Sencrop prend le pouls des cultures européennes et mondiales
Alors que Sencrop a tout juste fêté ses six ans, l'entreprise vient de boucler une levée de fonds de 18 millions de dollars pour accélérer la transition vers une agriculture durable et connectée. Avec l'ambition forte de devenir le leader mondial de l'AgTech.
En 2016, Martin Ducroquet et Michael Bruniaux décident d'allier leurs compétences tech et agricoles pour créer une entreprise qui compte aujourd'hui une centaine de collaborateurs, dont 70 au siège social, à deux pas d'EuraTechnologies. Le premier, originaire de Saint-Pol-sur-Ternoise, a toujours baigné dans l'agriculture et le milieu de la food ; le second, dans l'informatique et le développement de capteurs sans contact.
En quelques années seulement, Sencrop
est devenu le leader européen dans l'agriculture de précision
grâce à des solutions agro-météo collaboratives. «Depuis
la nuit des temps, les agriculteurs sont addicts à la météo. Mais
l'observation météo avec une telle capillarité, cela n'existait
pas», avance Martin Ducroquet, cofondateur et directeur général.
Les
capteurs et la plateforme de Sencrop permettent de recevoir des
informations prédictives et en temps réel pour leurs parcelles :
hygrométrie, pluviométrie, température de l'air, vitesse du
vent... Autant de mesures qui permettent de prévenir les risques de
maladies, d'optimiser l'utilisation des intrants... Sencrop travaille
aujourd'hui avec 20 000
professionnels
(agriculteurs, viticulteurs, arboriculteurs...), dont 2 000 dans les
Hauts-de-France.
Les
relevés sont effectués tous les quarts d'heure, avec des données
remontées quasiment en temps réel vers l'application. Aussi, «80%
des données sont consultées sur mobile. Par essence même, les
agriculteurs sont mobiles. Ils consultent d'ailleurs Facebook bien
plus que la majorité de la population française !», sourit Martin Ducroquet.
L'agriculture
de précision, permise par l'IoT
«Notre
mission ? Permettre à tous les agriculteurs, quelle que soit leur
taille, de mieux produire en réduisant les risques sur leurs
cultures et en ayant une empreinte carbone positive. Ils savent quand
ils doivent intervenir, quand ils doivent traiter ou récolter. On
demande à cette profession d'évoluer et elle est prête», poursuit Martin Ducroquet. Qu'il s'agisse d'agriculture
conventionnelle, raisonnée, biologique, etc., les stations de Sencrop
s'adressent aux exploitations végétales de grandes cultures.
Et
grâce à la massification, Sencrop propose des prix abordables,
accessibles même aux petits exploitants (à partir de 300 € pour
une station). Dans la région, l'entreprise lilloise couvre 50% des
exploitations de pommes de terre, 30% des céréales, des
betteraves... Un maillage important (les Hauts-de-France comptent 23
000 exploitations, dont 15 000 exploitations végétales, ndlr) que
Sencrop intensifie progressivement avec l'ambition d'équiper très
rapidement 100 000 agriculteurs.
En
plus des mesures en temps réel, Sencrop tire sa spécificité avec
une solution collaborative : connectés par des réseaux, les
agriculteurs peuvent partager les informations recueillies sur leurs
parcelles et s'entraider pour trouver des solutions. «C'est
une sorte de 'Waze de l'agriculteur' : les 400 groupements agricoles
avec lesquels nous travaillons (dans la région, Uneal en fait
notamment partie, ainsi que les Chambres d'agriculture) peuvent ainsi
créer des réseaux et avoir une vue d'ensemble d'un territoire. Plus
on a de données sur un territoire, plus on peut aider les
agriculteurs et personnaliser les conseils.»
L'export,
un atout majeur
Dès 2018, l'entreprise a exporté son savoir-faire, vers la Grande-Bretagne dans un premier temps, puis vers l'Allemagne, l'Espagne, la Belgique... Aujourd'hui Sencrop est présent dans 21 pays, avec près de 25 000 stations – dont 17 000 en France – et réalise plus de 25% de son chiffre d'affaires à l'export, avec l'ambition d'atteindre les 50% prochainement.
La
récente levée de fonds en série B de 18 millions de dollars, menée
par JVP (avec le soutien d'EIT Food, Stellar Impact, IRD Gestion et
les actionnaires historiques de Sencrop), va dans ce sens : «Nous
avons un produit très universel. Que l'on soit en Inde ou aux
Etats-Unis, l'agriculteur en a besoin. Notre premier enjeu est
d'avoir un maillage fort partout en Europe - il y a encore une grosse
réserve de croissance -, pour ensuite s'étendre en Amérique du Nord
et du Sud. Notre stratégie est internationale», poursuit le cofondateur.
Avec
également, en parallèle, des améliorations des produits, côté
logiciel comme côté matériel ainsi que de l'application. Sencrop
recherche une trentaine de talents à Lille ainsi que sur ses autres
implantations. «Il y a
un réel enjeu de data science sur la qualité de nos données. Ce
sont elles qui permettent de donner de l'autonomie à l'agriculteur.
Il reprend la main sur la décision et dans un contexte économique
tendu, la transition agro-écologique est indispensable. Ce qu'il
faut mettre en place, c'est tout un écosystème digital.»