Roubaix : MooM, l'application responsable de seconde main

On a tous des placards qui débordent de vêtements, petit électroménager, jeux... Certes, il y a le grand nom lituanien de la seconde main Vinted, mais il y a surtout, à Roubaix, une alternative responsable : MooM.

Juliette Lasnon a créé, avec ses associés, l'application MooM à Roubaix en janvier 2021.
Juliette Lasnon a créé, avec ses associés, l'application MooM à Roubaix en janvier 2021.

Il ne s'agit pas uniquement de revendre. Mais aussi d'échanger, de donner, de recycler et de faire réparer des vêtements, accessoires ou articles d'électroménager tout en faisant travailler des indépendants de son territoire. L'application imaginée par Juliette Lasnon et ses quatre associés, incubés à Blanchemaille, a déjà séduit près de 20 000 utilisateurs et compte plus de 7 000 annonces.

«Après un début de carrière dans la grande distribution, j'ai été interpellée par le changement de business model dans le retail. Comment sortir d'une production massive et des articles de moins en moins chers ? Pendant 30 ans, on a vécu dans l'économie linéaire – 'je produis, j'achète, je vends' – mais les consommateurs n'en ont plus envie», explique-t-elle.

Pour les particuliers comme le B to B

L'idée de MooM, c'est de rassembler en un seul et même lieu les particuliers, les marques et les distributeurs, pour agir en faveur de la seconde main. Et il y a du boulot puisque le marché de la seconde main représente 7 milliards d'euros selon le cabinet Xerfi. Pour les retailers, c'est un nouveau business qui s'ouvre mais ils ont souvent du mal à s'en saisir. «Pourtant c'est maintenant qu'il faut se préparer et enclencher la démarche», assure Juliette Lasnon.

En adhérant à la plateforme B to B Moom, l'enseigne perçoit 20 centimes forfaitaires et la moitié de la commission de 3% imputée aux acheteurs sur les produits de sa propre marque. Ensuite, elle propose au particulier soit un rachat du produit au prix de l'argus intégré à l'appli, ou négocié, soit le dépôt et la mise en avant des produits dans son réseau physique. C'est par exemple le cas de Devianne qui réinjecte des produits dans un corner dédié à la seconde main ou qui, dans ses 40 boutiques, propose un atelier de réparation.

Changement de réflexes

«Toutes les marques revoient leurs modes de production. Est-ce que ce qui dort dans les placards ne pourrait pas être de la matière première pour des futurs produits ?», questionne Juliette Lasnon. Alors que les volumes d'achat textile sont en baisse, c'est aussi l'occasion pour les marques d'avoir plus d'informations sur les clients et les produits qu'ils attendent et donc de créer de la fidélité.

Du côté des particuliers, MooM a constitué un réseau de 5 000 acteurs de l'économie circulaire (réparateurs, couturiers... qui n'ont pas forcément la maîtrise du digital et qui bénéficient donc d'une visibilité) – dont une centaine dans les Hauts-de-France –, avec l'objectif d'atteindre rapidement les 100 000 adresses. «Nous proposons aussi les réseaux de collecte pour les objets qui ne peuvent pas être vendus ou donnés. On évite la poubelle et on privilégie la seconde vie, c'est un changement de réflexe.»