Un marché en pleine expansion
Quatorze agriculteurs se sont fédérés pour créer une unité de méthanisation à Valhuon. Si l’équipement produit du courant électrique, il génère également de la chaleur… Celle-ci est canalisée pour produire de la spiruline. Cette cyanobactérie constitue un aliment santé aux multiples vertus.
METHA Ternois est un groupement de quatorze agriculteurs qui se sont fédérés afin de créer une unité de méthanisation. Cet équipement est entré en service en 2015 et il est doté d’une capacité de production d’électricité de 500 kWh, qui peut répondre aux besoins de 400 foyers. Le courant est ensuite réinjecté dans le réseau et revendu à ERDF. L’unité de méthanisation permet de valoriser les déchets générés dans les exploitations agricoles, par les entreprises agroalimentaires… Le gisement est colossal. Mais la méthanisation produit également de la chaleur et les agriculteurs de METHA Ternois ont choisi de recycler cette chaleur pour alimenter des serres… et dans ces serres est cultivée la spiruline. Sur les 2,7 millions d’euros investis, 300 000 euros ont été consacrés à la culture de celle qui a l’aspect d’une algue. La spiruline se multiplie dans des bassins ayant la forme d’un hippodrome. «Il s’agit d’une cyanobactérie, une protéine, qui représente un aliment santé. Elle est appréciée par les sportifs, car elle contribue à améliorer les performances et elle aide à la récupération. Elle est riche en fer et donc soigne les anémies, elle permet de lutter contre le stress…», explique Loïc Anselin, ingénieur qui a été chargé par le groupe d’agriculteurs locaux de gérer les serres. Ce dernier, originaire du Ternois, a découvert le projet par voie de presse.
Création d’une marque. Souhaitant créer un élevage d’insectes destinés à l’alimentation animale, il comprend que son projet présente les mêmes caractéristiques que la production de sprilune. «Il fallait notamment de la chaleur. Les deux initiatives ont des philosophies proches l’une de l’autre. J’ai donc proposé mes services à METHA Ternois», souligne Loïc Anselin. C’est ainsi qu’est née la marque “Spiruline des Hauts-de-France”.
La spiruline pousse en Asie et en Afrique, il lui faut une température comprise autour de 30 degrés pour proliférer et de la lumière. Dans des conditions optimales, la récolte s’effectue toutes les 24 heures. Le marché de la spiruline est en expansion et Loïc Anselin insiste sur le fait qu’elle pousse localement. En France, on n’en produit pas suffisamment pour satisfaire la demande et on ne recense guère plus de 150 producteurs (dont 2 dans le Nord et le Pas-de-Calais). De plus, cette culture entraîne peu de pollution. Par conséquent les perspectives de développement ne manquent guère : «L’an dernier, nous avions lancé la production, nous nous situions en phase de test. La qualité de notre spiruline est contrôlée en laboratoire. Cette année, nous allons engager la seconde phase de croissance et je prospecte pour trouver des débouchés dans les commerces locaux.» Le conditionnement est réalisé à Valhuon, un packaging et une identité graphique ont été d’ailleurs créés. La spiruline se vend sous forme de comprimés, de poudre ou de brindilles et elle est à consommer dans une juste mesure.
L’activité est implantée sur une parcelle de 1,5 hectare et d’autres serres pourraient dans un proche avenir être érigées. La “Spiruline des Hauts-de-France” devrait avoir de beaux jours devant elle.