Vers une seconde vie pour les masques chirurgicaux ?

A l'origine des conteneurs de récupération de vêtements usagés, Econox a toujours été une entreprise de l'économie circulaire, partagée entre son siège social d'Hellemmes et son site de production à Bierne.

Christophe Demassiet, un entrepreneur de l'économie circulaire.
Christophe Demassiet, un entrepreneur de l'économie circulaire.

Rapidement, le groupe a imaginé du mobilier pour sécuriser les objets et valeurs des entreprises et des collectivités : récupération des anciens uniformes d’Air France, des colis de l’Armée… Des objets ou déchets susceptibles d’être relavorisés, à l’image d’un autre conteneur développé par la PME pour la récupération de déchets médicaux. La crise de la Covid-19 a donné d’autres idées au Calaisien Christophe Demassiet, à la tête de l’entreprise : «Théoriquement, il faudrait stocker les masques jetables pendant 24 heures dans un sac fermé avant de les jeter dans les ordures ménagères ! Mais techniquement, à raison d’environ huit masques utilisés chaque jour, cela devient impossible et, surtout, 80% des ordures sont enfouies ou incinérées. Nous avons donc créé une borne de récupération de masques chirurgicaux pour pouvoir les retraiter ensuite», explique le dirigeant. Une fois traités, ces masques pourraient être revendus à des ressourceries, des collectivités… et bénéficier à des personnes défavorisées, tout en gardant leur efficacité. Un consortium, composé du CNRS, du Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives, de l’Inserm, de l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) ainsi que de plusieurs universités et CHU, a d’ores et déjà testé la performance des masques chirurgicaux après lavage jusqu’à 95%. Les résultats montrent que la perte d’efficacité de filtration est inférieure à 2% : les masques usagés et traités gardent donc leurs performances, tout en ayant une seconde vie. A la fois à destination du grand public, des collectivités mais aussi des entreprises contraintes de s’équiper, la borne développée par Econox peut collecter jusqu’à 1 500 masques. «Un module intègre un produit désinfectant pour que le collecteur soit en sécurité puisque le déchet pourrait être potentiellement contaminé», ajoute le dirigeant. En bout de chaîne, le ramassage de ces masques et leur revalorisation par des entreprises de la région permet aussi de créer des emplois pour des entreprises, associations d’insertion ou régies de quartier.

Un distributeur mécanique de gel, installé à Calais.

Un distributeur de gel financièrement accessible

Autre mobilier développé par la PME d’une quarantaine de salariés, un distributeur de gel hydroalcoolique, 100% en acier (donc facilement nettoyable) et mécanique. «Ces produits sont destinés aux responsables d’entreprise, de commerce, de collectivité, mais aussi à tout établissement recevant du public en général», explique Christophe Demassiet qui met un point d’honneur à rendre ces produits accessibles, notamment aux petits commerces qui doivent déjà faire face à un contexte difficile et à de nouvelles charges. «Nous avons produit plus de 2 000 distributeurs de gel sur les dernières semaines. A moins de 150 € pièce, cela permet de ne pas impacter les collectivités ou les commerces qui sont déjà en difficulté. Désormais, chaque fois qu’on entre dans une cellule commerciale, il y a du gel et les besoins vont aller en grandissant.» De 3,5 M€ en 2019, le chiffre d’affaires devrait grimper jusqu’à 5,5 M€, avec jusqu’à 6 000 distributeurs fabriqués cette année, pour cette entreprise qui a investi 520 000 € en 2020 dans son outil de production. «Certes, c’est un nœud de croissance éphémère mais qui redynamise notre économie en difficulté. Nous continuons de recruter, notamment en montage, peinture et assemblage, car le secteur du déchet est en pleine croissance.»