Un souffle chaud pour sauver les vignes, inventé en Bourgogne Franche Comté
Alors que les épisodes de gel tardif se répètent régulièrement en Côte-d’Or, les viticulteurs ont cherché une solution pour protéger leurs cultures. Fournisseur de matériel pour ces professionnels, Rtech-Solutions, installé à Beaune, a imaginé une gaine soufflant de l’air chaud.
Avec 50% de récolte en moins, le gel qui a frappé le vignoble français et bourguignon en avril 2021 a été l’un des plus sévères des dernières années. En cinq ans, trois épisodes de gel ont impacté les vignes du territoire. En 2019, près de 30% des cultures ont été perdues. De plus en plus récurrentes, ces périodes inquiètent les professionnels qui cherchent des solutions pour protéger leurs vignes.
« Depuis quelque temps, nos clients nous sollicitent pour concevoir un système afin de lutter contre ce fléau » explique Arnaud Roussac, dirigeant de Rtech Solutions à Beaune. L’entreprise aux 10 salariés et au chiffre d’affaires de 700 000 euros produit du matériel agroalimentaire pour le monde viticole tel que des générateurs pour désinfecter les cuves ou les surfaces. Rtech Solutions intervient, en parallèle, pour l’installation et la rénovation des bâtiments. « Nous avons les compétences thermiques et les mettons à disposition des professionnels ou les adaptons aux particuliers. »
Un fil chauffant
Avec environ 1 000 clients viticulteurs partout en France, Rtech Solutions a mis son bureau d’étude au travail. « Nous avons trouvé une dizaine de systèmes différents que nous avons étudiés pour voir lesquels étaient techniquement et économiquement viables. Nous en avons retenu deux pour cette année. » Le premier consiste en un fil électrique installé dans la vigne de façon durable et alimenté par un groupe électrogène. « Nous adaptons la puissance à la nature de la vigne ou encore à la température pour éviter la surchauffe. » Cette technique imaginée il y a 15 ans, qui a évolué au cours des ans, a notamment été lancée en Bourgogne, dans les vignes de Chablis où plus de 100 hectares sont équipés.
Comme un vent chaud
La seconde technique se traduit par des gaines pouvant atteindre 100 mètres, déployée le long des rangs de vigne. Ces tubes perforés envoient de l’air chaud grâce à des résistances électriques alimentées elles aussi par un groupe électrogène. « Certains viticulteurs rencontrent des problèmes d’alimentation électrique donc nous pensons à une solution avec des chaudières à bois. » Seule entreprise à proposer cette solution, Rtech-Solutions a testé son dispositif à Meursault et sur les vignes de la côte de Nuits au cours des dernières semaines.
« On arrive à faire monter de près de 10 degrés en bout de gaine, en chauffant à 40 degrés environ. Quand les températures descendent à moins sept ou moins huit, nous pouvons maintenir le bourgeon a une température positive en faisant attention de ne pas chauffer, mais de préserver la culture. » Facile à installer et à enlever, il faut compter 19 euros du mètre de gaine. Cette alternative, bien qu’encore coûteuse, agit à la façon d’une assurance. « Il suffit d’une nuit pour perdre une récolte. Les gaines ont un coût direct à mettre en face de la perte d’une partie de la récolte. » Pour réduire la facture, Rtech-Solutions et les viticulteurs cherchent à installer des bâches de protection en complément des gaines soufflantes.
Pour Aletheia Press, Nadège Hubert