Quentin Royer, l'homme qui veut transformer Carrefour Euralille
Arrivé il y a trois mois à la direction de l'un des quatre hypermarchés en location-gérance des Hauts-de-France, Quentin Royer entend faire de Carrefour Euralille un lieu de passage obligé pour la restauration, les produits locaux et la mobilité urbaine.
Avec Hazebrouck, Calais et Lomme, Euralille est l'un des hypermarchés du groupe Carrefour à être passé en location-gérance, sur la vingtaine que compte l'enseigne dans les Hauts-de-France. Des magasins dont la situation économique doit être redressée : «Y mettre un chef d'entreprise crée de la dynamique commerciale. Au-delà du concept, le rapport à l'humain est différent. Il faut créer une structure de PME» détaille le Rouennais de 48 ans, à la tête désormais de près de 200 salariés. Durant l'année 2020, 64 magasins en France seraient passés sous ce modèle économique, une bonne cinquantaine en 2021 et probablement une tendance similaire pour 2022.
Le
concept de l'hypermarché évolue
Après
une longue carrière à l'international – dans le groupe Carrefour
mais aussi chez Procter&Gamble et Ahold Delhaize –, ce
passionné de grande distribution est venu poser ses valises à
Lille, une ville qu'il ne connaissait pas du tout. Passé par les
Etats-Unis, l'Allemagne mais aussi la République Tchèque et la
Serbie, ce diplômé d'école de commerce a commencé sa carrière
chez Carrefour en tant que chef de rayon. «C'est
dans le magasin que je me sens le mieux»
concède-t-il. A son retour en France en 2019, il réfléchit à
reprendre une entreprise, sans trouver chaussure à son pied. Il
prend contact avec Carrefour avec la ferme ambition d'apporter sa
pierre à l'édifice au «commerce
moderne».
Passé
sur un seul étage en 2015, Carrefour Euralille s'étend sur 8 000 m2
et voit passer 10 000 personnes chaque jour, dont 4 000 à l'heure du
déjeuner. Avec sa clientèle jeune et urbaine, l'enseigne est le
seul hypermarché du centre-ville lillois, avec d'un côté, son
trafic ultra dense et diversifié – Euralille est l'une des plus
importantes fréquentations des hypermarchés du groupe à l'échelle
française – mais de l'autre, un panier moyen que Quentin Royer
veut faire grimper. Alors pour redresser la barre d'un magasin qui a
aussi souffert de la baisse de fréquentation liée à la crise Covid,
Quentin Royer va opérer des transformations.
«Je
vais créer un pôle restauration avec une gamme différenciante,
couplée à des produits frais et locaux. Mais aussi doubler la
taille du rayon bières avec 400 références. Il faut faire des
choix : à l'origine, ce magasin était multi-généraliste. Je
veux en faire un multi-spécialiste» explique-t-il.
Si Carrefour reste le principal fournisseur de Quentin Royer (à
80%), le nouveau directeur veut miser sur des marques locales et
françaises pour compléter les rayons. Sur les 30 à 35 000
références que compte le magasin, seuls 5% sont des produits locaux
actuellement.
A
partir du mois de mars 2022, l'enseigne va aussi accélérer le
'lâcher caddie' comme l'appelle Quentin Royer : on vient faire ses
courses en magasin et la totalité du caddie est livrée chez soi. Un
système qui a déjà trouvé de nombreux adeptes, notamment dans le
Vieux-Lille, mais que le directeur veut accélérer sur l'ensemble du
versant Nord-Est de la métropole lilloise, et avec des livraisons en
scooter électrique.
300 m2 dédiés à la mobilité urbaine
Plus
étonnant encore, une place importante sera faite aux trottinettes et
vélos électriques. «Un hyper n'est pas forcément une
destination pour acheter un vélo mais on prend ce pari. On travaille
d'ailleurs avec des distributeurs français, comme La Manufacture du
cycle» Au total, une quinzaine de trottinettes et une vingtaine
de vélos seront proposés.
Parallèlement,
d'autres rayons vont disparaître comme l'automobile ; ou seront
repensés, comme la décoration et le textile. Difficile en effet de
faire concurrence sur ce segment quand des leaders de la fast fashion
occupent l'ancien deuxième étage de l'hyper (Primark)... «C'est
aussi la souplesse qu'offre la location-gérance» concède
Quentin Royer qui mise aussi sur le doublement de surface du pôle
maquillage, dès l'entrée du magasin, principalement à destination
des 40% de clientes entre 15 et 25 ans de l'enseigne.
«Il
nous faut beaucoup de réactivité, et immédiatement. Je suis face à
un vrai challenge : une diversité de clients avec des portefeuilles
différents. En fait, je veux donner au client le bon produit au bon
moment» résume
Quentin Royer.