Vers une reprise économique dans les Hauts-de-France

Chaque année, l’Insee Hauts-de-France publie le bilan économique régional de l’année écoulée. Les chiffres 2017 s’avèrent plutôt encourageants, avec l’amorce certaine d’une reprise dans la région.

Comme au niveau national, la hausse de l'emploi est notamment marquée par les activités de l'information et de la communication (+4,0%). ©fancycrave1
Comme au niveau national, la hausse de l'emploi est notamment marquée par les activités de l'information et de la communication (+4,0%). ©fancycrave1

Emploi, chômage, transports, tourisme, création d’entreprise, construction et agriculture. Le tableau que dresse l’institut de statistiques se veut le plus complet possible. Réalisé en partenariat avec la DIRECCTE (Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi), la DRAF (Direction régionale de l’agriculture et de la forêt) et la DREAL (Direction régionale de l’environnement de l’aménagement et du logement), ce bilan économique 2017 a de quoi donner de l’espoir : «C’est l’une des meilleures années depuis la crise de 2008», avance même Grégoire Borey, chef de projet à l’action régionale de l’Insee Hauts-de-France.

Embellie de l’emploi

Dans un contexte national de baisse du chômage (- 1,1 point en un an pour un taux de chômage de 8,8% à la mi-2018), les Hauts-de-France s’en sortent plutôt bien malgré un taux de chômage régional parmi les plus élevés de France : 11,1% au 4e trimestre 2017 (-1,1 point en 2017 contre -0,3 en 2015 et 2016). Si l’Oise affiche un taux de chômage très proche de la moyenne nationale (8,9%), bénéficiant de la proximité avec la région parisienne, l’Aisne souffre d’un manque crucial d’emplois et/ou de demandeurs avec 12,5% de la population active au chômage. «On ne peut pas dire que l’Aisne se porte bien, hormis le sud du département, sous l’influence de Reims et de l’Ile-de-France», explique Jean-Christophe Fanouillet, directeur régional de l’Insee Hauts-de-France. Si 2016 avait déjà été présentée comme une année de reprise, 2017 a suivi la même mouvance avec plus de 11 200 emplois créés et une croissance principalement portée par le tertiaire marchand (commerce, transport, hébergement, services financiers, immobilier…) qui compte pas moins de 784 400 emplois sur le territoire (+9 100 en un an). À moindre mesure, la construction a connu une hausse de 500 emplois pour un total de 104 800 emplois. «C’est faible (le secteur avait affiché une baisse de 2 220 emplois en 2016, nldr), mais il s’agit de la première hausse depuis plus de dix ans», précise-t-on à l’Insee. L’industrie peine toujours à remonter et continue de perdre des emplois (-2 900 en un an), même si la baisse est plus modérée qu’en 2016 : «On détruit plus d’emplois que l’on en crée, sauf dans l’industrie agroalimentaire, qui est plutôt stable», détaille Grégoire Borey. L’embellie se confirme également du côté de l’intérim avec +3 500 emplois (soit un volume de 72 900 personnes à fin 2017), pour une progression de 5,1% (+16,7% au niveau national). «En 2016, les Hauts-de-France avaient surperformé, donc cette faible hausse peut être une des conséquences. Au premier trimestre, l’emploi intérimaire a chuté, notamment à cause d’un secteur de la construction moins dynamique», détaille Grégory Borey. Néanmoins, l’Aisne enregistre une baisse de 1,9% alors que l’ensemble des autres départements sont en hausse.

L’industrie agroalimentaire, une des rares industries régionales à ne pas perdre d’emplois. © Dusan Petkovic

Plus d’entreprises créées, moins de défaillances

Toutes les instances régionales s’accordent à le dire : les créations d’entreprises repartent à la hausse, à l’exception de la Somme (-0,3%). Les chiffres le prouvent : 34 600 entreprises créées en 2017 (+5%). Une croissance certes, mais modeste par rapport au rythme national (+6,8%). Dans le détail, l’Insee observe la création de 13 574 micro-entreprises (+7,7% après -38% entre 2012 et 2016), de 9 954 entreprises individuelles (+2,2% par rapport à 2016) et de 11 086 sociétés (+5% en un an). Les secteurs d’activités diffèrent selon les départements : les services aux entreprises dans le Pas-de-Calais, les services aux particuliers dans l’Oise, le commerce et les transports dans le Nord. À noter aussi la belle performance du Pas-de-Calais dans le secteur de la construction (+9,4%), aux antipodes des tendances régionales (-2,2%) et nationales (-0,9%). Les défaillances sont aussi en recul (-11,6%, à 4 148 défaillances) sur l’ensemble des secteurs d’activité de la région, mais c’est dans l’Aisne (-18,7%) et la Somme (-16,6%) que le nombre de défaillances diminue le plus fortement. Près d’une défaillance sur deux concerne le secteur du commerce, du transport, de l’hébergement et de la restauration.

Agriculture : des productions records mais…

En 2017, la moisson des céréales tient ses promesses, avec une année excellente pour les pommes de terre – avec une production de 4,1 millions de tonnes en 2017 – et les betteraves sucrières (près de 40 000 hectares supplémentaires ensemencés, +20%) mais les cours restent déprimés. Après une hausse des cours jusqu’en avril, le prix du porc a amorcé un repli et la demande chinoise a faibli. Conséquence directe : les achats de viande fraîche de porc baissent et la demande à l’exportation est atone.

Pour la première fois depuis 10 ans, le nombre d’emplois dans la construction s’est enfin stabilisé. ©Dmitry Nikolaev

Construction : une année en demi-teinte

Si le marché de la promotion immobilière est en repli par rapport à 2016, le volume des transactions reste élevé avec 29 000 permis de construire déposés (+7,3% par rapport à 2016), 24 300 mises en chantier (-29,8% pour l’Oise, +13,1% pour le Nord, +18,1% dans le Pas-de-Calais, +15,8% dans l’Aisne et +10,5% dans la Somme), mais 1 000 logements neufs de moins qu’en 2016. Pour la première fois depuis dix ans, le nombre d’emplois dans la construction s’est enfin stabilisé (105 000 salariés, soit 8,4% des emplois du secteur marchand en Hauts-de-France).

Tourisme : l’hôtellerie de plein air largement plébiscitée

En 2017, les hôtels régionaux ont enregistré 9 millions de nuitées, avec une année exceptionnelle pour les campings : une fréquentation en progression de 10% par rapport à 2016 pour un record de nuitées à 2,4 millions (+15,1%). Certes, l’année 2017 connaît une légère baisse de fréquentation (-0,9%), mais 2016 avait été relativement exceptionnelle, portée par l’Euro de football et les commémorations du centenaire de la bataille de la Somme, qui avaient attiré un public étranger venu en nombre, notamment les Anglais. Tous les départements des Hauts-de-France, sauf l’Oise, affichent un bilan positif. Les bons résultats régionaux proviennent pour une large partie des campings de la Somme et du Pas-de-Calais, avec des nuitées en hausse (respectivement +18% et + 16,5%).

«S’il fallait apporter un bémol, je dirais que les performances à l’exportation sont en retrait.» Jean-Christophe Fanouillet, directeur régional de l’Insee Hauts-de-France.

Transports : progression à Lille-Lesquin, chute à Beauvais-Tillé

Avec près d’1,9 million de passagers transportés, l’aéroport de Lille-Lesquin ne cesse de s’étoffer contrairement à Beauvais-Tillé qui a souffert de la suppression de nombreux vols de la compagnie RyanAir (- 600 000 passagers), le plaçant ainsi à la 10e place des plus grands aéroports français en termes de volume. Le trafic Eurostar repart à la hausse (+3% sur un an, pour 10,3 millions de voyageurs) et devrait poursuivre sur cette lancée avec la nouvelle ligne Londres-Amsterdam depuis avril 2018. Le trafic de véhicules lourds augmente sur le réseau régional, mais les flux avec l’extérieur de la région diminuent : les transporteurs français continuent de se replier sur les courtes distances, où ils sont moins exposés à la concurrence étrangère.

«Les Hauts-de-France ont bénéficié de la bonne conjoncture nationale. Les entreprises ont reconstitué leurs marges, maintenu l’emploi et investi à nouveau. Les acteurs économiques en sont conscients : c’est le défi qui nous attend pour les années à venir. S’il fallait apporter un bémol, je dirais que les performances à l’exportation sont en retrait, avec des pertes de parts de marché alors que nous sommes une région transfrontalière !» conclut Jean-Christophe Fanouillet.