Quand les entreprises s’engagent pour l’insertion professionnelle des jeunes

Si la région peut tirer sa force d’une population particulièrement jeune, il n’en reste pas moins que 34,2% d’entre elle est au chômage… Les politiques publiques ont rapidement pris le problème à bras-le-corps, faisant ainsi baisser le chômage des 16-25 ans de 5,3% entre juin 2013 et 2014. Néanmoins, il reste du travail à accomplir et c’est avec l’alliance des institutions, des entreprises et des associations que l’employabilité des jeunes pourra s’améliorer.

Olivier Asselin, président de la fondation AJIR et Christine Jubin, déléguée générale.
Olivier Asselin, président de la fondation AJIR et Christine Jubin, déléguée générale.

 

D.R.

Olivier Asselin, président de la fondation AJIR, et Christine Jubin, déléguée générale.

C’est en 2014 que la fondation AJIR (“Avec les jeunes impliqués pour réussir”) naît de la volonté du milieu patronal et de cinq associations – Ecole de la deuxième chance Grand-Lille, Réseau alliances pôle diversité, Areli Pôle émergence, Unis-Cité Nord-Pas-de-Calais et Entreprendre pour apprendre (voir encadré) – afin d’intensifier leur engagement dans l’intégration de la jeunesse à l’emploi et la citoyenneté. La Fondation met tout en œuvre pour faire connaître ses actions et mobiliser davantage. “Chacune des associations membres s’adresse à une action et des segments bien déterminés, mais avec la même vocation : amener la jeunesse vers l’emploi“, explique Olivier Asselin, président de la Fondation depuis septembre 2015 et ancien directeur régional au sein de la banque CIC. Et de poursuivre : “J’ai accepté cette mission car j’ai vécu le travail de ces associations en accompagnant des programmes en tant qu’entreprise.” Car, bien entendu, sans les entreprises, pas d’insertion possible. Ainsi, 36 entreprises sont mécènes d’AJIR, s’ajoutant aux six fondatrices : Ag2R La Mondiale, Bonduelle, Caisse d’épargne Nord France Europe, idGroup, Mobilis et Vilogia. “Nous devons démontrer l’aspect positif de l’accompagnement de ces programmes, notamment au niveau des collaborateurs : cela crée une réelle motivation. Sans pour autant demander énormément de temps, puisque les entrepreneurs sont accompagnés par les associations qui choisissent les jeunes impliqués.” Derrière l’aspect philanthropique, les entreprises sont aussi à la recherche de productivité… Pas de perte de temps possible, puisque le jeune est déjà reçu par les associations sur ses motivations et ses envies d’engagement. Quand on sait que la région compte 18 000 décrocheurs scolaires, il reste du travail à accomplir et des acteurs à mobiliser. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 71% des jeunes venant de l’École de la deuxième chance trouvent un emploi, 100% des jeunes suivis par Areli terminent leurs études…

Qui dit mobilisation dit forcément moyens financiers. “600 bénévoles travaillent pour ces associations. À l’heure où les budgets publics n’évoluent plus, la tâche est énorme. Il faut des moyens financiers mais aussi que le grand public fasse un effet de levier via des donations à la Fondation“, encourage Olivier Asselin. Un tiers des fonds récoltés est reversé à d’autres organismes comme le réseau Etincelle, l’école La Cordée (Roubaix), l’école de production du Hainaut…

Les projets 2016. AJIR va poursuivre son travail de soutien auprès des associations mais va aussi lancer, en janvier prochain, la carte Pass’AJIR, délivrée aux jeunes ayant suivi un programme dans une association et qui s’engagent à poursuivre leur insertion professionnelle.

Cinq associations engagées pour l’avenir des jeunes du Nord-Pas-de-Calais

− Areli émergence : agir pour l’égalité des chances avec le programme Emergence qui s’adresse aux jeunes lycéens venant de milieux modestes et majoritairement issus de l’immigration. Objectifs : les aider à réussir leurs études supérieures et leur insertion en leur permettant d’accéder à des moyens financiers et un réseau professionnel.

− École de la deuxième chance : assurer l’insertion professionnelle durable de jeunes volontaires de 18 à 25 ans motivés, sortis du système éducatif sans qualification.

− Réseau alliances : accompagner à l’emploi les jeunes diplômés issus de la diversité.

− Unis-Cité : association pionnière dans le service civique en France. Plus de 15 000 jeunes ont déjà effectué leur service civique, dont 2 500 en France en 2015.

− Entreprendre pour apprendre : rendre l’entrepreneuriat accessible à tous, en passant par les techniques d’animation comme “C ma ville” ou la “mini-entreprise”.

Tanguy Toulemonde, un patron qui s’engage en faveur des jeunes

Steffy lingerie, 60 salariés, à Wattrelos, est une PME textile familiale, créée en 1960 et qui se porte bien sur un marché en tension. Tanguy Toulemonde, son PDG, est un patron qui s’est engagé dans la fondation AJIR depuis quelques mois : “L’entreprise a, dans sa nature, un rôle sociétal, mais elle peut aller plus loin : au-delà de sa vocation économique, elle doit s’engager dans la citoyenneté. C’est ce qui m’a plu lorsque j’ai été contacté par AJIR : un  engagement généreux sans contrepartie directe. Je ne me serais pas investi s’il suffisait simplement de signer un chèque. Bien entendu, il faut tenir compte de l’aspect financier, somme toute modeste compte tenu des avantages fiscaux. Mais il est plus difficile de donner de sa personne que de signer un chèque ! Après avoir examiné les cinq associations, j’ai décidé, avec notre DRH, d’en sélectionner trois : Alliances, Areli émergence et Entreprendre pour apprendre. Après avoir expliqué la démarche aux salariés, j’ai choisi de me retirer pour ne pas influencer leur décision. À ma plus grande joie, plus de 10 salariés ont manifesté leur intérêt. Un groupe de 7 salariés va aussi rencontrer des jeunes d’Alliances autour d’un déjeuner une fois par mois. Pour EPA, un groupe de travail sera animé dans une école de Wattrelos. Après réflexion, j’ai décidé d’offrir la moitié du temps consacré à ces actions au salarié pour mener celles-ci et l’autre moitié sera prise sur le temps de travail. Le salarié s’organise naturellement, mais j’offre la souplesse ! Je tiens à ce que cela reste volontaire et non au détriment des missions attribuées en entreprise. Les salariés ont un sentiment d’utilité en rencontrant un autre public, en donnant de leur temps et de leur réseau. C’est important aussi de montrer qu’une entreprise n’est pas seulement un lieu où l’on réalise des bénéfices.