Wasquehal : le grain examiné à la loupe avec Javelot

Alors que 20% de la production est perdue à cause de dégradations, la start-up tech Javelot, à Wasquehal, propose, aux acteurs du stockage de matières premières agricoles, des outils pour optimiser l'après-récolte. Le but ? Tendre vers le zéro insecticide et réduire la consommation énergétique.

Félix Bonduelle, CEO et cofondateur de Javelot, à Wasquehal.
Félix Bonduelle, CEO et cofondateur de Javelot, à Wasquehal.

«Les traces de pesticides que l'on retrouve dans les produits finis sont souvent les insecticides utilisés au stockage. L'objectif, c'est donc de refroidir les grains pour les amener en-dessous des 10 degrés et éviter le développement des insectes en amont», explique Félix Bonduelle, CEO et cofondateur de Javelot. La solution développée par l'entreprise permet donc d'optimiser le refroidissement du silo de stockage et donc de réaliser des économies d'énergie en optimisant les périodes de ventilation.

«Aujourd'hui les agriculteurs ou les organismes de stockage ventilent sans avoir de retour précis sur les moments opportuns pour le faire. Or, si on ventile mal, on réchauffe le grain», détaille le CEO. Et qui dit grain réchauffé dit apparition d'insectes et donc contamination d'une partie du silo... L'alternative pourrait être l'utilisation de pesticides – 4 millions de doses seraient utilisées sur le grain chaque année –, mais les législations prévoient une interdiction d'ici deux à cinq ans de l'utilisation de pesticides sur toutes les molécules pour le stockage. L'agriculture doit donc évoluer pour pouvoir répondre aux normes.

«L'équivalent en taille d'une boule de pétanque en nombre d'insectes peut faire perdre le contenu d'un silo de 1 500 tonnes. Avec notre système, on peut réduire l'utilisation de pesticides de 90% grâce à la technologie et à l'intelligence artificielle. Si on arrive à déterminer assez tôt la problématique, la récolte peut être sauvée.»

Renforcer l'agriculture française pour la rendre compétitive

Les sondes développées par Javelot sont utilisées dans les silos de stockage à plat de grains (blé, orge, tournesol...) ainsi que pour les silos verticaux grâce à une sorte de guirlande de 30 mètres pouvant mesurer plusieurs points de température. Les outils sont designés et fabriqués à Wasquehal, en partenariat avec un ESAT de Marcq-en-Barœul sur la partie assemblage.

Via un point de température situé en bas de la sonde, l'information est remontée sur la carte électronique pour ensuite diffuser un message maximum dans les deux heures qui suivent à l'agriculteur ou à la coopérative agricole.

Les sondes de Javelot exploitent les données du silo pour créer de la valeur.

Il est aussi possible de connecter le système de Javelot aux sondes existantes pour les agriculteurs déjà équipés. «Il y a déjà une obligation légale de contrôle du grain, donc certains agriculteurs ont déjà investi dans des systèmes, mais certains ne prennent pas forcément en compte les données sur les insecticides ou les économies d'énergie. Mais il faut savoir qu'à horizon 2030, les dépenses d'énergie vont augmenter de 30% et qu'aujourd'hui, la crise en Ukraine montre que cela peut aller bien plus vite», précise Félix Bonduelle.

260 000 tonnes analysées en Hauts-de-France

Quels que soient la forme, la taille, le niveau d'équipement... l'information de température est retranscrite sur une plateforme unique et les systèmes de ventilation permettent d'activer les ventilateurs et d'évacuer la chaleur du silo. Sur les 70 millions de tonnes de grains produites en France, Javelot en gère actuellement entre 4 et 5%, à majorité dans les céréales et les oléagineux pour un total de 4 000 capteurs installés. Dans les Hauts-de-France, ce sont 260 000 tonnes de grains qui sont analysées par Javelot.

«L'objectif est d'atteindre les 10% à la fin de cette année et, à terme, on espère quasiment la moitié du stockage français. Mais aussi de développer l'export – actuellement Javelot est déjà présente à l'international en Roumanie et en Allemagne –, qui, à terme, devrait être majoritaire dans notre chiffre d'affaires», poursuit Félix Bonduelle qui emploie aujourd'hui une vingtaine de salariés avec l'ambition d'atteindre 40 collaborateurs à la fin de l'année.