Budget 2024 de la Sécurité sociale
Quelles mesures concernant les entreprises ?
Le point sur les dispositions de la loi de Financement de la Sécurité sociale pour 2024, publiée le 27 décembre 2023, intéressant les entreprises.
Contrôle
Urssaf : modification de la procédure d'abus de droit
La
procédure d'abus de droit permet à l'agent de contrôle d'écarter
des actes comme ne leur étant pas opposables, lorsque ces actes sont
fictifs ou ont pour unique motivation d'éluder ou d'atténuer les
cotisations (Code de la sécurité sociale, art. L. 243-7-2).
L'abus
de droit est signalé dans la lettre d'observations adressée au
cotisant, qui doit préciser les recours possibles et entraîne une
pénalité de 20%.
La
loi supprime le comité des abus de droit saisi en cas de désaccord
sur les rectifications notifiées (seule voie possible : les voies de
recours de droit commun)
En
revanche, il y a désormais possibilité pour l’employeur contrôlé
de demander une prolongation de la période contradictoire permettant
de répondre à la lettre d'observations ( soit une période de 60
jours au lieu de 30).
Arrêts
de travail et téléconsultations
Dorénavant,
la prescription ou le renouvellement d'arrêts de travail qui seront
délivrés par voie de télémédecine ne pourra porter sur plus de
trois jours, ni avoir pour effet de porter à plus de trois jours la
durée d’un arrêt de travail déjà en cours.
Il
ne sera fait exception à cette règle que lorsque l’arrêt de
travail aura été prescrit ou renouvelé par le médecin traitant,
ou en cas d’impossibilité, dûment justifiée par le patient, de
consulter un médecin pour obtenir, par une prescription réalisée
en sa présence, une prolongation de son arrêt de travail.
Suppression
des indemnités journalières en cas d’arrêt de travail
injustifié, après contre-visite
Au-delà
des téléconsultations, le gouvernement s’était aussi engagé
dans une traque aux arrêts maladie injustifiés (8,8 millions
d’arrêts maladie en France, contre 6,4 millions 10 ans plus
tôt).
Actuellement,
lorsqu'un salarié est en arrêt de travail pour maladie ou pour
accident, l'employeur peut demander à un médecin contrôleur
indépendant (c'est-à-dire autre qu'un médecin du travail ou
de la caisse
de sécurité sociale) d'effectuer une contre-visite
médicale de ce salarié, afin de vérifier la légitimité de
son arrêt de travail.
Cependant, si cette contre-visite permet de
conclure à l'absence de justification de l'arrêt de
travail, ou si le médecin mandaté fait état de l'impossibilité de
procéder à l'examen de l'assuré, celui-ci transmet son rapport au
service du contrôle médical de la caisse de sécurité sociale,
dans un délai maximal de 48 heures. Au vu de ce rapport, ce service
soit demande à la caisse
de suspendre les indemnités journalières (avec possibilité de
contestation du salarié), soit procède
à un nouvel examen de la situation du salarié…La procédure peut
donc s'avérer relativement longue et compliquée.
Le
gouvernement souhaitait donc que, dans le cas où le rapport du
médecin diligenté par l'employeur concluait à l’absence de
justification de l’arrêt de travail ou de sa durée, l’assurance
maladie puisse suspendre immédiatement le versement des indemnités
journalières. Toutefois, le Conseil constitutionnel a
déclaré cette disposition contenue dans le projet de budget de
sécurité sociale pour 2024 non conforme à la Constitution.