Très laide Fast fashion
Gaspillage, pollution, exploitation de l'Homme, surconsommation, pollution supplémentaire... C'est un cercle vicieux et vertigineux que décrit une très sobre exposition consacrée à la Fast fashion, dans le cadre du Forum Mondial Convergences à Paris.
C'est un terrible anniversaire. Il y a dix ans, 1138 ouvriers confectionnant des vêtements mourraient dans l'effondrement du Rana Plaza au Bangladesh. Le scandale et l'émotion furent mondiaux, mais combien la situation a-t-elle réellement évolué ? La confection représente toujours 80% de l'export de ce pays. À Paris, dans le cadre du Forum Mondial Convergences, ce mois de septembre, une exposition très sobre – quelques panneaux – décrit le cercle vicieux de la « Fast fashion », en se basant sur des informations issues de sources comme la Banque Mondiale ou l'Ademe, Agence de la transition écologique. Le Collectif Éthique sur l'étiquette, qui regroupe associations de solidarité internationale, syndicats et mouvements de consommateurs est à l'origine de cette exposition. Laquelle illustre les « désastres humains et environnementaux » qu'engendre ce système conçu pour encourager les comportements consuméristes.
Le constat : certaines régions, là où sont implantées production agricole et fabrication de vêtements subissent de véritables désastres écologiques et humains. Les habitants sont atteints dans leur santé par la dégradation de leur environnement, subissent une situation économique indigne. Pour la Chine, par exemple, le Collectif dénonce le recours à l'esclavage et la pollution des cours d'eaux qui provoquent maladies, allergies et cancers dans la population locale. Globalement, sur le plan écologique, les impacts de l'industrie textile sont immenses. Il s'agit du « deuxième secteur industriel le plus polluant » au monde.
80% des vêtements jetés à la décharge
Différentes étapes de la production sont concernées, à commencer par la culture du coton, intensive. Elle concentre le quart des insecticides et 3% de l'eau utilisée dans l'agriculture dans le monde. La mer d'Aral constitue une illustration extrême du désastre. Il y a 50 ans, c'était le quatrième plus grand lac de la planète. Il a perdu les trois quart de sa surface, asséché pour permettre la culture de coton qui a débuté dans les années 1960 dans les steppes désertiques du Kazakhstan et de l’Ouzbékistan. Des millions de poissons sont morts.
Les étapes successives dans la fabrication d'un vêtement sont également très gourmandes en eau : pour teindre un kilogramme de tissu, une centaine de litres d'eau sont nécessaires. En outre, cette étape de la teinture – ainsi que celle du blanchissement- implique l'utilisation de produits toxiques et colorants, dans certains cas rejetés tels quels dans les eaux usées, la nature, les sols, ou les eaux... Comme en Chine, où des rivières sont polluées par le plomb utilisés pour la teinture des jeans. L' industrie textile est responsable d'environ 20% de la pollution des eaux, selon la Banque Mondiale. Au total, la fast fashion est une conjonction de « gaspillage monstre » de ressources naturelles, de pollution extrême et de droits humains bafoués – une ouvrière éthiopienne reçoit un salaire de 23 euros par mois.
Avec, à l'autre bout de la chaîne, un système commercial soigneusement conçu pour pousser à la surconsommation : des articles nouveaux apparaissent chaque semaine dans les rayons... Résultat des courses, la durée de vie moyenne d'un tee-shirt (de fast fashion) est de 35 jours, 70% des vêtements qui constituent notre garde-robe ne sont jamais portés. Et en Europe, sur les 4 millions de tonnes de vêtements jetés chaque année, 20% seulement sont recyclés. 80% sont jetés en décharge ou incinérés. La boucle de la fast fashion se referme ainsi avec une pollution supplémentaire !