Qui pour juger Trump ? A New York, les jurés potentiels passés au tamis
L'un est originaire du Texas, un Etat notoirement conservateur, et craint d'avoir un biais de droite; l'autre annonce d'emblée qu'elle ne pourra pas être impartiale. Au procès de Donald Trump à New York, le ballet des jurés potentiels expose la...
L'un est originaire du Texas, un Etat notoirement conservateur, et craint d'avoir un biais de droite; l'autre annonce d'emblée qu'elle ne pourra pas être impartiale. Au procès de Donald Trump à New York, le ballet des jurés potentiels expose la complexité de juger l'ex-président républicain à la personnalité clivante.
Kara McGee, 29 ans, fait partie des dizaines de New-Yorkais convoqués au tribunal devant lequel comparaît M. Trump, 77 ans. Il est accusé d'avoir falsifié des documents pour cacher des paiements destinés à acheter le silence d'une ancienne star de films X.
Devant le juge, les citoyens doivent répondre à un questionnaire détaillé dévoilant une grande partie de leur vie: profession, situation familiale, sources d'information et centres d'intérêt.
La jeune femme raconte à l'AFP que lorsqu'elle a reçu la lettre lui demandant de se présenter, elle a pensé que "ce serait cool" qu'il s'agisse bien du procès de l'ex-président et qu'elle aurait adoré participer à cet événement historique.
Le processus de sélection ne l'a pas déçue: "c'était incroyable (...). C'est juste fascinant de voir cette personne que vous avez suivie dans les infos sur la campagne", dit-elle.
Malheureusement pour elle, le juge l'a récusée mardi pour des questions d'horaires: travaillant dans la cybersécurité, elle a affirmé qu'elle ne serait disponible qu'après 16H30 ou 17H00 tous les jours.
Juste avant d'être recalée, elle a aussi dit qu'elle avait un temps été abonnée à des newsletters et des groupes anti-Trump sur les réseaux sociaux.
Le Texas, excusé
Pour le juré numéro B354, le contraire a joué. Originaire du Texas, amateur de golf comme Donald Trump et travaillant dans la comptabilité, il affirme que son domaine professionnel tend à "pencher intellectuellement du côté républicain".
Ses origines texanes pourraient aussi l'influencer, poursuit-il, mais il dit ne pas en "être sûr".
Le juge Juan Merchan explique alors avoir besoin d'une position sans équivoque de sa part.
"Cela va probablement être dur pour moi d'être impartial", reconnaît le juré B354. Après des concertations entre le magistrat et les avocats, il est excusé.
Pressé de questions par Todd Blanche, l'avocat de M. Trump, le juré B113, un homme blanc aux courts cheveux gris, refuse de révéler ce qu'il pense de l'ancien président, assurant que son opinion ne compte pas et qu'il est capable de faire la part des choses.
"Je suis démocrate, donc voilà, mais j'entre ici et (pour moi) c'est un accusé, et c'est tout", dit-il.
Sur un lac, sans wifi
Installée dans le siège numéro 17, une autre jurée potentielle, une jeune femme noire d'une vingtaine d'années, dit s'informer sur Google et TikTok: "Je n'aime pas les infos, ni les journaux".
A la question de savoir si elle a une opinion tranchée sur M. Trump, elle évoque la dernière présidentielle, que le milliardaire républicain assure toujours avoir remportée - il a en fait été battu par le démocrate Joe Biden, qu'il doit retrouver pour un nouveau duel pour la Maison Blanche le 5 novembre.
"Il y a eu une division dans le pays et je ne peux pas l'ignorer", affirme-t-elle. "Toutefois, je ne peux pas associer cela à une seule personne".
Un peu plus insolite, une autre jurée potentielle, la numéro B128, explique ne pas être très au courant de l'actualité pour une bonne raison: elle a passé le mois de février et une partie du mois de mars au bord d'un lac, sans wifi.
Et un autre candidat affirme ne pas suivre la politique parce que sa "femme n'aime pas les infos".
Enfin, une jeune ingénieure en informatique travaillant chez Disney assure pouvoir se montrer "juste et impartiale" mais qu'elle a une inquiétude: sa soeur se marie un dimanche en septembre, et il faut bien sûr qu'elle assiste à la cérémonie. Sera-ce possible?
"Si nous sommes encore ici en septembre, ce serait un gros problème", lance le juge, provoquant des rires dans la salle.
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