Pleurette s'inscrit dans le durable

Jürgen Engerisser et Gabrielle Radoux ont cofondé en 2014 Pleurette, avec le souci d'une économie plus durable et locale. Aujourd'hui, la start-up, installée au Marché de gros de Lille, fourmille de projets.

Les ballots de substrats dans lesquels poussent les pleurotes sont fournis par des maraîchers.
Les ballots de substrats dans lesquels poussent les pleurotes sont fournis par des maraîchers.

Pleurette, start-up de l’économie bleue et installée au Marché de gros de Lille (MIN) depuis octobre 2016, a remporté au début du mois de janvier le concours européen Katana Project. Seule entreprise française en lice, elle a obtenu 56 305 € grâce au financement participatif, ainsi qu’une bourse européenne de 100 000 €. Une aide bienvenue pour la jeune entreprise, incubée au sein du Marché à Euralimentaire. «On souhaite devenir le leader en champignons bio», souligne Jürgen Engerisser, cofondateur et directeur commercial de Pleurette. Autre projet, le lancement d’une gamme de produits 100% bio, végétarienne et sans gluten, prévue pour le 15 septembre 2018. «On cherche des partenaires et investisseurs», explique-t-il. Une première sauce bolognaise a d’ores et déjà été créée. L’équipe, constituée de six personnes, cherche actuellement des CDI en opérationnel. «On a aussi été lauréat de Réseau Entreprendre Nord en novembre, ils vont nous accompagner sur trois ans.»

«On souhaite devenir le leader en champignons bio»

Le tracteur et le chariot élévateur utilisés sont d’occasion.

Des variétés originales sur le marché bio

Pleurette commercialise auprès de cultivateurs et particuliers des variétés de pleurotes grises, jaunes et roses, mais aussi du shiitake (ou lentin du chêne), des champignons eryngii et du pholiote nameko. «On en produit parce que les autres ne le font pas en bio», justifie Jürgen Engerisser. Seules les pleurotes grises sont cultivées au sein du MIN dans quatre conteneurs maritimes recyclés. À l’intérieur, les champignons reçoivent lumière, courants d’air et humidité. «On reproduit l’atmosphère de la forêt», ajoute-t-il. Le mycélium est d’abord implanté dans du substrat. Une fois que le champignon a fait ses racines, les ballots sont ensuite disposés dans les conteneurs, environ 80 à 100 chacun. Les autres variétés sont quant à elles cueillies dans les catiches de Faches-Thumesnil, des carrières de pierre calcaire situées dans les souterrains de Lille. Jürgen Engerisser a également commencé à y cultiver de la barbe de capucin, l’ancêtre de l’endive. «On s’est rendu compte qu’il n’y avait plus qu’un retraité qui en cultivait dans la région, on ne voulait pas qu’elle disparaisse», explique Gabrielle Radoux, cofondatrice de Pleurette et directrice opérationnelle. L’entreprise compte parmi ses clients principaux le grossiste Leclaire (restaurant) et Spenninck (magasins). Elle réalise son chiffre d’affaires de 315 000 €  principalement sur les ventes de fin d’année, la haute saison pour les champignons. «En décembre, on en vendait une tonne par semaine», indique Gabrielle Radoux.

Jürgen Engerisser, cofondateur de Pleurette, pose avec les premiers produits de sa gamme 100% bio prévue pour septembre 2018 et le kit de culture à domicile.

Créer une «boucle parfaite»

La philosophie de Pleurette s’articule autour de trois termes : recycler, réutiliser et valoriser. «Nous recyclons les matières, réutilisons les lieux et valorisons les personnes», explique l’entrepreneur. Son objectif est de pouvoir créer une «boucle parfaite» entre les champignons sortants et le substrat entrant, fourni par les maraîchers. La production est 100% locale, les étiquettes viennent de Lille, les caisses de livraison en bois sont réutilisées et le marc de café servant de substrat aux kits vient du grossiste Leclaire. «Je veux changer les modes de production», lance Jürgen Engerisser. Il souhaite par ailleurs être capable de fabriquer son propre substrat à partir de résidus urbains et de drêches brassicoles. Avec une double visée : «s’en servir pour les champignons et valoriser pour les sols». Ainsi, en approvisionnant localement les maraîchers, il espère réinjecter de l’activité dans l’économie locale. Théo, stagiaire, étudiant en licence chimie parcours QEPI (qualité, environnement, production industrielle), travaille à faire pousser des champignons sur des drêches de brasserie (issues d’un partenariat avec Les 3 Brasseurs). «La contrainte est de ne pas utiliser la thermie qui s’applique normalement pour éviter la contamination du substrat», explique-t-il. Le projet est pour l’instant encore en phase de test, le substrat de marc de café faisant office de témoin.

Un kit pour faire pousser soi-même ses champignons

En 2014, Jürgen Engerisser et Gabrielle Radoux commercialisent leurs premiers kits de culture à domicile de pleurotes grises à partir du marc de café obtenu chez des restaurateurs lillois. Ils sont aujourd’hui vendus sur Internet, mais aussi en boutique ou en contact direct avec le client.