Vente à perte de carburant: la grande distribution ferme la porte, le gouvernement persiste

Le gouvernement a annoncé "maintenir" mercredi son projet de permettre la vente de carburant à perte, malgré l'opposition des enseignes de la grande distribution, qui gèrent environ...

Distributeur de carburants à la station-essence de Bailleul (nord de la France). Photo prise le 9 décembre 2014 © PHILIPPE HUGUEN
Distributeur de carburants à la station-essence de Bailleul (nord de la France). Photo prise le 9 décembre 2014 © PHILIPPE HUGUEN

Le gouvernement a annoncé "maintenir" mercredi son projet de permettre la vente de carburant à perte, malgré l'opposition des enseignes de la grande distribution, qui gèrent environ la moitié des stations-service en France.

Carrefour ne "vendra pas à perte" de carburant, a annoncé son PDG Alexandre Bompard lors d'une audition dans la matinée devant la commission des Affaires économiques de l'Assemblée nationale.

L'interdiction "de la revente à perte est un principe très important du commerce depuis 1963", a estimé M. Bompard, qui est par ailleurs président de la Fédération du commerce et de la distribution (FCD) qui représente une grande partie du secteur.

"Il ne faut pas ouvrir cette boîte de Pandore au risque de fragiliser à la fois l'équilibre des filières et l'équité territoriale entre les consommateurs", selon le dirigeant.

Même son de cloche chez E.Leclerc, Intermarché et Système U, également auditionnés dans le cadre de tables rondes préparatoires à l'examen du projet de loi sur les négociations commerciales annoncé par le gouvernement. Leurs représentants ont annoncé dans la foulée de Carrefour qu'ils ne "feront pas" non plus de vente à perte.

Samedi, la Première ministre Elisabeth Borne avait levé un vieux tabou en annonçant que les carburants pourraient être vendus à perte, alors que selon des données récentes de la Commission de Bruxelles, la France était au 4 septembre le cinquième pays de l'Union européenne où le SP-95 était le plus cher, à 1,96 euro le litre.

Cette mesure, qui doit faire l'objet d'un projet de loi attendu le 27 septembre, a été annoncée pour une entrée en vigueur début décembre et une durée de six mois.

TotalEnergies opposé

Ce quatuor pèse plus de 70% du marché de la grande distribution alimentaire en France, selon les données de référence du panéliste Kantar.

Environ la moitié des stations-service de France sont exploitées par des grandes surfaces et sont concernées en priorité par la mesure.

Du côté de TotalEnergies - qui gère un tiers des stations du pays mais que le projet gouvernemental de revente à perte ne ciblait pas prioritairement - son patron Patrick Pouyanné a dit mardi soir qu'il ne comptait pas descendre en dessous du plafond de 1,99 euro le litre de carburant qu'il a instauré cette année.

"Face à l'inflation", "chacun doit et peut faire un effort", a déclaré le porte-parole du gouvernement Olivier Véran devant la presse après le Conseil des ministres, en défendant la mesure malgré l'accueil négatif des distributeurs. "Nous verrons (...) comment les uns et les autres se positionneront au fil des semaines et des mois."

Cette possibilité, destinée à lutter contre l'envol des prix du carburant, "n'est pas une obligation", avait plus tôt précisé sur Sud Radio le ministre des Comptes publics Thomas Cazenave, expliquant que le projet de loi auquel réfléchit le gouvernement pour une entrée en vigueur voulue en décembre, revenait à dire "chiche!" aux distributeurs qui avaient récemment assuré ne pas pouvoir baisser beaucoup les prix du carburant faute d'être autorisés à vendre à perte.

Un fonds, d'un montant encore à l'étude, serait déboursé par l'Etat pour venir en aide aux petits distributeurs qui seraient très affectés par une concurrence qui vendrait à perte. 

Mardi lors d'une réunion à Bercy, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire avait "rappelé que les stations indépendantes bénéficieront de compensations" et qu'elles seront "accompagnées par un plan de transformation pluriannuel visant à leur permettre d'offrir de nouveaux services tels que les bornes de recharge rapides", selon son cabinet.

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