TeaTap : du jardin à la tasse
Du Canada aux Hauts-de-France. Après avoir travaillé dans la bière, Quentin Mulliez et François Thieuw se sont tournés vers une boisson d'un autre genre : le thé. En fondant TeaTap, les deux entrepreneurs veulent tordre le cou à une idée reçue : non, le thé, ce n'est pas juste boire de l'eau chaude...

«Tout est parti du Canada où nous avons vécu pendant 10 ans. Nous y avons créé une marque de bière et c'est ce qui nous a donné goût à l'entrepreneuriat. Mais on était aussi deux passionnés de thé» sourit Quentin Mulliez. Tous deux découvrent, outre-Atlantique, une vraie expérience de cette boisson, jusqu'alors plutôt peu exploitée en France. «Ce qui fonctionne au Canada, c'étaient les recettes et le goût». Pour importer ce savoir-faire en France, Quentin Mulliez et François Thieuw se rapprochent d'un spécialiste : Richard Guzaukskas, l'un des premiers salariés de DAVIDs TEA, le spécialiste du thé en vrac en ligne, créé à Montréal en 2008. «DAVIDs TEA n'avait pas du tout de clients en France, on a donc proposé à Richard de nous aider à développer ce savoir-faire à Lille. On voulait en finir avec 'l'eau chaude' pour oser le goût et révolutionner la consommation de thé en vrac avec une marque jeune et dynamique» se rappelle Quentin Mulliez.
Une cinquantaine de références
C'est
ainsi que Richard Guzaukskas est entré au capital de TeaTap,
devenant le «nez» de ces thés naturels ou biologiques. «Il
part d'une feuille blanche, ajoute des fragances en s'inspirant par
exemple des tendances culinaires, crée son mélange, que l'on envoie
à nos laboratoires qui se chargent de sourcer les ingrédients et
les arômes. On reçoit ensuite les échantillons. En moyenne, une
nouvelle référence met entre quatre à cinq mois avant de sortir en
magasin, on prend notre temps. Dès 2017, on s'est installés dans
des locaux sur la zone de la Pilaterie à Marcq-en-Baroeul, qu'on a
depuis quitté pour aller... juste en face ! Aujourd'hui nous sommes
12 salariés».
TeaTap propose entre 50 et 60 références, «naturelles et sans arômes ajoutés» précise le co-fondateur. Thé vert, thé oolong, thé noir, maté, rooibos, tisanes et infusions et thés d'origine, même si le voyage est dans la tasse, TeaTap essaie de le réduire dans le transport. Pas toujours évident pour ce produit cultivé en dehors d'Europe... Même si les feuilles viennent de jardins en Chine, en Inde, au Sri Lanka ou encore en Afrique du Sud, «nous avons fait le choix de ne proposer que du vrac. Faire du thé en sachet, cela nécessite de le faire davantage voyager et de faire passer les feuilles dans des machines. Ça les abîme et nous, ce que l'on souhaite, c'est qu'il y ait le moins d'intermédiaires possibles entre le jardin et la tasse.»
Inciter
au zéro déchet
Cela donne donc des thés raffinés et originaux : comme le «French Violette» – la meilleure vente – à base de violette, framboise, ananas, fruit du dragon et fleur de bleuet ; ou encore «Jour de neige» à l'écorce d'orange, cannelle, ortie, clous de girofle et... pop corn ! «Parfois ce sont aussi les consommateurs qui nous soufflent des idées, je pense par exemple à Lutin d'épices, régulièrement en rupture de stock ! On veut aussi naviguer avec les saisons et les clients le comprennent très bien.»

Vendus
en vrac dans la boutique de Marcq-en-Baroeul – 15% des ventes –,
sur Internet ainsi que dans les épiceries vrac, les thés sont
proposés en sachets sur les marchés. Mais pas n'importe quels
contenants : «Nous
avons mis 7 ans à trouver un packaging en papier, avec un côté
hermétique et recyclable, tout en préservant la consommation»
poursuit Quentin Mulliez. C'est une quinzaine de personnes de l'ESAT
des Papillons Blancs, à Villeneuve d'Ascq qui se charge du
conditionnement.
Aller
à la rencontre des amateurs
Si le site de la Pilaterie est aussi l'unique magasin de la marque, il ne fallait pas pour autant s'arrêter là et TeaTap choisit dès le départ de se lancer sur les marchés. Croix, Arras, Lille mais aussi Le Touquet, Wimereux ou encore Hardelot durant la belle saison... c'est à travers ses ambassadeurs, férus de boisson chaude, que TeaTap s'est fait connaître. «Même si le web représente entre 35 à 40% de notre chiffre d'affaires, vendre du thé sur Internet reste compliqué. Il faut faire sentir les parfums, expliquer aux consommateurs les arômes...» En plus des marchés, TeaTap s'est constitué un réseau de revendeurs (épiceries fines, magasins de vrac...) et travaille aussi pour les entreprises, l'événementiel et les comités d'entreprises. Depuis sa création, l'entreprise connaît une belle croissance mais fait face aujourd'hui à un marché très concurrentiel. «On envisage de lever des fonds pour passer au stade supérieur» annonce Quentin Mulliez.
En chiffres
- 12 salariés
- 50
à 60 références