Une étincelle chez Arc international ?
La situation chez Arc international reste tendue. Un rassemblement de salariés s'est déroulé le 21 mars dernier devant les locaux des syndicats majoritaires CGT et CFDT, afin de réclamer une répartition plus juste du chômage partiel qui ne touche pas le secteur productif. Avec, en toile de fond, l'attente de mauvaises nouvelles.
En juin 2013, Guillaume de Fougières, ancien président du directoire, avait commenté les résultats du groupe. L’année 2012 a été similaire à 2009 au plus fort de la crise. Le chiffre d’affaire est descendu sous le milliard d’euros contre 1,1 en 2011. Les pertes − limitées à 2,7 millions d’euros contre un bénéfice de 18,4 en 2010 − ne seront probablement pas les dernières.
Quelques mois plus tard, la direction d’Arc change de mains. Guillaume de Fougières est débarqué et remplacé par Patrick Puy, venu «éteindre l’incendie» selon un proche du dossier. La trésorerie tendue a poussé Arc international à vendre son distributeur français après avoir acquis un verrier russe qu’il a fallu consolider. Les investissements de 2012 (40 millions), de 2013 (40 millions avaient été prévus par l’ancienne direction) ont également pesé… Les chiffres de 2013 sont attendus avant l’été. La dette devrait avoisiner 380 millions d’euros ; l’ex-direction avait indiqué une hausse de l’activité de 7% au premier trimestre 2013. Depuis, les choses se sont dégradées : chômage partiel qui s’étend à différents secteurs et silence de la direction (qui n’a pas souhaité répondre à nos questions). Patrick Puy a indiqué en janvier que l’entreprise avait des fondamentaux sains, qu’elle avait un problème financier et besoin d’un investisseur, et que la famille s’était résolue à devenir minoritaire. Bref, Arc est à vendre et envisage très probablement un plan social après les municipales. «Il est clair qu’il y a sureffectif à Arc», a convenu le nouveau directeur général.
De la trésorerie jusqu’à la fin de l’année. A moins que le plan “amiante” aide l’entreprise à alléger sa masse salariale comme certains l’imaginent déjà. En effet, si le dossier amiante de l’entreprise est accepté par la Direccte, tous les salariés employés avant le 31 décembre 1996 seraient éligibles à un départ anticipé : l’Etat paierait donc une partie de cette fonte d’effectif… Au comité d’entreprise, la direction n’est pas plus prolixe. Si 25 investisseurs seraient intéressés selon des sources syndicales, «on n’en sait pas plus. Ce qu’on voit, c’est que les stocks remontent, que le four U va être arrêté dans quelques semaines, qu’on arrête trois lignes de verre blanc. Il paraît qu’on a de la trésorerie jusqu’à la fin de l’année», expliquent des représentants au CE. Ce dernier fait face à la mobilisation des salariés des secteurs non productifs fortement impactés par le chômage partiel (une semaine par mois). Près de 200 personnes ont manifesté contre la remise en cause d’un accord de mobilité qui aurait pu favoriser un certain roulement entre chômage partiel et activité de plein temps. Les syndicats majoritaires ont préféré suivre la direction, désireuse de se séparer de la centaine d’intérimaires qui travaillent encore chez Arc international. La même semaine, un procès pour détournement de fonds par l’aide-comptable du CE (après une demande de révision des comptes faite par la direction) a entaché la crédibilité des syndicats majoritaires. Arc international emploie encore 5 700 personnes. Selon certaines sources, 2 000 emplois seraient menacés.