"Un dirigeant n'aime pas être dans l'incertitude"

Experte en mobilités internationales, Cooptalis subit, comme la plupart des entreprises, les conséquences de cette crise sanitaire sans précédent. Si la majeure partie de son activité est pour l'instant à l'arrêt, la PME mise sur cette période de pause pour se préparer à l'ouverture à d'autres marchés.

"Un dirigeant n'aime pas être dans l'incertitude"

Installée à Marcq-en-Barœul avec près de 180 collaborateurs sur un effectif global de 800 salariés, Cooptalis aide les entreprises en France et à l’international à accompagner la mobilité de leurs collaborateurs par la relocation des expatriés, notamment en termes de logistique (transfert du candidat à son arrivée à l’aéroport, aide pour le logement, formalités administratives, école des enfants, travail du conjoint…). «Nous avons une importante responsabilité. Nous avons la capacité de changer la vie de personnes, mais il faut s’assurer que tout soit bien fait. Si on sent que le projet d’expatriation n’est pas sûr, nous n’hésitons pas à le différer, car c’est un vrai projet de vie», explique Olivier Desurmont, l’un des fondateurs. Autant de démarches qui sont aujourd’hui totalement à l’arrêt dans des pays qui gèrent la situation chacun à sa manière.

Des ambitions revues à la baisse

Cooptalis fait partie de ces pépites régionales à la croissance exponentielle : 20 M€ de chiffre d’affaires en 2018, 40 en 2019 et des prévisions à 90 M€ pour 2020. Mais Olivier Desurmont a dû se résigner : l’année 2020 ne sera pas aussi dynamique que prévue. “On gère tant bien que mal, on a déjà observé une baisse de 50% de chiffre d’affaires et on prévoit, d’ici quelques mois, une baisse de l’ordre de 70%. On espère tout de même réaliser la même croissance qu’en 2019, mais tout va dépendre de la durée de la crise.” Alors qu’un rebond est envisagé pour septembre, les équipes de Cooptalis – toutes en télétravail avant même les dispositions gouvernementales – anticipent les sujets et travaillent sur outils en interne pour se préparer au mieux à la reprise. “Il faut essayer de tirer du positif dans ce contexte compliqué. Nous avons la chance d’être sains et solides et d’avoir de la trésorerie. Si l’activité repart cet été, nous serons prêts, mais il est clair que cela stoppe la croissance de l’entreprise.” Diversifiée sur ses secteurs d’activité, la PME a réalisé en novembre dernier une levée de fonds de 20 M€, pour intensifier sa croissance externe et sa présence sur de nombreux pays.

Tout va dépendre de la durée de la crise”

Les aides aux entreprises : des gros coups de pouce

Le Gouvernement protège beaucoup les salariés, et c’est une vraie chance. Il y a une réelle responsabilité auprès de nos 800 collaborateurs ; il faut garder une cohésion d’équipe et d’ailleurs nous faisons des ‘friday apéro’, où chacun se connecte à la même heure, quel que soit son pays. On leur envoie aussi des séances de sport“, détaille Olivier Desurmont, dont 300 salariés sur 800 sont actuellement au chômage partiel. “Lorsque j’ai créé Sineo (entreprise de nettoyage de voiture sans eau, aujourd’hui revendue, ndlr), j’ai connu la crise de 2007 ; c’était dur mais nous l’avons passée. En tant que dirigeant, il est difficile de ne pas savoir quand cela s’arrêtera. Le dirigeant n’aime pas l’incertitude ! Mais on ne se sent pas seuls. Les banques m’ont déjà contacté pour reporter mes échéances de prêt à six mois. Le Gouvernement nous soutient.