Philippe Vasseur milite pour le rayonnement de la région
La mission lui avait été confiée en mai 2016 par Xavier Bertrand et Emmanuel Macron – à l’époque ministre de l’Économie, de l’Industrie et du Numérique – avec l’idée d’imaginer un «accélérateur d’idées et de projets». Arrivée à son terme en décembre dernier, elle laisse à Philippe Vasseur le sentiment d’avoir contribué à la revitalisation et à la réindustrialisation de la région, même s’il avoue que «cela n’a pas été tous les jours facile».
Quand le Commissariat spécial à la revitalisation et à la réindustrialisation des Hauts-de-France lui a été confié, Philippe Vasseur terminait son mandat de président de la CCI de Région. Un moyen pour l’ancien ministre de l’Agriculture, de la Pêche et de l’Alimentation, de continuer de soutenir, comme il l’a régulièrement fait, les entreprises régionales en difficulté. Qu’il s’agisse de difficulté financière conjoncturelle, de demande de médiation administrative, de demande de changement de cadre réglementaire ou législatif, les requêtes traitées par le Commissariat spécial relevaient presque toute d’urgence ou de complexité. «Nous avons traité 121 dossiers : 69% provenaient de l’ex Nord – Pas-de-Calais et 31% d’ex-Picardie» explique Philippe Vasseur, et à majorité pour des PME (46%) dans le secteur industriel (75%). 30% des problèmes rencontrés ont concerné le financement, 25% l’accompagnement et la médiation, 15% l’implantation ou la reprise, 12% la réglementation et la fiscalité et 11% les entreprises en difficulté. «Des entreprises ont frappé à notre porte. Tout n’a pas été réglé» regrette-t-il, citant notamment le cas de Tim à Quaëdypre et d’Arjowiggins à Wizernes.
Actions structurantes
Au-delà de cette mission de «tiers de confiance», le Commissariat spécial a fait émerger plusieurs actions, notamment la création d’un contrat unique d’implantation – une première dans la région – en lien avec Nord France Invest, les services de l’État et la Région. Son but ? Fixer les engagements des pouvoirs publics dans le cadre d’une implantation étrangère. Le premier contrat a d’ores et déjà été signé avec BYD, le constructeur automobile chinois qui prévoit de sortir ses premiers bus électriques à Beauvais en 2018. Un second contrat, dans le milieu du e-commerce, avec 100 emplois à la clé, pourrait voir aussi le jour d’après Philippe Vasseur. «Nous sommes en concurrence avec la Belgique. On espère que les efforts aboutiront.» Autres actions, la mise en place d’un fonds de consolidation (entre 15 et 20 millions d’euros) qui pourra intervenir au capital dans les structures en retournement ou en rebond, mais aussi la création d’une «Task Force PIA» (État, Région, CCI, Caisse des Dépôts et Consignations, ADEME et bpi) pour remédier à une sous-utilisation du PIA, notamment par les PME régionales. «On aurait pu prétendre à 4 milliards d’euros et on en a consommé qu’un seul» déplore Philippe Vasseur, qui garde en échec de cette mission une mauvaise convergence entre les différents territoires des Hauts-de-France : «Comment rayonner au plan international si on ne rayonne pas au niveau régional ? Sur les 25 bassins d’emplois les plus touchés par le chômage en France, 11 sont dans les Hauts-de-France et la quasi-totalité des bassins de l’Aisne sont dedans, sauf Château-Thierry. Notre devoir serait de faire travailler toute la France.»
«Il n’est pas impossible que l’an prochain, on lance dix projets structurants sur rev3»
En chantier
Le Commissariat a joué un rôle de développeur de filières existantes ou en émergence, à l’image du ferroviaire − pôle important en Hauts-de-France et notamment dans le Valenciennois − ou de la filière méthane, qui a «bien démarré» et dont l’objectif est ambitieux, comme cela a été évoqué lors de l’événement Méta’Morphose à Arras le 12 décembre dernier : «Faire des Hauts-de-France la première région du méthane». Deux dossiers seraient en cours, la décision d’un techno centre (formation, recherche et laboratoire) a récemment été prise, en lien avec la dynamique rev3. En témoigne également l’installation d’un centre d’impression 3D à Fourmies ou le lancement d’une filière d’éco-construction et d’éco-rénovation. Si cette mission de 18 mois a été enrichissante, Philippe Vasseur ne souhaite pour autant, pas reprendre le flambeau. «Je ne souhaite pas rempiler pour des tas de raisons. Il ne faut pas transformer une mission en fonction qui se fossilise. Mais il faut en préserver l’esprit. Cette mission, je l’ai rempli pendant 18 mois à titre bénévole. Cela m’a rendu d’autant plus libre.» Les dossiers en cours ne sont pour autant, pas perdus dans la nature et le suivi a été engagé avec les services de l’Etat ou de la Région. Nul doute que Philippe Vasseur a déjà d’autres projets, notamment en rapport avec rev3 : «Il n’est pas impossible que l’an prochain, on lance dix projets structurants et 10 territoires démonstrateurs sur lesquels on ira chercher des crédits européens. Je voudrais 10 grands projets démonstrateurs, dix territoires sur la base du volontariat.» L’appel est lancé !