Qui sera l’Autodidacte 2015 ?

Créées en 1989 par le Harvard Business School Club de France et accompagnées par le cabinet Mazars, les Victoires des autodidactes honorent, depuis de nombreuses années, les performances réalisées par des chefs d’entreprise ou des cadres dirigeants qui n’ont pas pu bénéficier de l’enseignement supérieur.

Un des véhicule magasin proposé par Hedimag.
Un des véhicule magasin proposé par Hedimag.

 

D.R.

Hervé Diers avoue s'être fait plaisir avec son bureau hors norme et qui lui rappelle chaque jour les défis de chef d'entreprise.

En mettant en avant l’esprit entrepreneurial, l’innovation mais aussi les projets et les parcours des dirigeants de toutes les régions de France, ce titre honorifique a déjà été décerné à plus de 130 lauréats. Après les finales régionales, direction le Sénat pour le prix de l’”Autodidacte de l’année”, remis l’an dernier à Philippe Ginestet, PDG et fondateur de l’enseigne Gifi.

En région, qui succédera à Pierre Riou, à la tête du groupe Riou Glass (Vendin-le-Vieil), Autodidacte de l’année 2014 ? En lice pour la région Nord − Pas-de-Calais − Picardie et Haute-Normandie, Hervé Diers, dirigeant d’Hedimag à Hazebrouck, Yves Mariot, de Mariot voyages à La Bassée, et Didier Roth, groupe Roth peintures à Petite-Forêt.

Hervé Diers, de l’entreprise Hedimag à Hazebrouck

Je pilote mon entreprise comme dans un rallye raid, en surmontant les obstacles.

Nous avions rencontré Hervé Diers en 2008, pour la sortie de Bienvenue chez les Ch’tis. La célèbre baraque à frites, “Chez Momo”, avait donné un énorme coup de booster à son entreprise, même si, étonnamment, il nous apprend cette année que les friteries ne représentent que “10% de son chiffre d’affaires“. En effet, Hedimag, c’est bien plus que ça. Le spécialiste des véhicules-magasins, basé à Hazebrouck, fabrique tous les ans plus de 350 véhicules : rôtisseries, fours à bois ou au gaz pour les pizzas, food-trucks, remorques-étals, événementiel… Depuis 25 ans, Hedimag a largement imposé sa marque de fabrique, en occupant la place de 3e du marché. Soit 7,3 millions d’euros de chiffre d’affaires, 8% à l’export et 50 salariés, dont 40 en production : des chiffres à la hauteur de l’investissement d’un homme et de ses équipes. Si Hervé Diers n’attribue pas sa réussite au hasard – «j’ai toujours provoqué mes chances, mais j’ai aussi une bonne étoile…» –, il n’y a aucun doute sur le fait qu’il est né pour être entrepreneur.

Chef d’entreprise à 18 ans. «Je n’ai que mon bac à farine en poche», s’amuse-t-il à dire. Après une formation en boulangerie/pâtisserie, il achète, à seulement 18 ans, une petite affaire à Roubaix. «Je livrais un client qui m’a parlé d’un terrain inoccupé aux Trois-Ponts, il m’a proposé de m’y installer», se rappelle-t-il. Malgré le succès (Hervé Diers multiplie son chiffre d’affaires par cinq !), il vend l’enseigne pour créer «Ya’Bon» (viennoiserie, pâtisserie, sandwich) et embauche une dizaine de salariés. Nostalgique de sa Flandre natale, il duplique le concept à Hazebrouck pour ne plus jamais en repartir. Suivront des implantations à Saint-Omer et Lille, points de vente qui seront revendus à Tout Chaud en 1992. En parallèle, il lance en 1988 l’entreprise qui fait son succès aujourd’hui : Hedimag. «Il y avait des travaux de gaz dans la rue, plus personne ne pouvait venir à la sandwicherie : j’ai donc construit ma première remorque-terminal de cuisson pour l’installer sur la Grand-Place d’Hazebrouck. J’ai sauvé mon chiffre d’affaires et je suis entré dans le monde du camion-magasin par un ami qui vendait des poulets et qui m’a suggéré qu’avoir une remorque intégrée lui faciliterait la vie. Nous sommes allés voir son constructeur, pas vraiment convaincus que cela marcherait. Si on en vendait quelques-unes, ce serait déjà pas mal !» 12 la première année, 60 la seconde, puis 200… Les commandes affluent, tant et si bien que le constructeur finit par avoir du mal à suivre le rythme effréné. Il n’en fallait pas plus à Hervé Diers pour décider d’intégrer la fabrication dans un atelier de Caestre dès 1995. Premier succès : les véhicules Rôtimag, destinés aux marchés, avec plus de 4 000 véhicules commercialisés à ce jour. Viendront le tour de Pizzamag, de Mamie Pizz… Pour arriver aujourd’hui à une dizaine de références, déclinables en camion, remorque, semi-remorque ou cellule kiosque, s’échelonnant de 10 000 à 20 000 €. «La grande tendance, ce sont les food-trucks. Nous répondons aussi à la crise : avec un investissement de 10 000 €, il est possible de démarrer son entreprise, avec très peu d’échecs derrière. Seuls 5% des clients arrêtent leur activité», précise Hervé Diers. Gros carton aussi pour l’entreprise dans le milieu du cinéma avec Camping 2Les Tuche, mais aussi la présence d’une baraque à frites au Festival de Cannes, la création d’un food-truck pour la demi-finale de Top Chef 2011… En véritable pro de la communication, Hervé Diers fait parler de son entreprise aux quatre coins de la France et en a fait une marque à part entière.

Bientôt à l’étroit. Une visite des entrepôts suffit à se rendre compte que les 10 000 m2 de surface à Hazebrouck commencent à être un peu exigus. «Il nous reste encore 5 000 m2 de disponibles, nous sommes en train de réfléchir à la construction de bâtiments neufs.» D’autant plus que depuis une petite année, la filiale Hedicom est venue rejoindre le groupe suite au rachat d’un sous-traitant, Sign Up, société de communication, enseigne, lettrage et covering de véhicules. L’année 2016 verra aussi la mise en service d’une machine à commande numérique d’un investissement d’un million d’euros. «Nous espérons doubler le nombre de véhicules !»Si Hervé Diers revient avec beaucoup d’humilité sur son parcours, il n’en reste pas moins un travailleur acharné, qui pèse chacune de ses décisions : «Rien n’est jamais totalement réussi. Il faut savoir bien s’entourer, être humain et faire confiance à la jeunesse. Je pilote mon entreprise comme un rallye-raid : il faut arriver au bout des obstacles sans casser la mécanique !» Passionné de sports mécaniques, il a déjà neuf Dakar à son actif, «mais toujours en tant qu’amateur», avec des véhicules estampillés Hedimag. Celui qui a agrémenté ses bureaux flambant neufs de citations qu’il affectionne – « Il faut toujours viser la lune car, même en cas d’échec, on atterrit au milieu des étoiles» (Oscar Wilde), «Certains considèrent le chef d’entreprise comme un loup qu’on devrait abattre ; d’autres pensent que c’est une vache que l’on peut traire sans arrêt ; peu voient lui le cheval qui tire le char» (Winston Chruchill) – vit son entreprise comme une seconde nature et, en fervent défenseur du Nord-Pas-de-Calais, espère bien porter les couleurs de sa région à Paris pour la finale !

Hedimag et ses filiales

La financière HMD au capital de 1 438 000 €, 100% familiale, détient la SAS Hedimag, l’EURL Locdif (maintenance et location de véhicules magasins) et la SARL SMD (qui gère le château La Châtellerie de Schoebecque, un hôtel 4 étoiles à Cassel géré par Mme Diers), mais aussi la SCI La Seigneurie, la SCI Les Remparts et la SCI Modupol.

Chiffre d’affaires : 7,3 millions d’euros (un tiers de particuliers, un tiers de renouvellement de matériels, un tiers de grands groupes), dont 8% à l’export (objectif à trois ans : 20 à 25%).