Implanté à Bersée, près d'Orchies

Stratiforme, un savoir-faire de niche plébiscité à l'export

Depuis 60 ans, Stratiforme a fait de la conception et de la production de pièces en matériaux composites, sa spécialité. Reprise par Guy Leblon en 2005, la PME de Bersée réalise un tiers de son chiffre d'affaires à l'export, autour de trois domaines phares : la défense, le ferroviaire et le médical.

Guy Leblond, ingénieur de formation, a repris le groupe Stratiforme en 2005. © Lena Heleta
Guy Leblond, ingénieur de formation, a repris le groupe Stratiforme en 2005. © Lena Heleta

On les trouve partout : les matériaux composites font partie intégrante de l'aérospatial, du ferroviaire, du sport, etc... mais surtout de l'aviation, l'un des premiers secteurs à les utiliser (50% d'un avion est fabriqué en matériaux composites, ndlr). Lorsque Stratiforme a vu le jour en 1961 et parce que le beau-père du fondateur était forain, l'entreprise réalisait les premières voitures de manèges en matériaux composites, pour ensuite se tourner vers les cuves pour engrais. D'autres marchés se sont depuis ouverts à l'entreprise qui n'a cessé d'innover pour se diversifier.

Aujourd'hui, 70% de l'activité est consacrée au ferroviaire, 20% à la défense, et 10% au médical (avec la fabrication de cabines de télé-consultation à destination de grands groupes ou de communes souffrant de déserts médicaux). «Nous sommes à la croisée entre la haute technologie, les processus industriels et d'artisanat» détaille Guy Leblon.

Fabrication de cabines ferroviaires pour le monde entier

Dans l'atelier qui compte 75 collaborateurs – sur les 110 présents à Bersée –, sont construites les cabines du train Regio-2N, mais aussi celles du métro de Marseille, de Riyad (en Arabie Saoudite), d'Italie, du Thalys... Parmi les clients de Stratiforme, on retrouve les grands constructeurs de train (Siemens, Alstom...) mais aussi les exploitants (SNCF, SNCB, Deutsche Bahn....) et dans le secteur de la défense, les constructeurs de véhicules blindés. «Nous nous sommes ouverts au secteur de la défense il y a six ans, un marché sur lequel nous voulons monter en puissance, d'autant plus qu'il est naturellement français.»

Une cabine de train, avant son passage en peinture. © Lena Heleta

Si l'usine de Bersée concentre la majorité des collaborateurs (sur un groupe d'un effectif de 200 personnes), Stratiforme s'est rapidement étendu à l'international, qui représente aujourd'hui 30% de l'activité, essentiellement en Europe : «nous avons une filiale en Pologne ainsi qu'une joint-venture en Inde. Une unité va bientôt s'implanter au Maroc». Globalement, le groupe réalise 22 M€ de CA – dont 16 sur le site régional. Stratiforme compte également une unité de production en Bourgogne.

Le transport, un marché porteur qui se décarbone

«Sur nos marchés, on compte moins de 10 acteurs en Europe. Les Hauts-de-France, majoritairement ferroviaires, – 30 à 40% de l'activité française est réalisée dans les Hauts-de-France, ndlr – représentent 20% de notre activité. Le marché du transport est porteur mais surtout, nous prenons tous conscience que la décarbonation passera par une meilleure utilisation des transports. Aujourd'hui, tous nos développements se font autour des matériaux bio-sourcés, à la fois dans nos processus internes et nos matières premières» poursuit le dirigeant.

Engagée il y a plus de 10 ans dans une démarche écologique, Stratiforme réalise également des études pour aller jusqu'à la recyclabilité complète des produits ; actuellement, les déchets servent à alimenter les cimenteries.

Avec un consortium d'entreprises, Stratiforme est en train de travailler sur une navette électronique autonome (grâce à l'énergie photovoltaïque) à destination de petites lignes ferroviaires. Le prototype devrait voir le jour en 2025. «En France, on commence à mettre en place des rails à hydrogène ou des trains sur batteries pour les trains légers. Mais pour avoir une autonomie plus importante, le matériel ne doit pas être lourd et les matériaux composites le permettent.»

La PME consacre 2 à 3% de son CA à la R&D : au sein de son propre centre technique, le «Technoforme» compte une vingtaine de techniciens et ingénieurs qui conçoivent les pièces en 3D et avec une durée de vie la plus longue possible. «Quand on reçoit une cabine de train d'un designer, on en fait un produit qui peut être industrialisé. Derrière, ce sont des moules de fabrication. On travaille à la fois sur les propriétés mécaniques mais aussi de résistance chimique ainsi qu'au feu» explique le dirigeant.

Maintenir la croissance

Ces moules, une fois fabriqués, sont recouverts de plusieurs strates de textiles techniques – qui confèrent au matériau composite toute sa robustesse –, imprégnées ensuite de fibres de résine qui par polymérisation, donneront une pièce prête à peindre. Une cabine de train peut ainsi être produite en quatre semaines environ. Sur un marché des transports en commun en croissance de 3 à 4% par an, Stratiforme entend poursuivre sur sa belle lancée en maintenant une progression de son chiffre d'affaires de l'ordre de 5% annuels.