SOS Entrepreneur lance un appel au gouvernement pour relancer l’économie

Créée en mars 2011, l’association SOS Entrepreneur se veut la porte-parole des TPE et des PME en difficulté. Avec, comme combat, leur réussite en situation de crise, notamment en cas de cessation de paiement. L’association passe à la vitesse supérieure et a lancé un appel au président de la République et au ministre de l’Economie pour renforcer la croissance par la relance des PME.

Sébastianne Fourreau, chargée de mission levée de fonds, Bruno Delcampe, fondateur et Christophe Tiberghien, bénévole au sein de SOS Entrepreneur.
Sébastianne Fourreau, chargée de mission levée de fonds, Bruno Delcampe, fondateur et Christophe Tiberghien, bénévole au sein de SOS Entrepreneur.

 

D.R.

Sébastianne Fourreau, chargée de mission levée de fonds, Bruno Delcampe, fondateur, et Christophe Tiberghien, bénévole au sein de SOS Entrepreneur.

Un numéro (06 15 24 19 77) à toute heure du jour et de la nuit, entièrement dédié − et ce, dans la plus stricte confidentialité − aux patrons soucieux de sauver leur entreprise. Au bout de la ligne, Bruno Delcampe, un ancien dirigeant qui a perdu son entreprise d’isolation thermique par l’extérieur suite à la crise de 2008. Un souvenir resté marqué dans la tête de celui qui, désormais, veut éviter à tout chef d’entreprise de vivre cette situation : “Une grande entreprise n’a aucune difficulté à se faire aider. C’est autre chose pour les petites… J’ai connu 18 mois de redressement judiciaire, je n’ai pas eu d’autre choix que de laisser mon entreprise au tribunal pour sauver 80 emplois.” Il en tirera une leçon : tirer la sonnette d’alarme suffisamment tôt pour éviter que la situation se dégrade. “Dès qu’il y a une perspective de cessation de paiement, il faut appeler SOS Entrepreneur.” Les chiffres de 2015 connaissent un léger rebond : pour le troisième trimestre, le nombre de défaillances au niveau national a diminué (-5% par rapport à 20141), même si la région a connu une augmentation de +1,4% (2 615 défaillances en 2015 pour 2 579 en 2014). Il est donc urgent d’agir selon Bruno Delcampe. “Les politiques semblent porter leurs fruits, mais nous faisons face à deux soucis : le besoin de financement de l’exploitation et des investissements. Les entreprises commencent à relancer leur carnet de commandes, mais elles n’ont pas la trésorerie nécessaire ! Et on observe aussi un retard record des délais de paiement : les entreprises font le dos rond et paient leurs factures avec presque 15 jours de retard ! Il est donc urgent d’aider à une reprise de l’investissement en renforçant les besoins de financement“, analyse-t-il.

Libérer les chefs d’entreprise. Il y a quelques semaines, l’équipe de SOS Entrepreneur est donc intervenue auprès de la présidence de la République et du ministre de l’Economie pour que la loi Macron 2 favorise la distribution de crédit et la relance de l’investissement. Avec deux propositions de taille : atténuer la portée de caution personnelle du chef d’entreprise − désormais demandée dans 99% des demandes de crédit − et permettre à l’entreprise en plan de continuation ou de sauvegarde de trouver les financements par la transformation de leurs dettes judiciaires en dettes classiques. “Quand un chef d’entreprise va demander de l’argent, la banque lui réclame systématiquement une caution bancaire sur ses fonds propres. Et pourtant il faut libérer les chefs d’entreprise, dont un grand nombre se paie au SMIC !” SOS Entrepreneur a donc proposé aux équipes du président de la République et du ministre de l’Economie de limiter la caution bancaire à 6 mois (actuellement illimitée dans le temps), mais aussi de supprimer la résidence principale du chef d’entreprise dans les cautions bancaires. “Cela a été retiré dans la loi Macron d’août 2015 pour les artisans et les commerçants. Et pour les TPE/PME ?” interroge Bruno Delcampe. Autres améliorations proposées : remettre en place les cautions mutuelles via la bpi ou un fonds de mutualisation et de solidarité interentreprises. Concernant la transformation des “dettes judiciaires” en dettes classiques, il s’agirait de permettre à la bpi d’accorder sa garantie aux banques qui rachèteraient le “passif concordataire” pour les transformer en dettes classiques ou de créer un fonds de solidarité alimenté par un prélèvement sur les intérêts pratiqués par les banques sur les crédits qu’elles accordent aux entreprises en sauvegarde ou en redressement judiciaire. Bruno Delcampe espère bien que ces propositions séduiront les plus hauts fonctionnaires, rappelant ainsi que la loi de sauvegarde accélérée du 1er juillet 2014, proposée par l’association, avait été entendue par le ministère de la Justice. “Un chef d’entreprise qui va au tribunal est courageux, car il s’engage à payer sa dette en ayant peu de ressources. 80% de ces plans n’aboutissent pas, car la liquidation survient avant. Il faut une stratégie nouvelle pour sauver une entreprise.” C’est là qu’intervient SOS Entrepreneur et son accompagnement d’urgence avec un diagnostic établi dans les cinq heures.

Éteindre les feu“. “Rapidement SOS Entrepreneur détecte si l’entreprise est en cessation de paiement en analysant le haut de bilan et le financement en fonds de roulement. Si ce n’est pas le cas, on oriente le dirigeant vers les chambres de commerce. Nous listons les problèmes qu’il peut y avoir avec les clients ou les fournisseurs. Cet entretien de première urgence permet d’éteindre les feux. Nous ne sommes pas dans le conseil mais dans l’action en mobilisant une équipe de crise : un expert-comptable, un avocat, un entrepreneur.” L’association est en train de mettre en place pour la fin de l’année les “experts de crise” − des bénévoles qui ont, eux aussi, connu des difficultés dans leurs entreprises –, pour un suivi approfondi avec une formule plafonnée à 2 000 € par mois et un expert dédié à une entreprise, disponible 24 heures sur 24. “SOS Entrepreneur financera 80% de cette somme“, précise Bruno Delcampe qui conclut : “Dès que les nuages apparaissent, il faut nous appeler.

1. Source Altares, 13 octobre 2015.

ENCADRE

SOS Entrepreneur au secours des chefs d’entreprise

− 7 147 appels téléphoniques de détresse provenant de toute la France.

− 1 213 entreprises aidées en urgence − 340 issues immédiates, 413 abandons, 462 accompagnements sur le long terme − soit 551 entreprises conseillées et accompagnées, dont 291 entreprises en voie de redressement.

− Répartition par secteurs d’activité : BTP second œuvre (30%), transport (20%), B to C (15%), informatique (10%), restauration (10%), services aux particuliers (10%), services aux entreprises (5%).

SOS Entrepreneur appartient au Portail du rebond des entrepreneurs, qui regroupe depuis 2013 trois autres associations : Second Souffle, 60 000 Rebonds et Re-Créer.