Un argument touristique de poids pour le Ternois

L’abbaye de Belval ouvre une nouvelle page de son histoire. Les religieuses ont quitté les lieux et des passionnés ont planché afin d’imaginer le devenir de ce site magnifique. Ressort de cette réflexion un projet alliant aspects économique, humain et spirituel.

L’abbaye de Belval s’étend sur 12 hectares.
L’abbaye de Belval s’étend sur 12 hectares.

 

L’abbé Pierre-Marie Leroy, Marc Sockeel et Luc Clabaut, les trois chevilles ouvrières du projet.

L’abbé Pierre-Marie Leroy, Marc Sockeel et Luc Clabaut, les trois chevilles ouvrières du projet.

Les dernières soeurs de l’ordre cistercien qui vivaient dans l’abbaye de Belval ont quitté les lieux le 19 juin dernier pour rejoindre Igny-sur-Marne. L’établissement s’était structuré autour du château à partir du XIXe siècle. Apprécié pour sa quiétude, cette construction, qui est nichée dans un écrin de verdure, reçoit chaque année des dizaines de milliers de visiteurs (60 000 en 2001, ndlr), des touristes, des randonneurs, des personnes soucieuses de se ressourcer ou se reposer. Les religieuses avaient annoncé leur départ dès 2007 et s’est posé avec de plus en plus d’acuité le futur de ce patrimoine exceptionnel bâti sur 12 hectares. Le premier à s’être posé la question est l’abbé Pierre-Marie Leroy. Prêtre à Saint- Pol-sur-Ternoise, il appartient à l’association d’aide aux sans-abris d’Arras et il avait proposé de créer un jardin pédagogique dans des bâtiments attenants à l’abbaye. Toutefois, en observant le gigantisme de l’endroit, cet homme d’église s’est dit qu’en parallèle, d’autres choses pourraient être envisagées… “L’abbaye regorge de potentialités. Un concours de circonstances m’a permis de croiser la route de Luc Clabaut et Marc Sockeel, nous avons évoqué le sujet. Rapidement, les idées sont venues. Il existe sur place la fromagerie, un hôtel qui accueillait les familles des religieuses, le bois, des prés…, des éléments à consolider, d’autres à faire émerger”, explique l’abbé Pierre-Marie Leroy.

Vocation pluridisciplinaire. Partant de ce constat, les trois hommes vont fonder l’association de Belval et s’entourer de bénévoles disposant de compétences précises dans le management, les finances, la culture, le spirituel. Ces bonnes volontés se sont investies dans le projet. “Une quinzaine de personnes nous ont rejoints avec la ferme intention d’assurer la pérennité de l’abbaye. Cela passe par une ambition économique qui doit s’inscrire dans un contexte de responsabilité sociétale des entreprises. Nous convergeons vers ce point qui est de mettre l’humain au coeur du dispositif. Nous estimons qu’il s’agit d’une voie pertinente de l’économie de demain”, souligne Luc Clabaut, président de l’association (voir encadré).
Les réflexions engagées au sein du groupe ont abouti au lancement, il y a quelques semaines, de la SAS Abbaye de Belval. Cette dernière constituera le bras armé et est tenue d’exploiter le site. L’activité s’articulera autour de plusieurs axes. Le premier est de présider aux destinées de la fromagerie, gérée jusquelà par les soeurs, comme le confie Marc Sockeel, directeur de la SAS Abbaye de Belval : “La capacité de production se chiffre à 90 tonnes. L’an dernier, 30 tonnes ont été affinées, la marge de progression est importante. Par ailleurs, nous voulons maintenir la boutique qui vend des objets monastiques. Enfin, nous voulons assurer la promotion des savoir-faire locaux et nous souhaitons offrir une vitrine aux artisans du cru.
Autre atout économique, l’hébergement devrait participer activement à la réussite de cette entreprise. En effet, l’hôtel de l’abbaye (chambres de niveau deux-étoiles, ndlr) affichait ces dernières années un taux d’occupation de 60%, sans communication ni publicité, et sur ce point les perspectives de développement ne manquent guère. Dans cet édifice qui rouvrira ses portes en septembre, 18 chambres sont disponibles auxquelles s’ajoute un gîte de groupe pouvant recevoir jusqu’à 40 personnes.

L’abbaye de Belval s’étend sur 12 hectares.

L’abbaye de Belval s’étend sur 12 hectares.

Des emplois à la clé…Dans le secteur, il existe peu de possibilités en matière d’hébergement. Nous allons mettre en place une offre et nous allons nous évertuer à attirer les visiteurs pour au moins une nuitée. Le Louvre- Lens ouvrira prochainement ses portes et le territoire du Ternois dispose d’arguments pour retenir les touristes. D’ailleurs, des visites guidées de l’abbaye démarreront prochainement. Nous serons aussi en mesure de recevoir des bus. Par ailleurs, le site continuera d’accueillir des personnes en quête de ressourcement, en pleine réflexion ou simplement désireux de se reposer car c’est une de ses vocations initiales et il n’est pas question de rompre avec son histoire”, insiste Marc Sockeel. Parallèlement, les locaux spacieux seront aménagés afin de recevoir des séminaires d’entreprise et colloques.
L’arrivée de l’association au commandes de l’abbaye a permis, via la SAS, de sauver cinq emplois et, depuis, deux ont été créés. En septembre, deux autres salariés devraient être recrutés. La SAS s’est fixé pour objectif d’atteindre les 600 000 € de chiffre d’affaires pour le premier exercice.
A ce jour, une étude se situe en phase de finalisation, elle doit conforter le projet porté par l’association. Les premiers indicateurs se montrent positifs et, d’ici quelques mois, le site devrait être racheté aux religieuses par les collectivités locales et l’Etablissement public foncier (EPF). La SAS Abbaye de Belval s’est fixé un cap de cinq à sept ans pour pouvoir racheter les murs. Passé ce délai, ses responsables envisagent d’entreprendre de nouveaux investissements comme l’aménagement de 40 chambres supplémentaires dans l’ancien cloître. A terme, 25 à 30 personnes seront employées sur place dans des métiers divers, tels que la vente, le tourisme, la culture…