes la seule région de France
à avoir mis en place le «contrat
d'implantation». C'est
une convention qui résume et reprend l'ensemble des engagements,
pris à la fois par la puissance publique et par l'entreprise. Il est
signé par le péfet, le président de Région, le ou la
président(e) de la collectivité d'accueil et le dirigeant de
l'entreprise. Et pour tenir les délais, on crée un groupe de
travail avec un représentant de chacun des signataires. Nous en
avons déjà signé six et nous ne comptons pas nous arrêter là !
Classement des entreprises étrangères en Hauts-de-France
- En nombre d'emplois
N°1 : Etats-Unis – 40 000 emplois
N°2 : Allemagne – 22 000 emplois
N°3 : Belgique – 17 000 emplois
N°4 : Royaume-Uni – 12 000 emplois
N° 5 : Japon – 9 500 emplois
- En nombre d'établissements
N°1 : Belgique – 780 établissements
N° 2 : Allemagne – 380 établissements
N°3 : Etats-Unis – 350 établissements
N°4 : Royaume-Uni – 160 établissements
N°5 : Pays -Bas – 150 établissements