Coaching

Un réseau pour coacher les agriculteurs

Coach en agriculture depuis plusieurs années, Michel François a participé en 2022 à la mise en place d'AgriCoaching, un réseau national de coachs agricoles. Il défend l'idée d'un accompagnement basé sur l'humain qui permet aux agriculteurs de découvrir leurs propres ressources et de les aider à résoudre leurs difficultés par eux-mêmes.

Michel François a créé Cresco Conseil en 2019 et accompagne les agriculteurs.
Michel François a créé Cresco Conseil en 2019 et accompagne les agriculteurs.

Le coaching en agriculture se développe et dans l'Aisne, Michel François, basé à Bruyères-et-Montbérault, est l'un de ceux qui s'est lancé dans l'aventure en 2019. Cet ancien directeur de centre de gestion agricole durant douze ans met à profit son expérience. « J'ai toujours travaillé dans l'agriculture, d'abord dans l'enseignement agricole puis je suis allé à la chambre d'agriculture où j'ai travaillé dans l'accompagnement de projets d'installation des jeunes ou de développement d'exploitations, resitue-t-il. J'ai dernièrement été directeur de centre de gestion agricole et j'ai senti que les besoins des agriculteurs évoluaient, ils ne souhaitaient pas simplement une information technique mais voulaient une vision plus systémique et une aide à la décision. Ils exprimaient le besoin d'avoir quelqu'un qui les aide à prendre du recul sur leur situation. »

« Aider la personne à se réaliser »

En 2019, Michel François crée Cresco Conseil après avoir suivi une formation de coaching professionnel. Il souligne que le terme coaching est un peu dévoyé aujourd'hui, qu'il se développe beaucoup aux États-Unis mais n'en est qu'au début en France : « On appelle coach un peu tout le monde aujourd'hui y compris des entraîneurs de football par exemple or ce n'est pas la même chose de montrer ce qu'il faut faire comme le ferait un entraîneur que d'aider la personne à faire et à se réaliser comme le fait un coach, précise-t-il. Le coach va aider la personne à réfléchir sur sa situation, et l'amener à se dire c'est ça qu'il faut mettre en place. D'ailleurs, comparativement à avant lorsque j'étais expert technique et où je parlais beaucoup, lors de mes rendez-vous aujourd'hui, c'est la personne coachée qui parle 80% du temps. »

Michel François met en avant une certaine subtilité que nécessite le coaching, celle de ne pas apporter des solutions toutes faites ou de biaiser le raisonnement. « Quand quelqu'un me dit qu'il veut par exemple passer en agriculture biologique, je ne lui dis pas ça va coûter cher ou telle chose est compliquée, je l'invite à réfléchir par lui-même sur les atouts et inconvénients, à faire la balance et à faire son choix, explique-t-il. J'aide la personne à comprendre les conséquences de ses choix, je ne l'influence pas vers telle ou telle inclinaison. »

Approche humaine dans l'accompagnement

En 2022, Michel François a participé activement à la création de AgriCoaching, un réseau national de coachs agricoles. « Nous nous sommes rencontrés par Linkedin, nous sommes 5 et autant de profils différents : un agriculteur qui s'est mis au coaching, un ancien directeur de production d'une usine agricole, des anciens conseillers agricoles comme moi. Nous sommes d'accord sur un même processus qui inclut d'apporter une approche humaine dans l'accompagnement. Il s'agit de comprendre la situation d'un agriculteur, de construire un projet et de mettre en place un plan d'action. »

Les membres du réseau AgriCoaching au travail. (c) Michel François


Michel François comme les autres membres du réseau sont amenés à intervenir sur plusieurs types de cas. « Ce que l'on voit beaucoup, c'est la clarification de projet, est-ce que je vais dans le bon sens ? L'agriculteur est de plus en plus seul d'abord parce qu'ils sont moins nombreux, avant ils échangeaient entre eux au village ou avec leur épouse qui travaillait dans l'exploitation mais qui aujourd'hui travaille ailleurs bien souvent, développe-t-il. Un autre gros sujet concerne la transmission, comment transmettre une exploitation sans défavoriser un enfant par exemple. Et il y a tout ce qui concerne la partie relationnelle entre salariés et employeurs. Avant les salariés étaient dévoués corps et âme à la ferme, c'est moins le cas, ils veulent aussi avoir une vie à côté et ça n'est pas toujours simple à intégrer pour l'employeur qui pense que c'est une question d'argent mais bien souvent, ça n'est pas ça. »

Si le coaching professionnel se développe, l'agriculture est un domaine particulier qui nécessite un certain niveau de connaissance et de spécialisation. Le coach doit connaître le fonctionnement d'une ferme, les aspects juridiques et financiers. « Les exploitations sont aussi de plus en plus grandes donc les enjeux sont importants, j'ai des agriculteurs qui font des investissements de 1 ou 2 millions d'euros et qui ne peuvent pas se tromper, il faut avoir cette expérience pour les aider », plaide Michel François. Il vient en aide à des agriculteurs des Hauts-de-France, de la Marne ou encore des Ardennes.