Segard Masurel prend le pli d’une laine d’origine France
L’entreprise, Segard Masurel, acteur majeur de la laine depuis 174 ans, fait partie des rares survivants de l’époque où Roubaix et Tourcoing étaient des capitales mondiales de la laine. Pendant des années, le côté local a été lésé au profit d’une ouverture mondiale, mais aujourd’hui la tendance s’inverse avec l’envie de s’ancrer davantage sur le territoire d’origine. Explications.
«Chez Segard Masurel, on voudrait utiliser notre savoir-faire industriel, pour développer une filière 100% laine provenant de France», assure Olivier Segard, dirigeant de l’entreprise à Tourcoing. Depuis deux ans maintenant, l’entreprise sillonne les campagnes dans le but d’accroitre le réseau de laine de France, aujourd’hui essentiellement exportée brute, afin de développer une laine plus qualitative qui sera lavée, peignée et semi-transformée avant d’être revendue. «La qualité de la laine de France, est difficilement utilisable pour l’habillement ou la fabrication de tapis par exemple. Dans la mise en place de cette filière, nous avons donc un rôle d’éducateur et de trait d’union à jouer» explique Olivier Segard. L’un des défis pour cette entreprise est d’aider les agriculteurs à améliorer la qualité de leur laine. «En premier lieu, il y a un véritable travail de sensibilisation des agriculteurs français. Nous les mettons ensuite en relation avec des marques françaises qui sont attirées par le Made in France afin de créer des possibilités, des projets. Chez nous il y a un vrai souci de transparence entre l’éleveur et l’industriel», poursuit le dirigeant. L’objectif, à plus ou moins long terme, est d’obtenir un label “100% laine provenant de France” avec des éleveurs et des produits certifiés.
Vers un traitement de la laine made in France
La vision à court terme est de pouvoir consolider une filière laine qui provient du territoire français, mais à long terme le dirigeant n’exclut pas la possibilité de tendre vers une laine 100% Made in France de la tonte, en passant par le lavage jusqu’au produit finit. «Il faut aussi être pragmatique, on peut y tendre sans être extrémiste dans la démarche. Il vaut mieux commencer de façon imparfaite que de ne pas commencer du tout», pointe Olivier Segard. Pour le moment l’entreprise réalise le lavage de la laine provenant de France en Belgique et en ce qui concerne la filature et le peignage, cette laine est livrée aux filateurs de Saint-James, dans la Manche. «Il faut souligner que c’est tout de même fait en Europe, ce n’est pas de la grande importation. On reste dans un environnement proche. L’industrie lainière décimée dans les années 90, ne va pas être remise sur pied d’un coup de baguette magique», démêle Olivier Segard. Le projet démarre sur les chapeaux de roue car une première collection va être lancée avec l’entreprise Saint-James. «C’est un engagement fort de la part des marques car on leur vend de la laine plus chère et de moins bonne qualité qu’en Amérique du Sud. C’est l’histoire derrière qui attire, c’est local. L’idée au final est de consommer plus de laine au détriment du synthétique», conclut Olivier Segard, dirigeant de l’entreprise tourquennoise.