Rachats de fonds de commerce
Un léger recul, mais des prix toujours dynamiques
Après une forte dynamique en 2022, les cessions de fonds de commerce ont légèrement reculé en 2023. Le prix moyen des transactions a atteint un nouveau record, principalement grâce aux ventes de supermarchés.
Le marché de la transmission de fonds de commerce « reprend son souffle ». Le nombre d’échanges a diminué, en 2023, de 2,5%, selon le bilan annuel du groupe Altares, spécialiste des données sur les entreprises, parue le 13 juin, passant de 31 700 opérations à 30 920 sur un an, pour un montant total de 10,6 milliards d’euros. Ce repli met fin à la forte dynamique observée en 2022 (+14,3%), attribuée en partie à un rattrapage des transactions reportées pendant la pandémie. Malgré ce recul, le marché reste actif, porté par un prix moyen des échanges record, dopé notamment par les prix élevés des supermarchés qui ont franchi le cap du million d’euros.
Les boulangers et les coiffeurs perdent du terrain
Les tendances sectorielles sont contrastées. Le secteur de la restauration demeure prédominant : il représente une transaction sur quatre. Après un rebond significatif en 2022 (+51%), la restauration traditionnelle affiche une stabilité en 2023, avec près de 4 500 opérations enregistrées. La restauration rapide recule sensiblement après avoir augmenté de 35% l’année précédente, avec une diminution de 1,7% des transactions, soit un peu plus de 3 000 reprises. Les cafés perdent de leur attractivité : après une forte hausse en 2022 (+46%), ils accusent une baisse de 5,3% des cessions, avec quelque 2 400 établissements ayant changé de mains.
Les boulangeries et la coiffure se trouvent désormais en difficulté : ces deux secteurs,enregistrent un net recul du nombre de transactions, en replis respectifs de 22% et 14%. À l’inverse, les supermarchés (+18,2%) et les concessionnaires automobiles (+17,3%) sont les seuls à afficher une croissance significative des échanges.
Des prix toujours plus élevés
Autre marqueur du millésime 2023, le prix moyen des fonds de commerce atteint un nouveau record, dépassant les 244 000 €. Cette hausse de 13,3% sur un an est portée, notamment, par une forte demande dans certains secteurs et aussi l’impact de l’inflation. Les prix médians restent eux plus modérés, à 110 000 €. Certaines activités se distinguent par des valeurs particulièrement élevées : les pharmacies se positionnent encore en tête du podium avec un prix de cession moyen de près de 1,3 million €, en hausse de 8,6%. Les supermarchés voient ce montant franchir le cap du million, plus que doublant sur un an. Les hôtels enregistrent une augmentation de près de 20 % de leur prix de cession, pour atteindre plus de 515 000 €, après une hausse déjà très importante en 2022 (+30%) - ce qui a pu contribuer à la baisse de 10,6 % des transactions dans le secteur. Le commerce d’habillement n’est pas en reste, avec une progression de 34,7% du prix de cession moyen, à 159 000 €.
PME, ETI : moteurs de la croissance externe
L’étude souligne un regain d’intérêt des PME et des ETI pour la croissance externe via l’acquisition de fonds de commerce. Ce qui pourrait s’expliquer par plusieurs facteurs tels que la quête de nouvelles sources de croissance, le souhait de renforcer leur position sur le marché ou encore l’intérêt pour des actifs à fort potentiel. Les TPE, qui représentent 92% des cessions de fonds de commerce, ont connu une baisse de 3% par rapport à 2022. En revanche, les PME et ETI restent actives. Plus de 1 500 reprises ont été réalisées par des PME de 10 à 49 salariés, en hausse de 2,4%, tandis que pour celles de plus de 50 salariés l’augmentation atteint 7,8% (524 opérations). Ce dynamisme les ramène au niveau de 2019. Les ETI ont, quant à elles, acquis ou repris 450 fonds de commerce l’an passé, soit le nombre le plus élevé depuis 2017.
Les villes moyennes préférées
Alliant dynamisme économique et cadre de vie attractif, les villes moyennes (20 000 à 100 000 habitants) tirent leur épingle du jeu avec une hausse de 2,2% des transactions. À contrario, les grandes villes (-4,3%) et les villages (-9,4%), sont à la peine, tandis que les petites villes (+0,5%) ont du mal à maintenir un niveau stable d’activité. « A peine plus d’un village sur 10 a compté au moins une transaction sur son territoire en 2023», souligne l’étude.
Côté régions, l’Ile-de-France reste, sans surprise, en tête en termes d’échanges (5 213, +1,1%) et de prix moyen (328 200€, +16,4%). La Corse s’affiche dynamique avec des transactions qui progressent de 9,2 % et des prix de 29,6% (261 000 €). C’est l’Auvergne-Rhône-Alpes, qui enregistre la hausse la plus significative, à +30,7%, pour un prix moyen de 250 700 €, un peu en deçà des valeurs observées dans le Grand-Est (251 500 €, + 21,3%) ou les Hauts-de France (252 400 €, +11,4%).
Pour ce début 2024, dans un contexte politique alors plus serein, «plus de 8 000 fonds de commerce ont changé de mains au cours des trois premiers mois, c’est 2 % de plus qu’il y a un an», observe Thierry Millon, directeur des études Altares.