Uneole, l'éolienne urbaine réutilisable à vie
Si les locaux d'Uneole sont à Ronchin, c'est surtout sur le territoire du pôle d'excellence cd2e, à Loos-en-Gohelle, que le projet prend tout son sens : Quentin Dubrulle, fondateur de l'entreprise, y a installé le démonstrateur grandeur nature de son éolienne urbaine. Moins encombrante, très légère et entièrement recyclable, cette éolienne nouvelle génération séduit de plus en plus.
«Ce
n'est pas plein Sud que l'on consomme le mieux».
Quentin Dubrulle, fondateur d'Uneole, l'annonce
tout de suite : dans les Hauts-de-France, région naturellement
venteuse, les éoliennes ont toute leur place. Lorsqu'il intègre
l'incubateur de l'Ecole des Mines de Douai en 2012 (aujourd'hui
nommée IMT Nord Europe) après une maîtrise en marketing/vente, il
revient d'un voyage en Polynésie qui l'a «marqué
à vie»
: «je
suis tombé sur une personne qui proposait de l'autonomie énergétique
pour les fortunés, avec une éolienne, du photovoltaïque et du
solaire».
Alors
qu'il n'avait aucune notion dans ce domaine, il imagine une éolienne
urbaine et un prototype en 2014, qui n'émet ni bruit ni vibration
sur les bâtiments. «Plus
le bâtiment est naturellement haut, plus la ressource en vent est
forte».
Facilité
de production
Pour
que son produit plaise, il mise sur une installation facile, la moins
chère possible et avec
un faible poids carbone
pour un cycle de vie le plus long possible. L'éolienne produit
au moins 300 kWh chaque année et jusqu'à 1,5 méga watt/heure dans
des conditions optimales. Fabriqué chez l'industriel Fives ECL à
Ronchin, l'éolienne est en aluminium (provenant de Dunkerque) et en
inox recyclé (d'Isbergues). Tout peut donc être refondu pour être
réutilisé lorsque l'éolienne est en fin de vie.
La
découpe des pales et les soudures sont réalisées dans la Métropole
Européenne de Lille. Cette éolienne quasiment 100% Hauts-de-France
– hormis l'électronique, même si Quentin Dubrulle étudie la
possibilité de relocaliser cette partie –, quatre fois moins chère
que si elle avait été produite outre-Atlantique, peut avoir un
rendement de production entre 4 et 8 fois supérieur
à une éolienne classique.
Des
études pour le potentiel énergétique
Parce
qu'en plus de cette installation de 6 mètres sur 6 mètres et qui
compte deux éoliennes, des panneaux photovoltaïques peuvent être
installés au-dessus pour un rendement deux fois plus important.
Aucune perte de place donc. «Avant
une installation, on regarde d'où viennent les vents et on les
étudie pour connaître le potentiel énergétique. Il ne faut pas
uniquement regarder le prix de l'installation (500€ du mètre
carré, sans compter le coût des études). Sur les meilleurs sites,
c'est quasiment rentable en une année»
assure Quentin Dubrulle.
Parmi les clients d'Uneole, des bâtisseurs, des bailleurs sociaux, des universités, des collectivités : la PME a déjà installé 25 éoliennes depuis sa création, principalement sur des constructions neuves. C'est par exemple le cas à l'IMT Nord Europe, à la Médiathèque de Roubaix, à la Communauté Urbaine d'Arras...
«Avec
le Décret Tertiaire qui favorise la sobriété énergétique des
bâtiments, les entreprises doivent diminuer leurs consommations
d'énergie, elles sont en recherche de solutions. Dans l'immobilier
de demain, il faut travailler sur toutes les composantes : le
chauffage, l'isolation, l'énergie...»
explique le fondateur, pour détailler : «Si
on prend l'exemple d'un bâtiment de 4 à 5 étages sur la Côte
d'Opale, en conditions optimales, une installation comme la nôtre
peut représenter plus de 100% de la consommation d'un bâtiment».
Installables sur n'importe quelle hauteur, les éoliennes urbaines
d'Uneole ont pour principales limites les bâtiments en ossature
métallique qui ne supportent que peu de poids.
Bientôt
une seconde levée de fonds
La PME de quatre salariés (et une dizaine d'indépendants sur les fonctions support) a déjà installé ses éoliennes en dehors des Hauts-de-France mais aussi en Belgique et aux Pays-Bas. D'ici 4 à 5 ans, Quentin Dubrulle espère voir grossir ses effectifs jusqu'à une trentaine de salariés pour un chiffre d'affaires entre 10 et 20 millions d'euros.
Une seconde levée de fonds est en cours de réalisation pour passer à la vitesse supérieure, développer et structurer l'activité. «Mon envie de demain, c'est d'être une sorte de guichet unique de la toiture et de changer les mentalités. L'idée, c'est d'optimiser tous les emplacements entre le photovoltaïque, le solaire, l'éolien».