Roubaix : MooM, l'application responsable de seconde main
On a tous des placards qui débordent de vêtements, petit électroménager, jeux... Certes, il y a le grand nom lituanien de la seconde main Vinted, mais il y a surtout, à Roubaix, une alternative responsable : MooM.
Il ne s'agit pas uniquement de revendre. Mais aussi d'échanger, de donner, de recycler et de faire réparer des vêtements, accessoires ou articles d'électroménager tout en faisant travailler des indépendants de son territoire. L'application imaginée par Juliette Lasnon et ses quatre associés, incubés à Blanchemaille, a déjà séduit près de 20 000 utilisateurs et compte plus de 7 000 annonces.
«Après
un début de carrière dans la grande distribution, j'ai
été interpellée par le changement de business model dans le
retail. Comment sortir d'une production massive et des articles de
moins en moins chers ? Pendant 30 ans, on a vécu dans l'économie
linéaire – 'je produis, j'achète, je vends' – mais les
consommateurs n'en ont plus envie», explique-t-elle.
Pour
les particuliers comme le B to B
L'idée
de MooM, c'est de rassembler en un seul et même lieu les
particuliers, les marques et les distributeurs, pour agir en faveur
de la seconde main. Et il y a du boulot puisque le marché de la
seconde main représente 7 milliards d'euros selon le cabinet Xerfi.
Pour les retailers, c'est un nouveau business qui s'ouvre mais ils ont souvent du mal à s'en saisir. «Pourtant
c'est maintenant qu'il faut se préparer et enclencher la démarche», assure Juliette Lasnon.
En
adhérant à la plateforme B to B Moom, l'enseigne perçoit 20
centimes forfaitaires et la moitié de la commission de 3% imputée
aux acheteurs sur les produits de sa propre marque. Ensuite, elle
propose au particulier soit un rachat du produit au prix de l'argus
intégré à l'appli, ou négocié, soit le dépôt et la mise en
avant des produits dans son réseau physique. C'est par exemple le
cas de Devianne qui réinjecte des produits dans un corner dédié
à la seconde main ou qui, dans ses 40 boutiques, propose un
atelier de réparation.
Changement
de réflexes
«Toutes
les marques revoient leurs modes de production. Est-ce que ce qui
dort dans les placards ne pourrait pas être de la matière première
pour des futurs produits ?»,
questionne Juliette Lasnon. Alors que les volumes d'achat textile
sont en baisse, c'est aussi l'occasion pour les marques d'avoir plus
d'informations sur les clients et les produits qu'ils attendent et
donc de créer de la fidélité.
Du
côté des particuliers, MooM a constitué un réseau de 5 000
acteurs de l'économie circulaire (réparateurs, couturiers... qui
n'ont pas forcément la maîtrise du digital et qui bénéficient
donc d'une visibilité) – dont une centaine dans les
Hauts-de-France –, avec l'objectif d'atteindre
rapidement les 100 000 adresses.
«Nous
proposons aussi les réseaux de collecte pour les objets qui ne
peuvent pas être vendus ou donnés. On évite la poubelle et on
privilégie la seconde vie, c'est un changement de réflexe.»